31 juillet 2011

Tout est Possible(s) !

...à l'Espace. Où nous sommes finalement allés tous les quatre, et c'était bien ainsi.

Parce que c'est un lieu magique - à tous moments de la journée, où que l'on passe, ça danse, ça chante, compose, dessine, masse, crie, écrit, peint, improvise, joue, échange - toutes générations confondues, et parfois mélangées. Parce que certes c'est un camping - entre mer et forêt, mais parce que c'est le seul où, si l'on s'approche des ados agglutinés autour de la piscine (jusque-là, rien de très original), on constatera que trois ou quatre sont en train d'improviser un concert guitares-djembe-chant, une autre en train de faire des croquis à la sanguine de ses amis allongés au soleil, et les deux dernières de répéter du Bernard-Marie Koltès - une scène de Roberto Zucco.

De la même façon, en rentrant d'un restaurant de plage, nous avons partagé une brève session de chant harmonique avec deux adolescentes croisées à l'entrée du camping. (Where else ..?)

Parce que j'y ai retrouvé les joies du clown et du tango, découvert celles du modelage à l'argile au cours d'un merveilleux Voyage au centre de la terre ; parce que David y a trouvé des ateliers photo, et percussions, animé un exceptionnel atelier de "chant pour les nuls" ; parce que les enfants ont proposé et animé des ateliers poésie mise en scène pour l'une, et tarot pour l'autre. Parce qu'Elsa s'y est fait de vraies amies, et a expérimenté de nouvelles techniques de création ; parce que Léo est un peu sorti de sa bof attitude de pré-ado et a découvert les jeux de rôle et... plus inattendu, le chant harmonique, ou diphonique. Parce que les semaines y sont trop courtes, et que je n'ai eu le temps ni d'aller faire l'atelier d'écriture-slam, ni celui de danse-contact ! Une autre fois, de belles découvertes en perspective.

Parce que les fêtes, notamment celle de la fin de la semaine, permettent de partager cette créativité bouillonnante et cet immense bonheur qu'elles soient animées par... tous. Le pianiste, la slameuse, le clown, la peintre, les danseurs, c'est toi, c'est moi, c'est notre voisin de table ou de tente, les enfants des amis, bref, c'est nous !

Parce que le concert de Marc Vella et son éloge de la fausse note, émouvant hommage à nos maladresses comme source de partage et de créativité.

Parce que le principe des heures données à la communauté - à chacun selon ses talents, que j'ai choisi de faire comme Grande Oreille et à la Maison des Enfants - dans un cas comme dans l'autre, j'ai reçu plus encore que je n'ai donné, dans l'échange avec les autres Grandes Oreilles (une instance d'écoute, de protection et de régulation), et à proposer des jeux, beurrer des tartines, et retrouver le bonheur de voir un tout-petit s'endormir dans mes bras durant une heure du conte.

Parce que l'Espace, c'est aussi le bonheur de retrouver amis et connaissances, des êtres qui marchent sur la même route. Ceux que l'on savait retrouver là, bonheur savouré à l'avance, ceux que l'on ne s'attendait pas à y voir, et puis les nouveaux, car chaque passage offre de nouvelles belles rencontres. Les horaires sont impossibles à tenir : impossible de faire un pas sans croiser un sourire, être happée pour un hug, quelques mots, un debrief d'atelier, un tango, une confidence à la volée.

Un irréductible village gaulois cerné par les camp(ing)s romains alentour, une pensée dissidente, créatrice et responsabilisante - bref, une utopie qui se tient - parfois assez à l'arrache, mais, qui se tient...

30 juillet 2011

Maison d'être

Je dis patrie et tu penses drapeaux
Je dis foyer et tu comprends prison
Je dis espace et tu traduis néant

Je dis patrie j'entends l'exil deviné à l'instant où il prend fin
Ces lieux auxquels nous savons avoir toujours appartenu
Ces êtres que nous ne pouvions que reconnaître

Je dis foyer j'entends ce rêve qui tient lieu de tout pour chaque homme
Et qui peut être un mot, un visage, une possibilité de créer
Un regret, une image... cette chose choisie entre toutes.

