29 mai 2010

Chers amis, bonjour !

La question à 1000 francs, ce soir, 19h45 : Maman, est-ce que c'est vivant une molécule ?

AAF

Affordable Art Fair - un salon de galeries du monde entier, présentant des oeuvres originales à prix raisonnables. Enfin, raisonnables... Pris le risque d'y emmener les enfants. Méga-récompensée : ils ont adoré. La variété des techniques, voir de plus près, donner leur avis. Tester l'atelier de gravure (graveur accessible, adorable, aux oeuvres délicates et poétiques), et celui de modelage. Tout un monde de créativité, d'art désacralisé. Léo, après quelques explications sur les rapports entre l'art et le monde marchand : Mais, est-ce qu'il vaut mieux acheter une oeuvre chère ou deux oeuvres pas chères ? Lulu : Il vaut mieux acheter... une oeuvre que tu aimes. Qui te parle. Qui te fait rire. Qui t'émeut. Qui te plaît, quoi !

Ephémères

Il y a des instants tellement ténus, subtils, qu'ils s'évanouiraient à être déposés dans la Care Box. Des rencontres.... Un photographe anglo-japonais aussi peintre qui fait des choses très belles mais ne sait parler que timidement de son travail, un homme de pouvoir qui pourrait bien être aussi un homme de coeur, un chanteur lyrique qui prépare un concert de musique italienne du XIVème siècle, une blogueuse de mode qui tient une boutique-galerie, très concernée par les dimensions éthiques, artistiques et écologiques des créateurs qu'elle soutient, une conseillère d'éducation qui a su rester vivante psychiquement dans un établissement difficile, et propose aujourd'hui des projets qui ré-ouvrent à du collectif intelligent, des voisins - et le sentiment d'appartenir un peu plus à ce quartier, pour avoir simplement bavardé autour d'un bon verre de vin... Bonheurs.

28 mai 2010

Walid

6ème, une bonne bouille au grand sourire. La prof s'inquiète - une bonne prof, un peu mère poule, attentive, protectrice, parfois un peu trop, mais... Qu'est-ce qu'on lui reproche à ce jeune homme ? D'avoir séché une semaine. Alors - les petits dealers, le racket, la cité craignos au pied de laquelle est implanté le collège, certes... Mais il n'y a pas toujours matière à dramatiser.

Comme un gamin pris en faute, il avait juste voulu échapper à une punition, espérant que le collège oublierait ses dernières âneries - rien de grave au demeurant - s'il disparaissait un peu de la circulation. Et comme un gamin aussi, il s'est fait remonter les bretelles par les grands frères qui tiennent les murs en bas de chez lui - pourquoi t'es pas à l'école, tu ne vas pas faire comme nous, si on avait su on aurait plus bossé, alors retourne en classe, p'tit con. Walid n'a pas perdu son temps donc, en tout cas moins qu'en allant faire le zozo en cours de géo. Il est content de revenir. Et moi, je n'ai rien de plus à lui dire. Good job, les grands frères.

Funambules

Il y a deux sortes de gens.

Il y a ceux qui vivent, jouent, et meurent.

Et il y a ceux qui ne font jamais rien d'autre que de se tenir en équilibre sur l'arête de la vie.

Il y a les acteurs.
Et il y a les funambules.


Maxence Fermine, Neige.

(Le même éblouissement simple que lorsque j'ai découvert Soie, ou Novecento, pianiste)

27 mai 2010

Who let in the rain ?

Things like this can always take a little time
I always thought
We'd be together down the line...

Cindi Lauper

Boussole

Il a dit - il y a une question que l'on ne vous posera sans doute pas avant d'entrer dans une éventuelle nouvelle formation, mais je vous invite à y réfléchir.

Il existe trois sortes de thérapeutes. Ceux qui identifient leurs patients à leur(s) symptôme(s). Ceux qui identifient leurs patients à leur inconscient. Et ceux, dont je crois être, qui identifient leurs patients à leur Etre.

Ce qui suppose d'accepter la confrontation, l'interrogation sur la frontière avec le spirituel.

26 mai 2010

A mère pilule ?

Il voulait savoir - mais pourquoi, une psy dans un Planning Familial ? Alors je lui ai parlé de cette jeune fille de 16 ans, venue demander peut-être la pilule - "mais j'sais pas", peut-être à être examinée par la gynécologue - "mais j'sais pas", et qui venait surtout - sans le savoir en effet, déposer sa peine de ne pas pouvoir parler à sa mère de ce bouleversement d'une première histoire d'amour - non qu'elle n'aie pas essayé, mais celle-ci lui avait signifié son refus d'en savoir quoi que ce soit, dévalorisant au passage la relation et le petit ami.

