31 mai 2013

"Don't worry about a thing..."

(...ce fut la B.O de ce dernier stage...)

L'air du large encore dans les cheveux, du soleil plein les yeux - sous mes pieds le plancher tangue, décidément j'adore cette sensation.

La zone de nav' : traversée du Golfe du Morbihan, escale au Crouesty, mouillage à Houat, passage le long de Belle-Ile, escale à Groix, balade dans les méandres du Blavet, escale à Kernevel, au coffre sur le Belon (magique : se réveiller en bateau au chant des oiseaux), dans l'archipel des Glénans, à Beg-Meil, nav' de nuit jusqu'à Concarneau : un sans-faute, pour la variété des paysages, au soleil la plupart du temps, avec un beau 4/5 Beaufort la plupart du temps aussi. Et une journée bretonne pour l'expérience : 6/7, creux de 3 mètres, pluie glaciale et continue, grêle (!), et premier mal de mer pour moi ! Me voilà baptisée, hé hé. 

Ce que j'ai appris : à faire le point, à utiliser la règle Cras, à mieux lire les cartes marines ; à ne pas "taper" quand les vagues sont hautes en lofant jusqu'au somment puis en abattant - c'est très fin la barre, un tout petit mouvement peut modifier beaucoup de choses - et en même temps par grand vent c'est parfois assez...physique. A faire des calculs de marées. A laisser remonter un peu mon bateau au vent, quand la gîte devient inquiétante, plutôt que d'abattre en force (intéressant... comme la mise à la cape - mesure d'arrêt d'urgence, ça me semble hautement applicable aux relations humaines...). 

Qu'une part de ma petite fille intérieure, celle qui est pataude, lente, hésitante, qui n'essaie même pas si elle n'est pas sûre d'avoir compris, celle qui a du mal à faire le lien entre la compréhension "avec la tête" et le passage à l'action adéquate était toujours là, bien planquée. Je ne l'ai pas retrouvée avec plaisir, et pour la première fois sur un bateau me suis sentie traversée par des élans de colère et de découragement.

Que cependant, la bonne allure au bon vent, avec idéalement un petit rayon de soleil et quelques petits paquets de mer qui passent de temps par-dessus le roof restait un bonheur absolu, un "kif" incomparable, qui me fait invariablement chanter. Que la sieste à la gîte, sur de longs bords tranquilles (pas avec les creux de 3m !) était le meilleur sommeil que la semi-insomniaque que je suis puisse ressentir (ça marche aussi quand le bateau tourne doucement sur son ancre au mouillage : un sommeil bienheureux ; ce bercement...). Que barreur est mon poste préféré - sensation de puissance tranquille, et de jeu avec le vent, à la limite de l'envol...

Que le mal de mer est une vraie saloperie - je n'imagine pas un équipage où tout le monde serait malade, car c'est absolument paralysant ; je suis restée cramponnée, immobile dans la descente deux bonnes heures, incapable de faire un pas vers le cockpit (trop froid) ou de descendre dans le carré (nausée intolérable si plus d'air). Une leçon d'humilité, et de prudence : prendre toutes les mesures possibles pour ne pas être dans cet état !

Ici que la voile est un travail d'équipe - "comme un seul homme" ; et que s'il n'y a pas cette dynamique, cette confiance, cette cohésion, ni un commandement clair, ça merdouille aux manœuvres... 

Les petits moments + : la soirée chant, les rillettes de maquereau maison avec notre pêche du jour, les moules de Groix, le mouillage au Belon, au soleil de fin de journée et après la journée grêle, juste bien pour sécher ! La nav' de nuit, même courte et hors programme, nous a offert une jolie fin de stage. 

Le cerise sur le gâteau : pour ne pas rentrer tard à Paris le dernier soir, j'avais demandé un hébergement à Concarneau à une fille du réseau CouchSurfing. Bonne idée : la ville close vaut le détour, les plages de sable blanc aussi. Et la maison (ravissante) de mon hôtesse (super sympa) était...mitoyenne à la base des Glénans ! Soirée papotage et voile - cette fois-ci, la plus belle rencontre de stage s'est faite à terre.

24 mai 2013

Conseil à suivre ?


