25 décembre 2008

Générations

Noël cette année est né d'une envie d'autrement - un repas comme nous le rêvions, une table de fête, ne plus être invités mais inviter à notre tour, mélanger les générations, élargir le premier cercle de famille. Les choses se sont faites toutes seules - sans crises et sans souci - des invités heureux, complètant notre menu sans même qu'il soit besoin de se concerter, une table lumineuse décorée de sablés étoiles au chocolat faits maison, les cousins du Sud invités inattendus - un Noël juste parfait. Une réflexion de ma petite grand-mère, attrapée au vol : Maintenant, c'est leur tour ! Voilà. Exactement. Et, parce que nous étions si fiers de ce que nous avions réussi à préparer, le partager ici :

Amuse-bouche :
Boudinets de homard en gelée
Foie gras au chocolat blanc et sa brioche toastée

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Carpaccio de Saint-Jacques aux baies roses
Lotte au vin rouge et aux épices
Brie de Meaux et sa salade
Tatin d’ananas frais et sa glace au caramel au beurre salé

Café et truffes maison

21 décembre 2008

Coup de foudre

Je l'avais croisé chez Lantoine, et puis je l'ai souvent entendu citer par les uns et les autres comme un maître-poète, comme une perle rare. J'ai découvert Allain Leprest - Ferré contemporain, frère d'âme de Léotard, fils spirituel de Brassens... La voix est rocailleuse et tendre, les mélodies superbes, et les textes sont simplement magnifiques.

Gens que j'aime
Qui se partagent, qui se livrent,
Qui se lisent comme des livres,
Qui dorment sans drap sur le cœur
Gens que j'aime me sont restés
De tous les chemins traversés
Sans le moindre aveu décousu
Et n'en eurent jamais raison
Le vent ni sa gifle traîtresse
Ou ses feuilles moche saison (...)

ou encore

Nu, j'ai vécu nu
Naufragé de naissance
Sur l'île de Malenfance
Dont nul n'est revenu
Nu, j'ai vécu nu
Dans des vignes sauvages
Nourri de vin d'orage
Et de corsages émus (...)
Nu, j'ai vécu nu
Sur le fil de mes songes
Les tissus de mensonges
Mon destin biscornu
Mais nu, je continue
Mon chemin de tempête
En gueulant à tue-tête
La chanson des canuts
Nu, j'avance nu
Dépouillé de mon ombre
J'voulais pas être un nombre
Je le suis devenu
Nu, j'ai vécu nu
Aux quatre coins des gares
Clandestin d'une histoire
Qui n'a plus d'avenue (...)

19 décembre 2008

Lulu Quichotte

J'ai un drôle de nouveau métier. Avocat du diable, ça pourrait s'appeler. Ou grain de sable dans les rouages. Ou médiatrice - comme la droite qui coupe en deux, ou relie, c'est selon. Dans l'état actuel des choses, ça consiste à rencontrer des gamins - aussi des gamines - mais plutôt des gamins - qui dérangent. Et à leur faire comprendre que mon rôle n'est pas de les remettre au pas, ou d'être la main de fer dans un gant de velours, mais de voir avec eux comment ils peuvent trouver leur place dans une institution à laquelle ils sont bien mal adaptés - à moins que ce ne soit le contraire - l'école. Le collège, très exactement.

Un collège qui se soucie d'eux assez pour leur offrir cette échappée belle, un espace de parole ; mais qui se doit aussi de conduire à bon port celles de ses brebis qui ne sont pas égarées, et de ménager ses bergers.

Je rêve d'une école où l'exclusion, temporaire ou définitive, ne soit pas la seule réponse possible ; ne soit pas le précurseur de l'exclusion sociale, quand elle n'en est pas le prolongement, l'histoire ayant tendance à se répéter. Les mômes rigolent : "La dernière fois que j'étais en vacances..." - mais il n'y a rien de drôle. J'ai appris récemment que les "exclus" étaient supposés aller travailler dans des centres plus ou moins fermés le temps de leur sanction (plutôt que d'être avachis devant la télé). Soit ; mais je ne peux m'empêcher d'y voir un avant-goût des comparatifs entre centres de détention (d'autant qu'au rythme où vont les choses, ils pourront bientôt y être à l'âge de la scolarité, en effet).

J'ai eu une discussion tout à fait intéressante avec un minot sur le terme de "récidive" ; les copains, les grands frères de la cité vivant généralement de petits ou gros trafics, ils ont généralement fait quelques allers-retours devant les tribunaux. Aussi le terme de récidive en milieu scolaire, pour des retards ou des cours perturbés, les fait sourire. Un peu étonnés, pas de mauvaise volonté, mais... quand dehors c'est la jungle, il est parfois bien difficile de comprendre la violence des réactions institutionnelles devant ce qui reste, bien souvent, des enfantillages... Bien difficile aussi de se contenir, quand l'élaboration psychique, même rudimentaire, fait défaut.