Parler du décalage entre ce qu'ellle savait qu'elle devait faire - avoir une contraception adaptée, entrer dans un suivi médical de jeune (presque) adulte, et son chagrin de devoir faire la démarche seule - elle qui se sentait si proche de sa mère il y a encore peu. Parler de séparation, de ce que grandir implique de laisser derrière soi, et du sentiment d'être bien seule parfois, entre cette maman qui ne veut pas la savoir grandie, et le petit ami qui s'agace de ne pas être accueilli par sa famille à elle.

Parler de femme à femme, d'une génération à l'autre... et repartir avec une ordonnance, certes, mais aussi, j'espère, un tout petit peu plus de légèreté - un tout petit pas de plus sur le chemin de devenir femme.

24 mai 2010

Week-end

Du muguet et du lilas du jardin. Du soleil. Un manuel de psycho-patho intelligent (je sais, on peut être surpris que ce soit une joie à part entière. Mais c'est le cas). Quelques étoiles sous les arbres. Une longue balade à vélo, parce que "On ne va jamais si loin que lorsque l'on ne sait pas où on va" (la phrase est attribuée à Colomb, c'est presque trop beau, non ?). Encore du soleil. Un rapide coup d'oeil aux Champs recouverts de verdure - mais verdure invisible sous la marée humaine, et donc fuite vers des endroits plus calmes et plus frais. Des échanges fluides, et vrais. Une pause dans la cour de l'hôtel particulier qui abrite désormais la maison Ralph Lauren (et une petite robe en mousseline de soie noire à tomber - dans une autre vie ?). Un pique-nique à la pointe de l'ïle de la Cité - premier pique-nique, premières cerises - deux occasions de faire un voeu. Toujours du soleil... assez pour décider d'offrir aux enfants, restés à la campagne, un pont par-dessus le pont, jusque mercredi.

Copie conforme

Moi j'ai aimé : la mobilité du visage de Juliette Binoche - de plus en plus belle - les émotions qui la traversent au rythme des lumières du ciel de Toscane, ce qu'il y a avait de poésie - de mélancolie aussi - dans ce jeu qui n'en était pas un, et par là même accédait à une autre forme de vérité - mise en abîme d'une réflexion sur l'art dans ce qu'il a de factice et pourtant d'universel ?

Quand Juliette dit, Reste, à la toute fin du film, on ne sait plus si elle joue encore, ou si le jeu est déjà terminé. Mais justement - est-ce que c'est Juliette elle-même - avec cette sincérité qu'elle dégage quel que soit son rôle ; la femme qu'elle joue - et qui n'a pas de nom ; la femme jouée par cette femme sans nom - et qu'elle est aussi, vraiment ? Une femme qui cherche un regard - une main sur l'épaule - une femme qui dit - Reste, voit l'autre partir, et sourit quand même. Une femme...

20 mai 2010

Mobile

Les mobiles symbolisent les multiples facettes de la vie, la seule constante étant le "mouvement". Même dans les pièces les mieux fermées et visiblement les plus calmes, les mobiles frémissent au moindre mouvement d'air ou suivent en quelque sorte leur propre inspiration.

Ce qui me vient aussi, c'est que les mobiles rendent l'invisible, le subtil, le ténu, visible...

13 mai 2010

Au vol...

...dans le miroir du bijoutier, le grand sourire d'Elsa devant les petits zircons qui ornent ses oreilles fraîchement percées.


11 mai 2010

Clés

Ne vous battez pas contre la peur, sinon, vous aurez de plus en plus peur. Une nouvelle peur entrera dans votre être : la peur de la peur, qui est très dangereuse. Premièrement, la peur est une absence, et deuxièmement, la peur de la peur, c'est l'absence de l'absence. Alors, vous entrez dans la folie !

La peur n'est rien d'autre que l'absence d'amour. Faites quelque chose avec l'amour, oubliez la peur. Quand vous aimez profondément, vous ne trouvez plus la peur. Comme si la lumière était allumée et qu'on ne trouvait pas l'obscurité. Voici la clé secrète : aimez davantage.

Osho, Le courage – la joie de vivre dangereusement

Etalons

Un groupe de prévention en milieu scolaire – nous abordons une fois de plus le sujet de la pornographie. « Euh, vous savez M'dame, l'acteur, là, Freddy Sirocco... ». Les griffes de la nuit et le vent du désert, pas mal, pour un lapsus ? Plus poétique en tout cas que Rocco Siffredi, ou que la triviale « Poutre de Bamako » évoquée par le même groupe...

Différences (2)

Alors, Léo, ce serait plutôt Toutpourmagueule.com, et Elsa, Parleàmoncul.fr. Je sais, c'est pas bien... mais parfois, ça agace.