Je dis espace j'entends ce point où le silence se fait en nous
Où nos jardins se font secrets, où nous pouvons entendre
La source oubliée et tranquille sans laquelle nous ne serions pas.

Où sommes-nous ? Nous sommes là où nous nous arrêtons...
Là où nous jetons nos armes, là où nous posons nos masques
Là où nous respirons - en silence.

Et toi, dis-moi, quelle est ta maison d'être ?

13.09.2000

Je voulais le partager lors de la soirée poésie à l'Espace, je n'en ai finalement pas eu l'occasion - alors je le fais ici (c'est une idée que je vais garder d'ailleurs, faire remonter de temps à autre des textes d'autrefois) ; mais ce qui me frappe, c'est la constance des thèmes qui m'habitent, la façon dont ce texte rédigé il y a plus de dix ans me va encore si immédiatement au coeur...

23 juillet 2011

Paroles de femmes

Quelques interrogations retenues au fil de ces si précieux échanges de femmes :

- Est-ce qu'il y a toujours de l'amour ? (Celle-là supposera de savoir répondre à la question, mais qu'est-ce que c'est, l'amour ? Je passe.)

- Est-ce que cette relation me fait, nous fait encore croître ?

- Est-ce que j'aime la personne que je suis dans cette relation ?

Et celle-ci, qui parlait avec gourmandise de sa liberté de femme et de sa conviction de la singularité de chaque relation, l'une enrichissant l'autre sans rien lui ôter.

Et celle-là, qui m'a dit : Moi, je me suis laissée conduire par les mots - j'ai suivi les mots qui me faisaient du bien.

14 juillet 2011

Cher Sheller

...ou chercher l'air ?

Le corps qui pousse dedans la veste
Et qui vous fait mal par dessous (...)
Un poing fermé qui garde sous l'eau fraîche
Un coeur petit comme un caillou


William Sheller

C'est ce que je ressens si souvent ces temps-ci - douleur sourde ou aiguë parfois, un coeur petit comme un caillou.

Road & nothing more

Souvent le nom d'une île inconnue
est le nom lui-même de l'inconnu(e)

et les éclats de nos errances
deviennent des îles sous le vent,

comme de la route encore à vivre
à terre sur mer ou par les ciels,

et rien de plus.

André Velter, Makassar, "à bord de la Boudeuse"

10 juillet 2011

Work in progress

Depuis quelques jours, je me sens sur le pas de la porte. Rentrer ou sortir ? Renoncer ou prendre le risque, le vent ?

Je croyais avoir trouvé un chemin de vie, un peu boiteux certes - mais quel humain ne l'est pas ? - dans l'ouverture du couple, qui préservait la famille que nous avons fondée David et moi, tout en tenant compte de nos différences, et de ce qui nous rend, nous garde l'un et l'autre vivants. Une alliance dans laquelle notre lien était premier - ce qui lui donnait tout son sens, et une vraie joie : celle de se savoir aimé tel que l'on est.

Cette alliance est caduque, et laisse apparaître ce que pour ma part je n'ignorais pas : un compromis, une tentative pour bâtir à partir du réel et de nos fragilités. Et maintenant ?

Maintenant je ne sais plus.

02 juillet 2011

Les resplendi-rugissantes

C'était une très belle soirée - maison magnifique, fête dans le jardin, météo clémente, l'élégance des vêtements blancs pour tous, la musique et la danse, l'amitié qui s'exprime à travers les petites et grandes attentions, les surprises, les chansons. J'ai aimé aussi la simplicité ensoleillée du lendemain, et ces deux amies désormais "quarantenaires" - des femmes qui font envie, des femmes qui sont en vie.