25 avril 2006

Les p'tits mots magiques

- Et le p'tit mot magique ?
- Abracadabra !

(essaye encore...)
- Et le p'tit mot magique ?
-Euh, bonjour ?

(same player...)
-Et le p'tit mot magique ?
- Tout de suite !

Et puis, du côté des adultes :
- On reprend un café, t'as l'temps ?
- J'ai le temps si j'suis en retard - donc, j'ai le temps.

24 avril 2006

Au vol - journée d'étude

...avoir suffisamment assis sa compétence, pour accepter son incompétence (toujours présente, mais toujours relative), pour pouvoir accueillir, réellement, la compétence de l'autre.
...la solution, l'issue, la résolution ne sont ni chez le thérapeute ni chez celui qui le consulte - elle émerge, ne peut émerger, que de l'intersubjectivité.
...pas de permission sans protection, pas de protection sans que quelque chose soit proposé - renoncer à nos impasses, suppose l'ouverture de l'accès à d'autres issues.

Bulles d'oxygène

Vendredi soir, une bouffée d'air, retrouver un plaisir d'avant la naissance d'Elsa, traverser Paris en roller.
Au retour des enfants, une nuée de câlins, et quelques définitions enfantines et lapidaires : "Un Prince charmant, ça sert à danser", dit Elsa. A mettre en lien avec une citation lue je ne sais plus où dans la semaine, il y a bien des façons de faire l'amour à une femme, mais la plus belle c'est la danse... Et Léo, envieux : "Grand-Mère, elle est à la retraite. Et la retraite, c'est quand t'es en vacances pour toute la vie !".

20 avril 2006

Disneyworld

Dans le monde d'où je viens, les femmes enceintes ne dorment pas un soir sur deux dans les hôtels du Samu social, l'autre chez des hébergeurs douteux, ne se demandent pas avec quel argent elles vont acheter le strict nécessaire pour l'enfant à venir.
Dans le monde d'où je viens, l'honneur familial n'oblige pas les jeunes femmes à accoucher sous X puis à épouser un homme qu'elles n'ont pas choisi, ni à prendre une contraception en cachette pour ne pas tomber enceinte suite à des viols conjugaux répétés.
Dans le monde d'où je viens, les jeunes filles de 18 ans n'ont pas pour amants des hommes mûrs qui sortent de prison, et leur offrent dans la foulée IST diverses et le risque constant d'une grossesse non désirée.
Cela - pour la seule journée d'hier.
De mes allers-retours entre un monde et l'autre, je ne sors pas indemne.

19 avril 2006

Un ange passe

S. est une jeune maghrébine de 18 ans, verbe haut et débit saccadé, bijoux clinquants, maquillée comme une voiture volée - et le rimmel coule, parce qu'elle vient d'apprendre qu'elle est enceinte. Que s'est-il passé ? Elle a arrêté sa pilule... plus ou moins au moment où elle a commencé à avoir des rapports sexuels avec son nouvel amoureux, mais dans la plus parfaite inconscience... ou bien ?
Entre deux appels sur son portable, elle déballe sa vie comme on vide son sac - une vie de conflits et de violence, allers-retours foyer - famille, agressions, amours douloureuses - et puis elle se pose enfin, et arrive ceci : "Je vais devoir avorter, et ma grande soeur ma mère l'a perdue à la naissance" - mais sa phrase n'est pas si claire, au point que je lui demande de préciser, si cette soeur est décédée au moment de sa naissance à elle, ou bien s'il s'agissait d'un bébé mort-né, ce qui s'avère être le cas.
Elle s'est donc trouvée en position d'aînée de substitution, d'enfant de remplacement, d'elle-même elle parle de "bébé-fétiche" à propos de la place qui lui a été assignée. Et je me demande à part moi, ce bébé qui ne naîtra pas, de qui s'agit-il ? D'elle-même définitivement coupable de n'être (naître ?) pas le bébé perdu, ni l'aînée parfaite, de ce fantôme qu'il s'agirait de faire disparaître enfin une bonne fois pour toutes, ou d'une conjuration du mauvais sort - si ce bébé-là disparaît, peut-être l'accès à la maternité, le moment venu, pourra-t-il se faire sans effroi excessif - parce que le tribut à l'histoire maternelle aura été payé ?

18 avril 2006

Avec tant d'amour

Coucou !

Des nouvelles de Mademoiselle Zaza pour le week-end de Pâques à M.

Très grande sagesse de Zaza lors de la messe à C. qui a duré plus d'une heure en raison d'un baptême au milieu de l'office. (J'ai trouvé formidable ce baptême au milieu du c(h)oeur, et où le prêtre expliquait tous les gestes).

Zaza, au premier rang, regardait ce qu'il se passait, et à notre grand étonnement, elle a été intéressée et très, très sage. De temps en temps, elle agitait son petit livret de messe aux prêtres ! (On avait pris aussi papier, crayons et livres)

On a eu droit aux félicitations de plusieurs personnes, alors je vous les envoie.

