30 novembre 2006

Trop polie

- C'est quoi un gros mot Elsa ?
- Un gros mot c'est quelque chose qu'on dit pas !

L'oeuvre de l'un, la part de l'autre

Convergence - une journée de psychodrame, une semaine de formation autour de l'entretien de couple, et des interrogations personnelles en avalanche sur la place de l'un, la place de l'autre, la place professionnelle, la place dans le couple - une vraie semaine de chaises musicales : un petit air et hop, changer de chaise, encore et encore, tous ces jours.
Des notes au vol - psychodrame, formation, échanges de groupe.
Dans ce que j'adresse à l'autre, en particulier à l'autre amoureux, le risque toujours d'une demande de ce que je ne peux trouver qu'en moi - une demande qui peut être si avide qu'elle pousserait l'autre au désespoir de ne pas pouvoir y répondre, ne laisserait pas la place à l'avènement d'une relation.
"Ce n'est pas un choix, c'est une liberté illusoire. C'est la réponse à une question trop ancienne, la trace lumineuse d'une étoile qui n'est plus, ne sera plus. Des blessures gigognes, dont la guérison ne peut être qu'intérieure..."
"Ils repartent avec ça" - mais ils sont venus avec, aussi... relativiser !
Ce que nous pensons, jugeons inacceptable, l'autre sera empêché de le formuler. Et l'inacceptable, ne se confond pas avec l'inhumain - peut-être avec, le trop humain - celui que nous ne saurions, reconnaître en nous..
"L'authenticité" serait-elle parfois prétexte à faire à l'autre ce que nous aurions aimé - ou non... - qu'on nous fasse - sans nécessairement nous être souciés de son désir à lui ?
Une question intérieure toujours - à qui est-ce que je m'identifie ? A l'un, à l'autre, à l'absent(e) - suis-je encore avec celui, celle, que j'accueille ?
"Quand on me dit - j'y arriverai pas - je demande toujours : où ça ?"

25 novembre 2006

24 novembre 2006

Demandez l'programme

Les 10 commandements du Clown

I. Tout va bien.
II. Pour trouver la liberté, tu chercheras la contrainte.
III. Tu seras toujours dans le présent et tu arriveras toujours à l'heure.
IV. Tu ne seras sûr de rien, mais tu ne douteras jamais.
V. Tu diras toujours oui, même quand tu diras non.
VI. Tu vivras sans protections, avec tes résistances.
VII. Tu seras toujours détendu, vif et élégant.
VIII. Tu chercheras le petit pour trouver le grand.
IX. Tu iras toujours jusqu'au bout.
X. Tu jubileras de tout.

Célébration

Avant - pour la première année, pas l'énergie d'organiser quoi sur ce soit - un temps de novembre un peu, pas forcément gris mais une humeur plutôt à se tapir au chaud sous la couette...

Le jour J, une longue tablée inattendue et chaleureuse, avec les rencontres improbables et les retrouvailles qui font partie de l'indéniable charme de ces moments, des cadeaux à vivre qui allument des petites étoiles dans les yeux, avant d'aller les contempler sur la mer ou... sur la piste... ;-)

Aujourd'hui, malgré la fatigue, une énergie radieuse, un deuxième temps cadeau, celui de savourer - la tendresse reçue, les petites attentions sur mesure, et la joie de me sentir en lien - en liens. Aujourd'hui il y a de la lumière douce, Marilyn qui fredonne, le chat en rond sur mes genoux tandis que j'écris - et une réserve de bonheur dans laquelle puiser.

18 novembre 2006

Permanence de l'objet

Zaza dit, "C'est pas grave que je m'en vais parce que tu sais que je suis là." Si seulement on m'avait dit ça avant, j'aurais peut-être gagné quelques années de divan ?!? :-))))

13 novembre 2006

Copyright

Elle dit Samia, une rencontre, une vraie rencontre, c’est celle qui ne se laisse pas définir, arrêter dans une case, mais celle dont nous pourrons dire un jour, qu’elle nous a redéfinis.