Celui-ci avait un sourire de gosse espiègle, mais aussi la conscience de ceci : se mettre en situation d'être exclu à l'âge de la fin de l'obligation scolaire, c'est un aller simple pour la rue... Derrière le gosse espiègle, se cache un adolescent en colère - qui a déjà fait les frais de cette violence à fleur de peau ; et derrière l'adolescent en colère, se cache un môme qui a peur - de n'être pas capable, de ne jamais trouver sa place, ou de ne pas en avoir...

Charge à moi de trouver les mots - d'eux à eux-mêmes, et d'eux-mêmes à l'institution ; de faire des ponts, d'inventer des accords, que les différentes parties puissent accepter sans avoir l'impression de s'y perdre... De la clinique expérimentale, aux résultats incertains ; mais la chance de pouvoir tenter ce genre de pari, c'est déjà beau...

16 décembre 2008

Coup de grâce

Repas de fin d'année dans l'équipe que je quitte, je défends Les bureaux de Dieu contre celle de nos médecins qui s'est quand même donné la peine de le voir - mais qui le trouve trop parcellaire, et médicalement erroné sur certains points - quand sa collègue lâche "Bah, de toute façon, ça n'intéresse pas grand-monde ce genre de sujet...".

Rappelez-moi où nous travaillons ? C'est sûr, quand on travaille pour son argent de poche parce que Monsieur est chef de clinique ailleurs, avant de rentrer dans sa petite maison à deux pas du Parc de Sceaux, évidemment...

Voilà. C'est pour cela, que je n'irai plus travailler là. Pour ne plus entendre la mère de cinq enfants blancs et catholiques reprocher à l'africaine sa cinquième grossesse. Pour ne plus entendre des réflexions désobligeantes sur l'hygiène approximative des patientes qui vivent dans des squats. Ou sur les possibilités intellectuelles ou les habitudes alimentaires de gamines qui se sont élevées pour la plupart toutes seules, comme elles ont pu. Elles n'ont qu'à se lever tôt (elles aussi), et se préparer des légumes frais. Ben voyons.

Voilà. C'est aussi pour cela, que je pars.

12 décembre 2008

Tunnel

Au bout il y a - de vraies vacances, une ré-organisation du temps de travail qui ouvrira à une vraie disponibilité pour de nouveaux projets, un horizon qui se dégage. Mais pour le moment, c'est plutôt une longue traversée du désert, avec quelques oasis...

Deux journées co-animées qui ont été un régal d'intelligence complémentaire et de connivence. Les clés d'un nouvel espace pour travailler, prendre mon envol dans une activité autonome, sous la protection d'une bonne fée ;-). Un hammam à partager. Une démission libératrice, deux propositions professionnelles, le luxe de refuser l'une et de s'offrir le temps de réfléchir à l'autre. Une invitation à boire le champagne, qui se termine autour d'oeufs brouillés à la truffe de Cairanne. Faire découvrir les Fanfans à Léo - ma boutique secrète spéciale cadeaux d'anniversaire et tours de magie. Madagascar 2 ! De l'amitié qui fait chaud au coeur - un pub du dimanche soir, des retrouvailles après plusieurs années d'absence, un quatuor de choc ce mercredi - et un "anniversaire-Noël" !

10 décembre 2008

Friendship

La brise faisait voler leurs cheveux dans la même direction ; à les voir ainsi, on eût dit des inséparables, appartenant tous au même petit clan. Mais je savais combien d'hésitations, combien de questionnements recelaient leurs rapports entre eux et avec moi. Et je ne les en aimais que davantage : chacun avait beau se débattre contre ses problèmes, ils étaient tous généreux, tous partants pour faire la fête avec moi. (...) J'étais émue de nous voir dans l'âge mûr bien plus que je ne l'aurais été par nos jeunes personnes. Je trouvais merveilleux que nous nous soyons arrachés à nos vies respectives pour nous rassembler au sommet de cette colline sans aucun but pratique, juste par amitié. Et bien sûr, j'ai eu la larme à l'oeil quand ils m'ont chanté "Happy Birthday, Rosie."."

Nuala O'Faolain, Best Love Rosie

Bonnes questions

Qui ose dire qu'il peut m'apprendre les sentiments
Ou me montrer ce qu'il faut faire pour être grand
Qui peut changer ce que je porte dans mon sang ?
Qui a le droit de m'interdire d'être vivant
De quel côté se trouvent les bons et les méchants
Leurs Evangiles ont fait de moi un non-croyant...


Entendu au Sancerre un mercredi soir.