Les oeufs de Pâques de la Mairie (plus les nôtres dans le jardin) ont eu lieu lundi à 11 h. devant notre maison, et tous, nous cherchions les sacs d'oeufs, de lapins, etc... Ensuite, le maire a fait le partage, et depuis, Bizzou et moi, dégustons le trop plein de chocolat !

Zaza avait son panier plein d'oeufs ; ce qui l'intéresse, ce n'est pas de les manger mais....de les promener à vélo ! La casse d'oeufs est grande, et comme elle ne les mange pas, ce n'est pas perdu pour tout le monde !

Promenades inévitables aux poules avec du pain (nous n'avons plus de grains), et trois fois la promenade à la fontaine-lavoir ! (Pourquoi on lave le linge, là ?)

Ensuite, regarder les papillons ; aussitôt rentrée de la promenade, elle a dessiné les chenilles devenues papillons ; il faut dire que les couleurs de ces petites bêtes étaient magnifiques.

Tous les jours, Zaza s'amuse dehors, et quelquefois, c'est délicat pour la faire rentrer à l'intérieur !

Je crie "A table" et alors tout se passe très bien !

Et voilà, gros bisous à vous deux de nous trois.

La morale de l'histoire


... Y en a pas. Dans la même journée, Jules et Jim puis Nos plus belles années, et une conclusion qui s'impose : c'est toujours des grandes emmerdeuses, dont on tombe amoureux.
PS : Le lendemain, ai revu La Fleur de mon Secret. Et je confirme.

16 avril 2006

Notes de lecture

"Une petite quantité d'enfance - affamée de complicité, joyeuse, vite effrayée - circule dans toute relation avec l'autre. Elle fait de l'être avec des significations... on peut cesser d'exister faute d'avoir été écouté."
Max Dorra, Heidegger, Primo Levi et le sequoia
"Je suis mort parce que je n'ai pas le désir. Je n'ai pas le désir parce que je crois posséder. Je crois posséder parce que je n'essaie pas de donner. Essayant de donner, on voit qu'on n'a rien. Voyant qu'on n'a rien, on essaie de se donner. Essayant de se donner, on voit qu'on n'est rien. Voyant qu'on n'est rien, on désire devenir. Désirant devenir, on vit."
René Daumal, Poèmes

13 avril 2006

Instantanés

Un couple d'adolescents descend le même tobbogan dans l'aire de jeu du Luxembourg, Elsa et Léo tournent à perdre haleine dans un coquelicot rouge.
A son téléphone portable dans la rue, un homme dit, "Mais non, des parallèles, c'est quand ça va dans la même direction !"
Nous avons construit des dragons à cinq têtes au Museum d'Histoire Naturelle, pris un thé à la menthe à la grande Mosquée, et Elsa a fait six tours de manège sous le regard attendri et lointain à la fois de son arrière grand-mère. Pourquoi il est parti Papi ? Je ne sais pas, Elsa. Parce qu'il avait fini de vivre ?
Dans le 13 ème arrondissement, un français dit à une touriste japonaise : "You can tell your friends you've seen the french Mac Donald's on Place d'Italie !".
Au cinéma, Elsa fait un gymkhana entre les fauteuils pendant l'Age de Glace 2.
Sur une scène ronde, le chagrin d'un petit garçon et un échiquier de papier permettent d'évoquer les naissances du monde et l'invitation au voyage sur une rivière d'encre, la découverte des pays "qui sont plus grands que le plus grand pays du monde, plus grands que les océans, plus grands que la Terre" - ceux de nos voyages intérieurs.

Abandonnique

La Promise : Alors ?
L'Autre : Alors quoi ?
La Promise : Est-ce que tu t'en iras ?
L'Autre : On va pas commencer par la fin.
Philippe Dorin, Ils se marièrent et eurent beaucoup
(et autres merveilles ; c'est l'écrivain du Monde, point à la ligne - voir fin du post Instantanés)

08 avril 2006

Pré-délinquante ?

CP : L. vit dans son monde intérieur.
CP encore : Pourrait participer davantage mais s'amuse souvent avec un objet futile.
CE2 : Excellent travail, mais quelle rêveuse !
CE2 encore : L. est une artiste. Si elle voulait...
CM1 : Je voudrais que L. comprenne qu'elle doit travailler dans toutes les matières, y compris celles qui ne lui plaisent pas. (...) Travailler en dilettante ne pourra suffire dans les années à venir.
CM1 encore : Ne tient aucun compte des remarques qui peuvent lui être faites. Je ne suis pas contre une certaine fantaisie, mais il y a des limites à ne pas dépasser.
Eh bien, heureusement que je ne suis plus à l'école primaire...
Parents de futurs délinquants ? Faites signer...

