30 avril 2007

Voulez-vous danser Grand-Mère ?

Il y a cinquante ans, un accordéoniste renommé était en tournée dans une petite ville de province. Il demanda alors, où se trouvait la plus modeste des noces fêtées ce soir-là, et leur offrit une soirée de danse encore gravée dans leurs coeurs aujourd'hui.

C'est ce que nous contaient mes beaux-parents, attablés avec famille et amis pour leurs noces d'or, quand retentirent les premières notes de La Java Bleue... surprise que nous leur avions réservée. Emotion, larmes de joie, l'espace d'un instant nous étions hors du temps... Et nous avons dansé - rejoints par les tables voisines ! - au son joyeux et mélancolique de l'accordéon.

(Dans la boîte à trésors aussi, la valse de notre mariage, surprise dans la surprise préparée par un mari attentif puisque notre propre anniversaire de mariage n'est que dans quelques jours...)

21 avril 2007

Présidentielle

J'ai peur j'ai la trouille j'ai les foies j'ai les boules la pétoche
La liste est trop longue on nous bousille le monde tout y cloche
Pourrie l'atmosphère plus d'été plus d'hiver marée noire
Barbus enragés princes avides de pétrodollars

Mais où est donc le capitaine du navire
Les moussaillons boivent le bouillon ça tourne ça vire
Personne ne sait plus naviguer
Tous nos filets sont emmêlés
Et les p'tits poissons font la gueule
Les voilà prêts à s'accrocher
A l'oeil de verre et au délire
Du premier capitaine Crochet
Qui pue la haine et la friture
Y a pas à dire

Les temps sont durs

Quand ça pisse le sang j'essuie mon p'tit écran plein d'barbaque
Quand ça crève de faim je flippe et j'y peux rien faut qu'je zappe
Les p'tits à fond d'cale il paraît qu'c'est un mal planétaire
Dans tous les bateaux tout l'monde fait pas dodo en première


Moi je fais l'gros dos perdu dans ce chaos je m'rassure
Je mords avec rage dans mon p'tit bout d'fromage tant qu'il dure
Y a plein d'étrangers qui piqueraient bien les clefs d'ma maison
Chez moi comme chez eux y a plus d'amour heureux plus d'saison

Michèle Bernard, Les temps sont durs

18 avril 2007

Trêve

Vivre en maillot de bain dans l'herbe, manger des brochettes, se faire cocooner dans une atmosphère sereine - pas de non-dits encombrants, pas d'animosité rentrée... une totale liberté d'être, dans une affectueuse simplicité.

Travailler un tout petit peu, pour le plaisir de redescendre aussitôt dans le jardin pour jouer au loup (Elsa : Tu veux une brochette d'agneau le loup ?), chanter des chansons, imprimer des coloriages trouvés sur internet (et colorier aussi !). Regarder Elsa faire pipi debout contre le cerisier. Jouer aux dominos, au Rummykub, au Chromino. Relire L'amant de Lady Chatterley, avoir sous le coude L'Oeuvre au Noir - parce qu'il faut du temps et de la disponibilité pour savourer le bonheur de relire ses classiques. Voir le chat s'émanciper - de la maison au jardin, et du jardin au village. Boire du lait de la ferme, manger des oeufs frais pondus - des choses que même le plus bobo des Parisiens n'oserait pas espérer ! Construire une cabane sous la table du jardin. Etre entourés d'une nuée d'enfants, car les petits voisins ne s'y trompent pas, c'est la maison du bonheur ici...

N'avoir momentanément pas d'autre charge matérielle que de jouer avec les enfants, de les rincer le soir quand ils sont saturés de poussière et de soleil, de leur lire une histoire - n'avoir donc plus aucune charge, rien que le plaisir d'être dans un espace où chacun se retrouve, grâce à la diligente intendance de beaux-parents chaleureux.

12 avril 2007

Histoire de oufs

...une dame maghrébine de plus de soixante ans entre dans mon bureau. Dans son discours passablement décousu, je comprends qu'elle est adressée par l'assistante sociale, qu'elle se croit victime d'un complot de la famille de son mari (qui a bientôt 80 ans), et que celui chercherait à lui jeter le mauvais oeil - et à l'empoisonner, pour plus de sûreté ! - pour en épouser une plus jeune.