10 mai 2010

Lutinage

Que reproche-t-on souvent aux Lutins et Lutines ? De ne pas aimer vraiment, parce qu'ils sont indépendants, ne se consument pas d'angoisses, réfléchissent avant de rompre, savent passer une soirée avec un(e) amant(e) sans forcément faire l'amour, acceptent que leur compagnon ou compagne aiment d'autres personnes, annulent une soirée intime parce que leur enfant est malade sans que l'amant(e) s'en offusque et sont capables de rester des mois sans voir leurs amours tout en les aimant profondément. D'où de multiples tentatives pour étiqueter leur sentiment : est-ce de l'amitié, du désir, de l'indifférence, de la passion contrariée, de la séduction ? (...)

Les Lutins n'étiquettent pas leurs sentiments, parce que la vie leur a appris qu'une relation évolue par cycles, avec des hauts et des bas, et qu'il est vain de l'enfermer dans une catégorie. On aime parfois son compagnon comme un ami, parfois on le déteste, parfois on retrouve avec lui des élans passionnés... et c'est ainsi avec tous les hommes. Pourquoi les étiqueter, puisque la vie se charge de décoller les étiquettes... sans que l'amour disparaisse. (...)

Ensuite, viennent les ratures, quand se confrontent le rêve et la réalité. Tout comme un manuscrit raturé témoigne d'un travail de création et non d'une détérioration, les "ratures amoureuses" reflètent l'évolution d'un lien et la découverte de l'intimité.


Françoise Simpère, Guide des amours plurielles

06 mai 2010

Humide

Léo : Moi je mouille les cours !
Lulu : ???
Léo : Ben oui moi je les sèche pas !

05 mai 2010

Darshan

Sans voix. Chez Zingaro, la poésie, la démesure et la beauté, sous des formes toujours renouvelées, sont la norme. Mais là... le dispositif scénique, l'inventivité visuelle, la musique - empruntée aux répertoires spirituels de tous les lieux et temps, les chevaux - irréels à force de beauté - amènent à la création d'un langage à part entière - une langue qui parlerait directement à l'âme. C'est cela - un langage qui toucherait sans intermédiaire l'émotionnel et le spirituel. Bien sûr, on pourrait décortiquer la magie, voir comment elle est bâtie - techniquement, musicalement, culturellement - nombre des grands mythes de l'humanité sont évoqués, convoqués mais... même si on y parvenait, on n'en aurait rien dit. Rien dit du silence plein qui m'habitait après la représentation, rien dit des larmes jaillies au passage d'un grand cheval blanc sans cavalier sur un choral de Bach - inoubliable.

03 mai 2010

Rufo défend Freud

Freud, qui étudiait le comportement dilatateur des insectes, estimait que l’hystérie était plus intéressante dans les manifestations cliniques sans cause. C’est là où il est fabuleux : il cherche une cause lorsqu’elle n’est pas médicale. Il renverse la donne du sens, de la signification par rapport à la clinique. L’Anglais Donald Winnicott reprend cela à merveille lorsqu’il explique la différence entre un pédiatre et un pédopsychiatre. Le pédiatre trouve un symptôme. Il lui en faut un deuxième. Un troisième. C’est un syndrome. D’où diagnostic et traitement. Le pédopsychiatre, lui, ne doit pas s’intéresser au symptôme pour, éventuellement, en saisir le sens. Imaginez les 180 degrés de cette pensée ! (...)

De nombreux internes penchent pour le cognitivo-comportementalisme, qui a l’avantage de l’immédiateté et de l’efficacité. Mais il ne faut pas désespérer qu’ils se mettent à réfléchir. Je vais être basique et m’en excuse par avance. Imaginez que vous soyez avocat, que vous travailliez à Wall Street. Vous avez peur de l’ascenseur. On monte avec vous jusqu’à votre étage. Bravo ! Mais la question reste posée : pourquoi avez-vous eu peur ? « Are you OK ? - I am OK ! » Tel est le comportementalisme, qui répond à notre impulsivité, notre rapidité.(...)

Plutôt que la neutralité bienveillante de mes confrères et amis psychanalystes, j’ai plutôt glissé vers une empathie sensible. Sans être dans une position démagogique, ou d’érotisation, je suis très intéressé par ce que me raconte l’enfant. J’ai même établi un standard particulier dans ma pratique : quand il quitte mon bureau, j’écris 20 lignes de résumé sur ce que j’ai vécu. Non pas compris, mais vécu. Puis, lorsqu’il revient, après les avoir relues, je lui parle de ce que j’ai éprouvé en le voyant. L’enfant y est sensible : il n’est pas qu’en consultation, je suis aussi en examen de ma propre sensibilité par rapport à lui. Certains hurleront à la séduction et à la manipulation, mais ce serait tragiquement réduire la portée de la chose.

Si vous vous trouvez face à un psychiatre à l’air peu concerné dont le dialogue tient en quelques phrases stéréotypées, du genre : « Poursuivez... Allez plus loin dans vos pensées... Quel est le sens de votre démarche ?», vous quitterez bien vite son cabinet. L’empathie est essentielle dans la rencontre.

Marcel Rufo, interview

L'article complet : .