30 mai 2007

La Care Box dort...

...l'écriture s'en va ailleurs. Lettres, journal, écrits cliniques, mémoire en préparation... Quelquefois je lève la tête, attrape au vol un instant - une marche sur la plage à la nuit tombante, à fredonner Aznavour, un thé invisible improvisé dans une voiture, un stage en maternité longtemps attendu, une matinée tous les quatre à la ludothèque, la cascade des Buttes-Chaumont, une après-midi d'entretiens dont je sors épuisée mais heureuse, un nouveau-né endormi, Les chansons d'amour, film funambule... la vie est là, mais je suis ailleurs !

Et puis la vie, elle ne passe pas comme tu imagines. Elle va son chemin. Et toi le tien. Et ce n’est pas le même chemin. Alors... ce n’est pas que je voulais être heureuse, non. Je voulais... me sauver de tout ça, voilà : me sauver. Mais j’ai compris tard de quel côté il fallait aller. On croit que c’est autre chose qui sauve les gens : le devoir, l’honnêteté, être bon, être juste. Non. Ce sont les désirs qui sauvent. Ils sont la seule chose vraie. Si tu marches avec eux, tu seras sauvée. Mais je l’ai compris trop tard.

Si tu laisses le temps à la vie, elle tourne d’une drôle de manière, inexorable : et tu t’aperçois que là où tu en es maintenant, tu ne peux pas désirer quelque chose sans te faire du mal. C’est là que tout se complique, il n’y a aucun moyen de s’échapper, plus tu t’agites, plus le filet s’emmêle, plus tu te rebelles et plus tu te blesses. On ne s’en sort plus. Quand il était trop tard, c’est là que j’ai commencé à désirer. De toute la force que j’avais. Je me suis fait tant de mal, tu ne peux même pas imaginer.

Alessandro Baricco

16 mai 2007

Poésie pure

Fait découvrir ce soir aux enfants Le ballon rouge et Crin-Blanc - que j'avais vus à l'âge de Léo, et dont je me souvenais étonnament bien. Ce que je n'avais pas observé alors, c'est à quel point les deux récits sont structurés sur le même modèle - la pureté de l'enfance, ou de l'animal, face à la violence du monde - et la fuite, l'évasion - dans Crin-Blanc, peut-être la mort - comme seule issue possible... Quasi-absence de dialogues, dramaturgie minimale - et langage universel - Léo comme Elsa ont parfaitement suivi l'une et l'autre histoire - et aimé les deux.

Etre parent ?

Quand l'âge, l'état de santé, la situation familiale et professionnelle, mais surtout l'histoire passée, et les circonstances de la grossesse rendent la décision d'interruption inévitable - autant qu'intolérable - justement parce que - l'âge, l'état de santé, etc, etc... que dire face à ce chagrin-là ?

Ce qui m'est venu - ce qui s'est imposé à moi, c'est que peut-être, cette décision d'interruption serait sa manière à elle - la seule possible, à cause d'impératifs internes autant qu'externes, d'être parent. Que dire, je ne prendrai pas le risque de faire naître un enfant dans ce contexte, je ne prendrai pas le risque que l'histoire se répète, quels que soient mon désir et ma peine, parce que cette grossesse inattendue est celle de la dernière chance - c'était déjà agir en mère, que dans ce temps et cet espace, cette décision encore suspendue à un fil - elle était - mère.

14 mai 2007

Germination

L'humeur change avec la météo - la pluie m'assombrit mais un rayon de soleil suffit à me rendre le coeur léger - et je grandis grâce à ce qui me vient des profondeurs - sur lesquelles je n'ai pas de prise - et à ce qui me vient du ciel. Dans mes racines et dans mes branches, il y a un monde - il y a du monde ! En ce moment on peut y voir, un terrible bébé, un Saint-Bernard indécrottable, un moineau un peu effaré, une girouette et deux boussoles, quelques sachets de graines pour préparer les semailles, et - certainement - un raton-laveur.

09 mai 2007

Smallworld

Un enfant d'amis fait admirer ses poissons rouges à Léo et Elsa : Avant, il y en avait quatre, mais il y en a un qui est parti au ciel. Léo : Ah bon, c'était un poisson volant ?

Nous plaisantons avec les enfants sur le fait que ce n'est pas toujours drôle d'être petit. Elsa, indignée : ah oui, c'est pas drôle d'être enfermée avec des parents dans une maison pendant 6 (?) ans !!!

J'aide Elsa à finir son dessert : Une cuillérée pour Chamade, une cuillérée pour Léo, etc... Je suis à court d'inspiration, quand elle me souffle : une cuillérée pour Ségolène ?

Grand-mère vient d'être opérée du genou. Impressionné par la taille du pansement, le petit voisin compatit : Tu as dû beaucoup pleurer ?!?

C'est le soir de l'anniversaire de Zaza, nous lui faisons un grand câlin à quatre mains au lit. Elle déclare : Papa, maman, j'ai un cadeau pour vous... c'est moi !!!

07 mai 2007

Tout petit monde

C'est un tout petit monde où s'abritent nos saisons
Petite boule ronde sous les ailes d'un avion
Et partout des gens qui dansent pour oublier un instant
La nuit et le silence et les peines du présent
C'est un tout petit monde l'eau le soleil et le sel
Les naissances et les tombes et l'essentiel et le ciel
Partout la même prière d'une mère qui attend
Que baisse la fièvre dans les mêmes yeux d'enfant
C'est un tout petit monde fragile au creux de nos mains
Balançant ses secondes entre tellement et rien...

Jean-Jacques Goldman

Ben qu'est-ce qui me prend ce soir - je ne suis pas toujours si sentimentale (quoi que...) - ni si littéraire ;-))) ? Je ne sais pas - mais c'est ça que je sens, et je me sens ça - vivante et vulnérable.

06 mai 2007

Consigne de vote

Sur une affiche de Sarko, une main anonyme a griffonné : Sans lui, tout devient paisible. Et, sur la liste des bureaux de vote - Où voter dans le 13ème ? une autre a ajouté : A gauche !