Elle dit Samia, un miracle, c’est être là où nous n’avions jamais été capables d’être – faire ce que nous ne nous imaginions pas capables de faire.

Elle dit Samia, un miracle, c’est cesser d’anticiper pour laisser advenir, se laisser surprendre – cesser d’aller là où nous sommes censés nous trouver, dans les émotions que nous sommes censés éprouver, là où l’on s’attend soi-même et se précède sans cesse. Peut-être les occasions de miracles sont-elles bien plus nombreuses que nous le croyons, mais que nous n’en finissons pas de passer à côté.

Elle a dit d'autres choses encore, toujours dans cette parole aimante, inspirée qui la caractérise - et moi je me réjouis, de cette rencontre - un fil qui s'étire et puis rassemble, un lien qui ne se perd pas.

12 novembre 2006

Poésie pure

10 novembre 2006

A suivre

Elle a seize ans – il y a trois mois elle était déçue de n’être pas enceinte, aujourd’hui elle l’est – pas de son amoureux actuel, mais la valse est rapide - et elle est heureuse. Elle dit, personne n’a jamais pris soin de moi, et moi j’ai envie de prendre soin de quelqu’un, pour qui je serai importante en retour… Compter enfin sur cet autre-là (voir : Si près), sur cet autre soi (voir : Vanessa) – à une question sur le père de l’enfant, elle répond rêveusement, «Je me demande ce que ça fait, de dire Papa…».

Comme la plupart des jeunes filles que je rencontre, elle est vaguement inscrite dans un cursus scolaire sans issue, dans une famille désarticulée, dans des malentendus amoureux perpétuels – et certainement inscrite, dans une infinie solitude. Son besoin est légitime, d’un peu de chaleur et de vie, de compter enfin pour et sur quelqu’un – et qui suis-je pour juger du moyen ? Parce que le délai nous le permettait encore, j’ai décrété l’urgence d’attendre – de se donner le temps de penser, et de rêver, avant d’entrer dans quelque réel que ce soit.

Ce qui me touche en elle – peut-être la lucidité impuissante avec laquelle elle peut nommer ce qui lui advient – peut-être le fait que nous la suivions depuis deux ans, avec la sensation de ce passage inéluctable à venir – comme si ce passage par le corps était nécessaire, quoi qu’elle décide – peut-être parce que j'ai rarement senti aussi fort l’enjeu vital pour l’enfant en elle, celui qu’elle porte et celui qu’elle est encore.

Qu’elle interrompe sa grossesse ou la poursuive, j’ai le sentiment que l’enjeu est identique : que l’événement à venir ne soit pas une nouvelle blessure, mais l’occasion de traverser quelque chose, un chemin d’où sortir grandie.

08 novembre 2006

Si près

Elle a dix-huit ans, un treillis, un t-shirt moulant, et un visage d’ange. Elle est la deuxième d’une fratrie de sept, bien connue des services sociaux et judiciaires… L’année passée, son premier amour est parti en prison, lui laissant en cadeau d’adieu une grossesse qui s’est soldée par une première IVG. Aujourd’hui, elle revient pour un retard de règles.

La routine, au Centre. Mais ce qui est plus rare, c’est la possibilité de pouvoir passer ensemble progressivement des résultats du test – provisoirement négatif – aux raisons de la contraception hasardeuse, et de la contraception hasardeuse à sa vie relationnelle – l’impossibilité pour elle de vivre sans un autre qui l’étaye, quand bien même elle le maltraite et le rembarre – sa façon de sauter de chagrin en chagrin, l’un consolant de l’autre jusqu’à ce qu’elle s’attache (classiquement, quand l’autre se lasse d’être malmené) et souffre à son tour…