07 avril 2006

Scriptomane

Cette semaine, des questions sur les liens entre la vie et l'écriture - de l'écriture comme moyen de retenir la vie, ne pas laisser s'envoler, ne pas laisser tomber dans l'oubli, au danger d'instrumentaliser la vie pour nourrir l'écriture - une démarche de touriste japonais, l'oeil rivé à la caméra, aveugle de trop avoir cherché le meilleur point de vue. Le risque serait de ne plus rien voir de ce qui est hors champ.
Et puis une phrase ce matin - elle a laissé tomber son blog, parce qu'elle n'en avait plus besoin. Flash - oui, c'est un besoin - après deux ans et demi, on pourrait même dire, c'est un symptôme !
Ce soir je me sens sereine et vidée à la fois, une semaine trop dense pour la mettre en mots (l'aligner ?) - pêle-mêle, un massage surprenant, une histoire de vie qui se dessine de rencontre en rencontre, une journée de vacance(s) au soleil, une (trans)formation, et deux ou trois phrases qui en émergent - "Transformer la plainte en demande" ; "Le CCF s'adresse à toute personne (...) qui souffre dans son lien à l'autre, présent à son côté ou non." ; "Si la sage-femme aide le passage à travers le corps, la CCF, elle, aide le passage symbolique vers la fonction maternelle. Ce n'est plus le corps le support de la naissance, c'est la parole. La CCF peut être, en maternité, le passeur entre l'espace du corps et un espace qui se crée pour une parole à apprivoiser."

Liens

Le lien n'est pas une chaîne, ni un leurre, ni un piège.
Le lien n'est pas une ficelle de marionnettiste, le prétexte à une manipulation.
Le lien n'est pas un titre de propriété, ni un renoncement à soi.
Le lien ne peut pas être à sens unique - ou il n'est pas un lien.

Le lien est une source de risque pour ceux qui ont accepté de se lier - celui de donner et de recevoir, celui de voir le lien s'effilocher ou se transformer, celui de la blessure, de la trahison ou de la rupture.

Le lien est une source de danger - celui d'être transformé par la rencontre, débouté de ses certitudes, plus ou moins durablement désorienté.

Le lien est une source de plaisir - une confirmation d'existence réciproque, tendresse, présence, confiance.

Le lien est une source de vie - là où je sens mon coeur battre, c'est là où la vie en moi rencontre la vie en l'autre, unique, irréductiblement différente, définitivement insaisissable.

03 avril 2006

La Cabane Magique

Avec Léo, j'ai commencé une série pour les lecteurs en herbe, tous les soirs, nous retrouvons Tom et Léa - dans la vallée des dinosaures, avec un mystérieux chevalier noir, etc, etc.
Une page toi, une page moi, une phrase toi, une phrase moi, Léo lit sans s'en rendre compte, et moi ce dont je me rends compte ce sont ses incroyables progrès - l'intonation qui montre la compréhension de la ponctuation, les liaisons bien-z'à-propos, tout ce qui montre l'intégration d'un code complexe - et la porte qui s'ouvre vers un univers inépuisable.
Ce soir en l'écoutant je pensais, un jour il lira le Petit Prince, Le lion de Kessel, le Comte de Monte-Cristo...
Ce soir en l'écoutant je pensais à mon grand-père lisant à voix haute pour moi, peut-être parce que la lecture à la fois soigneuse et hésitante de Léo m'évoquait cette voix d'homme âgé - d'une génération à l'autre, l'idée d'un amour entre les lignes.

Eclats de rire

pfououououououu
sur le petit ventre rond de la Zaza
que je mets en pyjama
éclats de rire
arrête !
pfouououououuuuu
éclats de rire
recontinue !
pfououououououuu
encore !
éclats de rire
et
ainsi
de suite
...

01 avril 2006

Papivore

Suis comme une môme devant l'arbre de Noël, parce qu'en arrivant à la maison je trouve ma dernière commande de livres - momentanément, avoir devant moi plus de pages que je ne pourrai lire dans les semaines / mois qui viennent !
Je commence par le Nouveau Magasin d'Ecriture - merci Antoine ;-)), plaisir au carré, un livre sur le plaisir d'écrire... au vol dans les premières pages : "Se mettre en confiance et prendre comme des ressources inespérées le non-savoir, la maladresse, l'inavouable. L'imaginaire étant la chose du monde la plus partagée, ne plus jamais se diminuer, ni faire usage de termes d'incapacité : les blocages sont des noeuds d'imaginaire."
Hubert Haddad, Le Nouveau Magasin d'Ecriture

Satisfecit

Après trois journées d'animation de formation, deux stagiaires qui ont en commun d'avoir derrière elles de nombreux autres stages reconnaissent, l'une la qualité de l'espace d'échange ouvert, l'autre les apports théoriques passés sans avoir l'air d'y toucher - dans une constante construction commune. Auto-satisfaction ? Non, parce que la perfectionniste à l'intérieur me souffle, peut mieux faire - gratitude plutôt, et si - parce que ces deux dimensions, étaient précisément celles que je souhaitais mettre en oeuvre. Gratitude aussi, parce que je m'enrichis également de ces regards croisés - rapide calcul : un groupe de dix, c'est entre 100 et 150 ans d'expérience à partager.