28 septembre 2006

Ecole buissonnière

13h30, une longue après-midi de conférences sur la prévention des violences sexistes, l'IVG médicamenteuse en ville, le dépistage des chlamydiae et la nouvelle loi sur les mariages forcés m'attend. 13h30, je suis sur les quais du Canal de L'Ourcq - en terrasse - à deux pas du Mk2. Que voulez-vous que je fisse ? A 13h35, j'étais devant Little Miss Sunshine, euphorisant. Et à 15h40 - de retour au soleil - le I-Pod vissé sur les oreilles. Et voilà de quoi être d'excellente humeur quelques jours.

21 septembre 2006

Chat Pitre

Le Chat Pitre, c'est la librairie pour enfants en bas de chez nous. Le Chat Pitre, c'est une institution locale - au yeux des enfants c'est LA librairie - au point qu’Elsa, en passant devant une anonyme librairie cette semaine, se soit écriée, Maman, on va dans ce Chat Pitre ?
Et Mme Chat Pitre - Laurence, pour les habitués, c'est la seule libraire au monde qui prête les livres qu'elle aime et / ou qu'elle n'a pas encore eu le temps de lire - une utopie en marche, où la vie passe avant le commerce, ce qu'elle insuffle aussi dans le quartier avec des ateliers, des signatures, une collaboration avec le théâtre tout proche.
Voilà - si je n'avais pas fait psy (voir post précédent) j'aurais bien fait libraire-comme-au-Chat Pitre je crois. Ou écrivain. ;-)

I’m lovin’it

Non, ce n’est pas l’accroche de chez Mac Do – enfin si, mais surtout, c’est le ressenti croissant de ceci – en entretien, en stage, en formation, en animation de groupes, dans chaque espace d’échange réel – je suis à ma place – et je n’en voudrais pas d’autre. Ce n’est pas le fait d’arriver comme Zorro – ça ne marche que dans les films (le travail social se résumant trop souvent à faire avec ce qui nous manque) – ou comme la cavalerie – toujours trop tard – c’est un émerveillement renouvelé devant l’humain quand il touche à l’essentiel – la vie, la mort, le désir, la filiation.

C’est la rencontre chaque fois unique, la surprise réitérée devant les incroyables vitalité – créativité – vulnérabilité – humaines, l’émotion devant le masque qui tombe, la confiance qui s’installe, les mots enfin prononcés et ce qu’ils engendrent – ce qui glisse alors des épaules, les visages qui s’éclairent, la tendresse qui circule, l’énergie donnée et reçue dans le même mouvement. Pas toujours – pas tout le temps – avec une immense humilité quant à ce qu’il adviendra de ces croisées de chemins – mais, dans l’instant – tout.

18 septembre 2006

Petite peste

Za, un brin chouineuse : - Si tu ne me donnes pas le jus de fruits je vais PLEURER.
Lu, imperturbable : - Ben c'est bien, pleure.
Za, qui hausse le ton - Mais je vais pleurer TRES FORT !
Lu, stoïque : - Oui, et alors ? Ca ne change rien ?!!!
Za, crescendo : - Mais je vais vous CASSER LES OREILLES !

Dans le même ordre d'idées, une autre fois :
- Mais, ça a marché déjà avec nous la comédie ?
- Ben non... (elle ne se souvient pas mais, chut !)
- Et avec Mamie, ça marche ?
- Ben, oui !

15 septembre 2006

Ecarter les nuages

Hier, j'ai appris que nous autres humains étions comparables aux arbres - les racines dans le sol, et un mouvement vers le ciel - un mouvement qui devrait aller s'allégeant, mais que nos façons de vivre contrarient - trop de poids dans la tête et les épaules, si peu de contact avec la Terre. Hier j'ai nagé dans l'air, ressenti l'énergie qui se déplace, ouvre, réchauffe. Hier, j'ai écarté doucement les nuages.

