30 janvier 2015

What it means to have the heart of an empath

Une trouvaille Facebook, et l'impression immédiate d'être en terrain connu. De m'y reconnaître, ou d'y reconnaître les miens - ceux de ma famille de coeur, une tribu à laquelle j'appartiens. Pas tout le temps, pas avec cette intensité en permanence - et c'est tant mieux, car d'autres s'y sont brûlés (Rilke en parle très bien). Mais c'est une petite musique familière, intime, un choix aussi pour une part : ne jamais cesser de voir la beauté, l'humain - en tout cas, tendre vers cela.

The word ordinary ceases to exist in your dictionary.

Every experience resides on either end of an extreme.

Every day you see things that evoke so much emotion, your mood changes shades the same amount of times the sky does. It yo-yos between streaks of blue and glimmers of yellow—but never without silver linings of glitter. Life is but a giant paint palette of emotions, its colors too obscure to separate.

You’ll find poetry in every conversation you have, sheltered amongst breaths and pauses, sideways glances and tones in voices. No one else sees, hears or feels it. But you always do.

Your fingertips trace scars on lovers instead of perfect features.

You see stories in the eyes of passersby on the street because you see souls instead of irises. You brush past them wondering who they love, what they’ve lost, where they’re going and who they’re trying to be. Everyone and everything has a story you’re dying to memorize.

Your heart bleeds at the sight of beggars because you know that somewhere under those rags lies a treasured item they’ve muffled roars of hunger to keep. It could be anything—a rusty gold locket, an oversized coat handed down by a deceased parent,or a crumpled picture of a loved one they’ve lost.

Children in elevators fill your heart with so much joy, you always smile just a little wider the second their parents notice your gaze. You see the exhaustion in their polite smile, and picture the love they put into raising their children every day.

Oil spills in gutters look like mini rainbows. Raindrops on windshields look like fallen stars. Fizzy drinks in glasses look like the evening sea. There is no such thing as a mundane day, and boredom is a problem you’ll never be plagued with.

You enter rooms filled with strangers and feel suffocated by the invisible sparks of electricity flickering in the air. You can pinpoint who’s fighting or flirting without knowing either party from 20 feet away. Like a wet sponge, your body has this tendency of soaking up all the energy around you. Negativity gets sucked into your pores, and affects you so much it almost always ruins your day.

Not caring just isn’t an option.

No one has ever done you wrong, no matter how bad the crime, without you understanding why they did so. Friends seek your solace because they know you’ll help them realize what the person they’re angry at could be going through. This makes it virtually impossible for you to detest anyone. So you end up detesting yourself instead for never not understanding why.

But this very trait enables you to love the broken. You refuse to believe everyone isn’t good at heart even though this permanent naivety is usually what ends up stinging you.

To have the heart of an empath is both a blessing and a curse.

You have no control over the intensity of things you feel, or how other people’s feelings affect you. But empaths were born with copious amounts of compassion and endless empathy for a reason. In a world where people numb their feelings and ignore chaos, empaths are there to demand that feelings be felt.

To see the beauty in the details, and in sadness, too.

27 janvier 2015

Voyageur malgré lui

Cette oeuvre m'avait plu parce qu'elle exprimait ce que j'espérais des artistes - qu'ils dotent les choses d'une sens, quitte à l'inventer. Mon père en avait une interprétation opposée : pour lui, elle soulignait la relativité du savoir et de l'emprise des hommes sur le monde, dont le mystère resterait toujours aussi lisse et impénétrable qu'une cloche de verre. S'il était surtout attaché aux qualités esthétiques et à l’habilité technique des artistes, j'en attendais, pour ma part, une forme d'éveil, de révélation, quelque chose jaillissant comme une étincelle entre deux silex. J’aimais les considérer comme des systèmes à décoder, des énigmes à déchiffrer, des boîtes à secrets dont il fallait découvrir la clef, alors que mon père était un amoureux de la beauté, qui lui apparaissait comme une consolation.

Minh Tran Huy, Voyageur malgré lui

Joli titre, joli texte, jolis thèmes : l'errance, la mémoire, l'identité, la trace (le métier de la narratrice : enregistrer des ambiances sonores ; son rêve, capter l'infinie subtilité des silences...)

26 janvier 2015

Prendre soin

Un détail d'une des grandes fresques originales réalisées par Quentin Blake pour l'hôpital pédiatrique Armand Trousseau. Un détail qui m'est allé droit au cœur en patientant avec Elsa tant il exprimait sans les mots ce que je ressentais - l'indispensable alliance thérapeutique entre soignants et parents, la gratitude pour le filet de sécurité offert dans la traversée d'un moment difficile.

23 janvier 2015

Voir le monde

Ce matin en passant à côté d'une silhouette sous des couvertures sales dans la rue glaciale, j'ai d'abord pensé qu'avoir envie de pleurer à chaque SDF croisé était le signe que je ne vais pas très bien, ces jours. Et puis j'ai pensé que peut-être c'était l'inverse - que c'était peut-être l’indifférence des jours tranquilles qui était maladive, inhumaine. Un monde à l'envers.

