27 avril 2012

Premières fois

...qui sont autant d'anciennes fois, mais seule avec les enfants. Faire les valises. Prendre le train, pour ne pas faire les sept cents bornes seule au volant. Nous installer dans la maison des vendangeurs. Retrouver les cousins, la gentillesse de tous. Inventer des vacances sympa - initiation à l'escalade, musée de la Soie, atelier sur les plantes aromatiques, piscine... et les incontournables, lancer la baballe au chien Jingo, prendre un verre de vin pendant que le soleil se couche sur la vallée, chanter Bateau sur l'eau à Chloé sur la balançoire alors que la nuit est déjà tombée mais qu'il fait si doux, bouquiner au soleil sans rien entendre que le vent dans les oliviers et le chant des oiseaux (ou tous les trois sous les couvertures du grand lit).

Me surprendre instant après instant - il faudra bien que je trouve une façon de dire ce monde si semblable et si différent, ce cataclysme silencieux : la disparition de dix-sept années de vie qui semblent (semblent...) ne laisser aucune trace, la peine qui affleure chaque jour - et pourtant je suis debout, et même, je marche, à petits pas hésitants, sur une route qui s'invente au fur et à mesure.

21 avril 2012

Et c'est pourquoi...

A elle et à ses partisans, je leur dis : nous sommes chez nous, nous les Français et les Françaises, métèques venus des quatre coins du monde pour faire la France. Nous les métis et les immigrés, qui travaillons sur les chantiers, nous cassant le dos pour ériger des bâtiments, nous sommes chez nous. Nous les nègres, bougnoules, youpins, norvégiennes ménopausées, nous sommes la liberté d'aimer, l'égalité devant la loi, la fraternité.

Eva Joly

20 avril 2012

Cuculte

Brain-storming sur un projet de groupe.
- Un truc sur l'amour, c'est un peu cucul non ?
- Bah oui mais en amour il faut du cucul...
- Oui mais aussi du cul !
- Plutôt deux fois ququ'une !


(Copyright : Stéphane)

Ça commence bien

... le titre, c'est Extrêmement fort et incroyablement près. C'est important, les titres, celui-là arrive directement dans mon top 3 actuel, avec Et que le vaste monde poursuive sa course folle, et Le jour avant le bonheur.

Extrêmement fort et incroyablement près, c'est un roman inventif aussi bien dans le fond que dans la forme, le premier depuis longtemps qui m'ait émue aux larmes et fait sourire à la fois. C'est un récit choral atypique, narration intérieure du petit garçon, lettres du grand-père, journal intime de la grand-mère. C'est un récit du deuil et de la perte, un livre pour apprendre à vivre qui est apprendre à perdre et vivre cependant, formulation qu'Oskar - le petit garçon - ne renierait pas je crois.

Il nous faudrait des poches bien plus grandes, je me suis dit ça dans mon lit en comptant les sept minutes qu'il faut en moyenne aux gens pour s'endormir. Il nous faut des poches énormes, des poches assez grandes pour notre famille, et nos amis, et même les gens qu'on n'a jamais vus mais qu'on veut quand même protéger. Il nous faudrait des poches pour les districts et pour les villes, une poche qui pourrait contenir l'univers. Huit minutes trente-deux secondes... Mais je savais qu'il ne pouvait pas y avoir de poches si énormes. Pour finir, tout le monde perd tout le monde, il n'y avait pas d'invention pour dépasser ça, et alors, cette nuit-là, je me suis senti comme une tortue qui a tout le reste de l'univers sur son dos. Vingt-et-une minutes onze secondes... (...) Moi, je suis resté éveillé des heures et des heures. Buckminster s'est roulé en boule contre moi et j'ai conjugué un moment pour ne pas avoir à penser aux choses. Je suis, tu es, il/elle est, nous sommes, vous êtes, ils/elles sont, je suis, tu es, il/elle est, nous*...

Jonathan Safran Foer,
Extrêmement fort et incroyablement près

18 avril 2012

Avenue Q

J'ai un penchant immodéré pour les comédies musicales - leurs mélodies sucrées, leurs deuxièmes voix qui donnent des frissons, leur morale bon enfant. Je me suis régalée avec celle-ci, qui relève le défi d'aborder pêle-mêle les galères d'argent, l'homosexualité, le racisme ordinaire (le nôtre, donc), les amours foireuses et les amis pourris, tout en portant un regard tendre sur nos increvables espoirs. C'est drôle, gentiment provocateur, parfois acide mais jamais méchant, et la troupe est excellente : à ne pas manquer !