Ce qu'elle veut ? Rien moins que je serve d'intermédiaire, pour que le mari reconnaisse et explicite ses supposées pratiques suspectes ! Malgré l'aspect pathétique - et manifestement assez délirant - du discours, je ne peux m'empêcher de sourire... Elle n'entend pas que mes possibilités ne s'étendent guère à la magie noire, et en désespoir de cause, je lui propose, si lui le souhaite, de le recevoir. Et là, elle s'arrête, me sourit d'un air entendu et complice et déclare - mais c'est lui qui va dire qui je suis folle !

11 avril 2007

Happiness Box

Face à la Seine, un pique-nique inattendu -
deux verres de vin, un souper fin, et beaucoup d'amour.

Alleluia

Une jeune fille de 16 ans qui dit, voilà, j'ai "eu ma première fois" - et si c'était à refaire je le referais, même si je ne suis plus avec ce garçon, et ça s'est bien passé, et je me suis découverte différente - une jeune fille de 16 ans qui s'émerveille de son propre désir, questionne avec naïveté les thèmes de la sexualité humaine - et repart souriante, étonnée et ravie que le Centre soit un lieu de parole possible sur tous ces sujets - et pas une espèce d'usine à distribuer des pilules - une jeune fille qui dit, bien sûr, je suis musulmane, je n'étais pas censée le faire mais, ça va bien avec ça, une jeune fille qui dit - même si on se prend la tête il y a beaucoup d'amour dans ma famille - ça existe donc ?!?!

Je ne sais pas, ce qu'elle venait chercher - elle savait qu'elle n'était pas enceinte, ne souhaitait pas de contraception dans l'immédiat - peut-être juste ce qu'elle ne pensait pourtant pas pouvoir y trouver, cette parole échangée : un adulte qui accueille sa joie de devenir femme, un bonheur à partager. Mais je sais ce qu'elle m'a apporté - un vrai rayon de soleil au milieu d'une consultation souvent chargée en drames - une joie contagieuse.

Démasquée

Un médecin inconnu m'établit un dossier : Profession ? Psychologue. Il lève un sourcil : Psychologue ? Je croyais que toutes les psychologues avaient des grosses lunettes et un air rébarbatif ? Vous n'êtes pas du tout dans le moule vous ! (Je sais. J'peux pas m'en empêcher - ça s'voit tout de suite. :-)))

08 avril 2007

Zamille

Pourquoi tu m'appelles Zazou alors que j'm'appelle Zaza ?
Pourquoi tu m'appelles Babouche alors que j'm'appelle Dora ?

(Les amateurs reconnaîtront Janine - sauce Zaza).

07 avril 2007

Cérémonie d'ouverture...

...des vacances de Pâques : les vacances ont été officiellement déclarées ouvertes à la Foire du Trône, où Zaza a mangé sa première barbapapa (yeux écarquillés), où les enfants ont pêché les canards, tiré à la carabine (enfin, Léo !), roulé-boulé dans la maison parcours d'obstacles, où David a fait son tour annuel de manège-lessiveuse-sensations-fortes et Lulu réalisé un rêve de presque enfant, en gagnant à la ficelle un grand tigre blanc.

04 avril 2007

Les mots et les gestes

Ils ont une petite trentaine - elle replète, diabétique, enceinte - lui maghrébin au français hésitant, sec et fermé en début d'entretien, sourire lumineux ensuite. Ils sont venus ensemble, parler de violences qui l'ont envoyée quinze jours auparavant à l'hôpital.

Bien sûr, l'acte reste inexcusable - inacceptable - et cela sera dit, au cours de l'entretien - et que si un coup reçu fait mal, le coup porté par quelqu'un que l'on aime fait deux fois mal. Le reste, est l'affaire du médico-judiciaire.

Mais je mesure, ce qu'il a fallu d'amour à ces deux-là pour ne pas aller au bout de leur rage meurtrière de l'autre jour - ne pas se séparer sur-le-champ - venir consulter avec l'envie et l'espoir que cela ne se reproduise pas. Et je mesure ce qu'il lui a fallu à lui de courage pour mettre son orgueil dans sa poche et venir demander de l'aide, affronter le regard d'une étrangère sur des affaires généralement considérées comme absolument privées.