15 mai 2013

Rippling


...ou effet de rayonnement : le rippling fait référence au phénomène qui consiste à créer des vagues d'influences concentriques pouvant affecter autrui pendant des années, des générations, à l'infini. Sans le vouloir consciemment ou sans le savoir, nous laissons derrière nous des souvenirs de notre existence, une trace, une marque de sagesse, une action vertueuse, un conseil, un geste de réconfort qui se transmettent à d'autres comme les ondes concentriques créées par un caillou jeté dans une mare continuent à se propager jusqu'à devenir invisibles, mais existent encore à un niveau infinitésimal. 

La pensée que nous transmettons quelque chose de nous-mêmes, sans même en avoir conscience, offre une réponse probante à ceux qui prétendent que l'absence de sens et la terreur découlent inévitablement de notre finitude (...).

Tout thérapeute, tout individu dont la profession est de soigner prend conscience de l'effet de rayonnement quand, en aidant les patients à se transformer et à se développer, il déclenche une réaction en chaîne qui va du patient aux autres - conjoints, enfants, disciples ou amis. Et ceux d'entre nous qui ont la chance de rencontrer des années plus tard des enfants ou amis de nos anciens patients peuvent en faire directement l'expérience par eux-mêmes.

Irvin Yalom, L'art de la thérapie

Je ne pense d'ailleurs pas que cela ne concerne que les seuls soignants, mais tous les humains... et pour le pire comme pour le meilleur.

08 mai 2013

Vrai Lux(e)

Pierre Rabhi, Sixto Rodriguez "Sugar Man", deux documentaires vus sur du bouche-à-oreille, deux portraits d'hommes engagés, cohérents, profondément humanistes ; le film sur Rabhi est plein de pépites, comme son duo malicieux avec Edgar Morin ou sa parole, qui n'est pas seulement profonde mais profondément poétique (jolie anecdote sur notre spécifique capacité humaine d'admirer, de contempler). L'histoire de Rodriguez est incroyable, mais plus incroyables encore sont sa simplicité, son humilité, et ses chansons sont superbes... la scène de son premier concert en Afrique du Sud m'a émue aux larmes.

Dans le même temps, le bouquin de Martin Hirsch, recommandé par Marion, et la chanteuse Buika, fléchée par une patiente : même humanité "habitée", vivante, vibrante...

Je ne l'ai pas mis en oeuvre encore, mais je caresse le projet de faire un pêle-mêle de ces humains inspirants, espérants ; dans les découvertes récentes, j'y ajouterai encore le Higelin de Beau Repaire (quelle vitalité, quelle poésie, là aussi) et le dernier Yalom, inépuisable source d'inspiration dans mon travail... tous, pour la même raison (ou la même folie...) - quelque chose d'un rayonnement, d'une lumière intérieure.

03 mai 2013

Un petit coin de paradis


...contre un coin d'parapluie... même si la météo était changeante, une jolie maison avec jardin et piscine (bon, un peu glaciale, la piscine, hélas, mais table de ping-pong et badminton), un chat d'adoption (il faudra ajouter ça en critère d'échange : maison avec chat inclus :-)), des zouzous escaladant, hilares, la Dune du Pilat ou fredonnant Tryo, un ciné indépendant dans une église à Bordeaux, des parties de Just Dance endiablées avec la Za, une chouette librairie de BD, des repas au soleil dans le jardin, s'émouvoir devant Danse avec les loups ou pleurer de rire avec Florence Foresti (le parc...), du temps pour vivre, respirer, se reposer, si ce n'est pas le bonheur...ça y ressemble plus qu'un peu, non ? Douceur, simplicité, fluidité - ça suffit au mien, en tout cas.

02 mai 2013

Noces de cristal

C'est d'les voir, les épouses
Avec leur peau fanée
Avec leurs doigts zébrés
De diamants et d'or blanc (...)
C'est d'les voir, les épouses
Qui, de moins en moins belles
Virent jalouses et n'inspirent
Qu'un désir mensuel (...)
Je n'veux pas ressembler
Au commun des visages
Et porter le parfum
Des victimes du mariage
Je n'veux pas, par amour
Perdre pied comme une quille
Et tomber en famille
Et dev'nir un boulet
Quelle que soit la cheville
Que j'immobilis'rais
Et le célibataire
Que je m'attribuerais(...)
J'veux pas m'voir en épouse
Que l'on sort au théâtre
Qu'on chouchoute et qu'on gâte
En début d'relation
Puis qu'ensuite on n'aime plus
Que par obligation
Par promesse tenue
Par bonne résolution...
Lynda Lemay
N'empêche que... quinze ans après, j'ai le coeur lourd de chagrin, ce soir.