21 janvier 2015

Un Dieu d'humour

TEXTE PRONONCÉ PAR LE RABBIN DELPHINE HORVILLEUR LORS DES FUNÉRAILLES D’ELSA CAYAT, LE 15 JANVIER 2015, REPRODUIT AVEC L’ACCORD DE LA FAMILLE.

(...) À l’heure qu’il est, Dieu est peut être déjà sur le divan d’Elsa.

Pourquoi vous raconter cette histoire ? Quel rapport a-t-elle avec Elsa ? En apprenant à découvrir son univers ces derniers jours, il m’a soudain semblé que cette histoire était très «cayatienne».

C’est l’histoire d’un divin qui rit et se réjouit d’une humanité impertinente, d’une humanité qui dit avec humour à son dieu  « Prière de ne pas déranger – nous sommes aux commandes ».

C’est l’histoire d’un dieu qui rit et se tient à distance, d’un dieu qui se réjouit qu’on lui dise : le monde est « athée », au sens littéral du terme, c’est à dire que Dieu s’en est retiré pour que les hommes agissent en êtres responsables. Ce dieu-là n’est pas le dieu des Juifs mais le dieu de tous ceux qui, croyant en lui ou n’y croyant pas, considèrent que la responsabilité est entre les mains des hommes, et tout particulièrement de ceux qui interprètent ses textes. Bref, un dieu de liberté.

Dans sa toute dernière chronique, publiée à titre posthume dans Charlie Hebdo, hier matin, Elsa écrit :« La souffrance humaine dérive de l’abus. Cet abus dérive de la croyance, c’est-à-dire de tout ce qu’on a bu, de tout ce qu’on a cru. »

Tel est son dernier et puissant message : Soyez assez libres pour dépasser tout ce qui vous a abusé, c’est à dire tout ce qu’on vous a fait ‘boire’ au biberon, tout ce qu’on vous a fait avaler tout cru, sans que vous ne l’ayez pensé, repensé et, surtout, interprété. Tel est l’héritage de la psychanalyse, de la pensée critique, et (je veux le croire) d’une pensée religieuse mature et vivante (...).

16 janvier 2015

Coriandre, vin rouge et chocolat noir

J'ai découvert récemment une jolie émission sur Inter, Remèdes à la mélancolie. En voici quelques-uns des miens : la coriandre, le vin rouge, le chocolat noir, un peu de douceur partagée.

14 janvier 2015

Girls and the City

J'en rêvais depuis que je travaille à la Cité : créer un groupe de parole pour les étudiants, ici, le projet concernait les étudiantes : un groupe pour créer du lien, échanger, un groupe de solidarité et d'entraide qui fédère et si possible à terme, s'étende et vive en dehors de ma proposition de rencontre mensuelle. Première édition ce mercredi : 12 participantes, toutes nationalités représentées ; des échanges incroyablement fluides et sincères ; une intelligence collective remarquable, qui me laisse penser que tous les espoirs sont permis pour que ce projet prenne de l'ampleur, devienne non seulement un outil de prévevention mais un espace de création. Yes !

11 janvier 2015

Vivre ensemble

Paradoxalement, ce fut une belle semaine avec les enfants. Une semaine d'échanges, de débats, de réflexion, une semaine pour grandir un peu vite peut-être, mais ouvrir autrement leur compréhension du monde. Une semaine forte et épuisante à la fois, émouvante aussi, pas seulement à travers le drame de Charlie - ces humoristes humanistes avec lesquels nous avons grandi ou l'angoisse, palpable dans la ville, le jour des prises d'otages, mais aussi grâce à ces échanges avec un Léo grandi, qui bâtit aujourd'hui sa propre réflexion, une Elsa touchée et inquiète mais toujours percutante : "Il ne faut pas se laisser abattre !", avait-elle proposé comme bannière pour la marche de ce dimanche. Idée reprise par le Canard Enchaîné la semaine suivante... (ils ont copié, c'est sûr). Une semaine qui s'est achevée sur cette marche sous le double signe de l'unité républicaine et familiale, puisque David est venu marcher avec nous - un moment fort, pour lequel je suis heureuse qu'ils nous aient vus marcher d'un même pas, soutenir les mêmes valeurs fondamentales. 

09 janvier 2015

Apprentis frondeurs

Page d'éducation civique sur l'attentat à Charlie Hebdo. Histoire d'alléger un peu l'atmosphère, je blague : Faites gaffe les mômes, je suis en train de vous transmettre une conscience de gauche...
Zaza : Bah c'est sûr qu’avec l'héritage qu'on aura tu vas pas nous transmettre une conscience de droite  !
Lulu : Tu vas finir à Charlie toi...

Léo, dans la salle de bains ce matin avec son plus beau sourire pince-sans-rire : Maman, je voudrais prendre la pilule !
Lulu, rigolarde : Par solidarité ?
Elsa : Oh oui moi aussi je voudrais prendre la pilule ! (Et, après un temps d'hésitation, sans doute sur la question des limites de l'humour parental) : Comme ça je pourrai me taper tous les mecs de ma classe !
Léo (avec zéro temps d'hésitation) : Ouais moi aussi je pourrai me taper tous les mecs de ma classe !

Bon, ben je crois que la leçon sur "Peut-on rire de tout ?" et la question de l'absurde et de la dérision est passée... :-)

07 janvier 2015

Minute de silence


01 janvier 2015

Best wishes