09 septembre 2006

Les roses de Picardie

Une boîte à musique trop ancienne, qui égrenne une mélodie que plus personne n'a le coeur d'écouter encore... les feuillets jaunis d'un orgue de Barbarie dont les notes imperceptiblement ralentissent, jusqu'à la dernière. Cette mélodie qui me serre le coeur, c'est la voix de ma grand-mère, qui dévide sans fin la même plainte usée, les mêmes histoires désincarnées qui viennent témoigner de la faillite progressive de la mémoire, du corps qui trahit, du rétrécissement de l'espace, de la vue qui se brouille au sens propre comme au sens figuré.
Elle a ce qu'il est convenu d'appeler une belle vieillesse... une dame âgée mais autonome, sensée, soignée, à l'abri de tout souci matériel et épargnée par les handicaps du grand âge. Elle a ce qu'il est convenu d'appeler une belle vieillesse - mais je guette l'instant toujours plus rare d'un vrai regard, d'un sourire franc, d'une parole habitée - mais j'entends la mélodie qui s'éloigne, comme une absence avant l'absence.

08 septembre 2006

Répétition

Que les humains inconsciemment répétent, cherchant aveuglément à sortir des rails invisibles qui guident leurs existences - que ces répétitions se transmettent en silence d'une génération à l'autre - qu'elles comportent toujours une part d'espoir, celle d'une transformation - que cet espoir soit toujours déçu, parce qu'inévitablement placé là où seul l'échec était possible - je l'ai appris, je le sais.
Mais - deviner la répétition à l'oeuvre dans le silence impuissant d'un premier entretien, puis la voir se découvrir dans un second - et la voir nommée à travers deux destins de femmes où mère et fille auront rencontré au même âge les mêmes douleurs - être témoin de l'instant de la prise de conscience - de la colère, du chagrin, de la culpabilité de n'avoir pas pu empêcher, pas su voir - de l'amour réciproque et pourtant impuissant - et pouvoir à cet instant précis tisser entre elles un lien de parole qui donne sens - est définitivement un privilège.

07 septembre 2006

Sales mômes

- Qu'est-ce que tu as fait ma Zaza aujourd'hui à l'école ?
- Des âneries !

Léo est concentré sur son carnet de Sudoku.
-Tu viens prendre ta douche mon chéri ?
- Tu veux pas amener la douche ici plutôt ?

Hé bien, voilà une année prometteuse...

05 septembre 2006

Voyageuse

Pendant trois années ininterrompues, elle n'eut d'autre préoccupation que celle de voyager continuellement, de découvrir des choses hors du commun dans des lieux hors du commun, de s'étudier elle-même à travers le texte annoté de géographies étrangères. Plus tard, elle reconnut avoir voulu se constituer une bibliothèque de souvenirs chatoyants pour ses vieux jours qu'elle sentait proches. Elle voyagea donc pour connaître l'étonnement, pour devenir une femme autre que ce à quoi la destinait sa naissance. (...) A force de vagabondages, Tolitha découvrit qu'il y avait des choses à apprendre sur les extrêmes et les tangentes.
Pat Conroy, Le prince des marées

04 septembre 2006

Enfants indignes

Cette année, seuls les parents de CP sont autorisés à rentrer dans les classes ; sur le seuil de l'école, Léo nous envoie un rapide baiser du bout des doigts - un câlin ? une photo avec Elsa ? - pas le temps, il a filé retrouver les copains, des billes plein les poches.
Elsa fait sa première rentrée à la maternelle - le temps de s'approprier la classe, ici le coin bibliothèque, là les puzzles, ici la pâte à modeler, et voilà les casiers à doudous - au revoir papa au revoir maman - et ce sont les parents qui se retrouvent tout penauds et la larme à l'oeil devant les écoles - sommes allés noyer notre émotion dans le premier p'tit noir au comptoir de l'année (et autour d'un flipper avec d'autres parents abandonnés :-))).