Dans l’entretien, nous passons des freins à la contraception aux traces de la première IVG, de l’envie affleurant d’avoir un enfant qui serait peut-être cet autre étayant - plus maîtrisable que ces garçons toujours décevants - à son incapacité de s'imaginer seule. En fil rouge, et malgré le côté volubile et rieur de la demoiselle, un parcours dans lequel elle s’expose et se malmène toujours elle-même, en fin de compte...
Ce qui me touche, c'est de la sentir si près de la possibilité d'entendre quelque chose à ce qu'elle vit néanmoins comme une fatalité - si près de l'ouverture d'une possibilité de décider d'une autre vie pour elle-même - et de n'avoir que les moyens de ce cadre. Un unique entretien peut-être, un autre encore, à la prochaine inquiétude, peut-être quelques rencontres - presque rien, ou déjà beaucoup - comment savoir ?

06 novembre 2006

Fêlés

Dans ma boîte mail ce jour ;-) :

Une vieille dame chinoise possédait deux grands pots, chacun suspendu au bout d'une perche qu'elle transportait, appuyée derrière son cou. Un des pots était fêlé, alors que l'autre pot était en parfait état et rapportait toujours sa pleine ration d'eau. À la fin de la longue marche du ruisseau vers la maison, le pot fêlé lui n'était plus qu'à moitié rempli d'eau.

Tout ceci se déroula quotidiennement pendant deux années complètes, alors que la vieille dame ne rapportait chez elle qu'un pot et demi d'eau. Bien sûr, le pot intact était très fier de ses accomplissements. Mais le pauvre pot fêlé lui avait honte de ses propres imperfections, et se sentait triste, car il ne pouvait faire que la moitié du travail pour lequel il avait été créé.

Après deux années de ce qu'il percevait comme un échec, il s'adressa un jour à la vieille dame, alors qu'ils étaient près du ruisseau. « J'ai honte de moi-même, parce que la fêlure sur mon côté laisse l'eau s'échapper tout le long du chemin lors du retour vers la maison ». La vieille dame sourit : « As-tu remarqué qu'il y a des fleurs sur ton côté du chemin, et qu'il n'y en a pas de l'autre côté ? J'ai toujours su à propos de ta fêlure, donc j'ai semé des graines de fleurs de ton côté du chemin, et chaque jour, lors du retour à la maison, tu les arrosais. Pendant deux ans, j'ai pu ainsi cueillir de superbes fleurs pour décorer la table. Sans toi, étant simplement tel que tu es, il n'aurait pu y avoir cette beauté pour agrémenter la nature et la maison. »

Chacun de nous, avons nos propres manques, nos propres fêlures. Mais ce sont chacune de ces craquelures et chacun de ces manques qui rendent nos vies ensemble si intéressantes et enrichissantes à trouver ce qu'ils ont de bon en eux. Rappelez-vous de prendre le temps de sentir les fleurs qui poussent sur votre côté du chemin !

Dans le même ordre d'idées, sur une ardoise de bistrot, il y a quelques années : Bienheureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière.

03 novembre 2006

Luxe, calme et volupté

Une journée entière, dans la maison sans autre présence que le chat qui vient ronronner sous la couette et mordiller les pages du gros pavé que j'ai enfin le temps de lire d'une traite, une journée entière à rêvasser, prendre un long bain, faire la sieste, travailler un peu mais sans la pression des devoirs-douches-dîners, une journée entière à contempler le désordre avec un sourire et l'idée que ce n'est pas encore aujourd'hui que l'appartement sera rangé, une journée entière avec un beau soleil aux fenêtres et la chaleur douillette qui règne ici, une journée entière à papoter un peu au téléphone, répondre à des mails en souffrance depuis longtemps, et le soir sur un coup de tête partir au théâtre dans un univers loufoque et tendre, celui de Jean-Claude Vanier dans L'envol du Pingouin. Hier le somptueux Lady Chatterley de Pascale Ferran, ce matin la voix cristalline de Michèle Bernard - tout à l'heure retrouver, ressourcée, le Chaboudo et la Feu-Follette.
...quelques heures plus tard, Elsa me saute dans les bras : "Tu sais que je t'ai manqué ?!?"