A mettre des mots, sur ce qui s'est joué dans les gestes, nous avons repéré les points de fragilité qui ont déclenché la violence - au-delà de l'anecdotique, une histoire de vêtements à ranger, des enjeux majeurs de confiance, de respect, de sécurité dans ce couple encore fragile - identifié aussi des situations antérieures dans lesquelles ils avaient su trouver les mots - et proposé des pistes pour l'avenir.

Une seule rencontre - ils n'étaient pas demandeurs d'un suivi - pour offrir un espace de non-jugement, d'une parole possible, un lieu où ils savent maintenant pouvoir revenir. Une seule rencontre, ne saurait évidemment suffire... mais donner à penser, réintroduire la parole, - cela vaut. Même une fois.

Laitière

Elsa traite Chamade de vache sous prétexte qu'elle mange systématiquement ses bouquets de pâquerettes. Mais, elle donne pas de lait, objecté-je ? Si, regarde, là y a son p'tit puits, elle donne du lait avec ses gamelles !!!

02 avril 2007

Menues joies

Ecouter avec les enfants les Chansons pour (se réveiller, dire bonjour, avoir un bonbon...) d'Anne Sylvestre.

Prendre un thé à la menthe en terrasse à Ménilmontant - avant quatre heures d'interventions scolaires épuisantes !

Se faire offrir un tiramisu par notre pizzaïolo préféré.

Entendre Elsa m'accueillir en disant, regardez c'est ma maman, ma vraie maman, et puis dire en partant, à tout à l'heures les copines, on est copines pour toute la vie !

Profiter des "Jours Passion" Etam.

Lire le nouveau Elle devant un grand verre de lait et une tranche de brioche avec du Nutella.

01 avril 2007

Nauséeux

Un court extrait d'un entretien entre Sarko et Michel Onfray. La misère, la souffrance sociale, physique et psychique, résultantes d'un déterminisme génétique - "tares" incurables donc, et dont nous pourrions alors de surcroît nous estimer socialement quittes ?

M. O. : Je ne suis pas rousseauiste et ne soutiendrais pas que l'homme est naturellement bon. À mon sens, on ne naît ni bon ni mauvais. On le devient, car ce sont les circonstances qui fabriquent l'homme.

N. S. : Mais que faites-vous de nos choix, de la liberté de chacun ?

M. O. : Je ne leur donnerais pas une importance exagérée. Il y a beaucoup de choses que nous ne choisissons pas. Vous n'avez pas choisi votre sexualité parmi plusieurs formules, par exemple. Un pédophile non plus. Il n'a pas décidé un beau matin, parmi toutes les orientations sexuelles possibles, d'être attiré par les enfants. Pour autant, on ne naît pas homosexuel, ni hétérosexuel, ni pédophile. Je pense que nous sommes façonnés, non pas par nos gènes, mais par notre environnement, par les conditions familiales et socio-historiques dans lesquelles nous évoluons.

N. S. : Je ne suis pas d'accord avec vous. J'inclinerais, pour ma part, à penser qu'on naît pédophile, et c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a 1 200 ou 1 300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n'est pas parce que leurs parents s'en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d'autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l'inné est immense.

Contre-poison

C'est de nos fragilités, que nous tirons nos forces - c'est là qu'est la source de notre vitalité, de notre créativité - le cadeau offert par notre histoire, quelle qu'elle ait été. Copyright : Eric W.

Le temps de vivre

Quatre week-ends d'affilée, sans horaires ni rendez-vous - Bobin écrit quelque part, ne pas céder à l'imaginaire du plein. Des semaines absurdement surchargées, mais - qu'est-ce qu'on fait ce week-end ? Rien...

Manger sans heures, improviser des rencontres non programmées, faire de longues siestes, prendre des bains, fabriquer des éléphants et des avions en papier, jouer à la Wii, laisser chacun vaquer à ses occupations, se trouver à deux, à trois ou tous les quatre, câliner le chat, faire du vélo - ce jour, aller réveiller des souvenirs d'enfance au Jardin des Plantes, observer les orang-outangs, déjeuner d'une crêpe au soleil, et ce soir, pour célébrer les treize ans de notre rencontre, regarder ensemble La Mélodie du Bonheur : Do, le do, il a bon dos, ré, un rayon de soleil, mi, c'est la moitié d'un tout, fa, c'est facile à chanter - sol, la terre où vous marchez, la, l'endroit où vous allez, si, c'est siffler comme un merle - et nous revenons à do !