14 avril 2012

Bucket list

Une des raisons qui m'ont fait choisir d'inviter Theresa, c'est d'avoir lu dans son profil que venir prendre des cours dans une des meilleures écoles de cuisine françaises était un des items de sa bucket list - quelque chose comme, la liste des choses à faire dans le temps où nous sommes vivants. Et voilà que je découvre que l'adorable jeune couple de Buenos Aires que j'ai accueilli dans la foulée se balade dans toute l'Europe avec une liste semblable (il faut regarder la photo de près, c'est délicieux... tout comme eux). Je crois qu'il va falloir que je mette la mienne à jour, la dernière version datant de 2001. J'en ai réalisé une partie - sauter en parachute, visiter Prague, d'autres restent à faire - voir une aurore boréale, apprendre à reconnaître les étoiles. Un autre point aurait pu être, avoir des amis partout dans le monde, faire se rencontrer les gens que j'aime (celui-là est sur la "liste permanente"). Le dîner d'hier soir a été un rêve réalisé - Tomàs et Ivy, Theresa, Jean-Charles, Ronan, Nadia - chacun amenant simplement ce qu'il a et ce qu'il est : moment parfait.

10 avril 2012

Entre les deux

...il y a une plongée dans une forme de désespoir récurrent, sommeil fracassé de longue date et P'tit Lu en miettes. Mais...

Y a pas de berceuse pour adultes

Parce qu'on a voulu grandir
On avale notre pilule
On en a besoin pour dormir
Parce qu'on s'est laissé vieillir
Y a pas d'berceuse pour les grands
Parce qu'on a tous voulu fuir
Ce qui reste en nous d'enfant
On n'peut plus s'assoupir
Avec ce tendre sourire
Parce qu'on s'est laissé vieillir (...)

Lynda Lemay

08 avril 2012

Montlevon - San Francisco

Voilà, c'est fait, ma pétulante Californienne a fêté Pâques dans la campagne française, et bu le champagne au soleil dans le jardin. Goûté foie gras, navarin d'agneau, plateau de fromages français. Pris une leçon de cuisine familiale - ce qui l'aura changée je pense du Cordon Bleu, motif de sa venue en France. Elle aura aussi appris à jouer successivement au Chromino, au Triomino, au Rummykub (indispensables à un week-end réussi à Montlevon). Et rencontré le lapin Nookie (et elle nous a appris au passage qu'en argot, "nookie" est quelque chose comme un p'tit câlin... amoureux). Le tout avec traduction simultanée all by myself, ce qui, compte tenu du débit de Theresa et de celui de ma belle-maman, n'a pas été un petit défi ! Mais... ce fut un week-end plein de charme et de coeur de part et d'autre. Yoyo : "Vivre c'est aimer." / Theresa citant sa grand-mère "What is not to love ?" - ces deux-là ne pouvaient que s'entendre...

03 avril 2012

Bonheurs de la semaine

- Le film de Julie Delpy, Two days in New York. Je ne sais pas si c'est en écho à mon fantasme américain du moment, mais j'en suis sortie légère et amusée - l'anti-film français plombant et plombé donc (bien que Télérama ait approuvé celui-ci ;-)).

- L'expo Paris en chansons dans le Marais - la ville sous toutes ses facettes, de Charles Trenet à Pigalle en passant par Gréco, Piaf, Mistinguett, Gainsbourg, Bruant, Renaud, les Têtes Raides - des documents audio, vidéo, des classiques incontournables : Le ciel de Paris, Le Poinçonneur des Lilas, J'ai deux amours... - impossible de ne pas sortir en chantant.

-Et puis, notre invitée californienne - exactement ce dont je rêvais lorsque je me suis inscrite sur le site de CouchSurfing : ouverte, drôle, futée, serviable, curieuse de tout... charmante avec mes enfants, mes amis - même le chat l'a adoptée ! Mon anglais s'est amélioré, je lui ai fait découvrir l'ïle Saint-Louis en Vélib' et goûter les glaces Berthillon, bref, nous sommes l'une et l'autre enchantées de l'expérience (et nous nous reverrons, puisqu'elle est ici pour trois mois). It's official - I'm a CS host now.