28 novembre 2020

2020

Et dire que le 11 janvier 2015, même Renaud voulait embrasser les flics...

27 novembre 2020

Humilité

Tiago Rodrigues, metteur en scène

(Peut-être cela a-t-il toujours été vrai... 
mais nous en prenons conscience seulement maintenant ?)

26 novembre 2020

Une bouffée d'air frais

 "Il faut fuir l’incrédulité ricanante, enflée de sa propre importance, fuir les triomphants prophètes de l’échec inévitable, fuir les pleureurs et vestales d’un passé avorté à jamais et barrant tout futur.

Et surtout, surtout, disons à nos enfants qu’ils arrivent sur terre quasiment au début d’une histoire et non pas à sa fin désenchantée. Ils en sont encore aux tout premiers chapitres d’une longue et fabuleuse épopée dont ils seront, non pas les rouages muets, mais au contraire, les inévitables auteurs.

Il faut qu’ils sachent que, ô merveille, ils ont une œuvre, faite de mille œuvres, à accomplir, ensemble, avec leurs enfants et les enfants de leurs enfants.

Disons-le, haut et fort, car, beaucoup d’entre eux ont entendu le contraire, et je crois, moi, que cela les désespère.

Quel plus riche héritage pouvons-nous léguer à nos enfants que la joie de savoir que la genèse n’est pas encore terminée et qu’elle leur appartient."

Ariane Mnouchkine

20 novembre 2020

Belles et rebelles


Parce que la chaleur humaine et les rires partagés passent avant la crainte du virus. Choisir entre deux urgences, aller à l'essentiel : être en lien, être ensemble. Encore meilleur parce que c'était une surprise ! Je ne pouvais pas rêver plus beau cadeau - nous voir tous réunis ce soir-là.

15 novembre 2020

Un envoi d'Elsa


12 novembre 2020

Je n'ai pas vu les sables mouvants

Ce soir j'ai reçu par la Poste un cadeau qui m'a fait fondre en larmes. De la part d'une jeune femme que j'ai accompagnée jusqu'à l'été dernier. Ce cadeau est le premier tome du journal d'une renaissance, le récit de ces mois qui l'ont vue sombrer, puis se remettre debout, et de ce qui l'a conduite jusque là. Un petit livre imprimé en auto-édition, illustré de dessins originaux, accompagné d'une lettre rédigée par la jeune femme sur une face, par sa mère sur l'autre.

Celle-ci écrit : (...) si la vie est faite de rencontres, nous sommes heureux que vos chemins se soient croisés. Même éloignée (confinement, puis retour en province), vous lui avez encore tenu la main (...). Nous ne vous connaissons pas, mais nous sommes heureux que d'autres puissent bénéficier de votre écoute et de vos conseils. 

L'étudiante elle, a pris le temps de marquer les pages me concernant d'un petit signet. Si vous pouviez les lire, surtout celles de la fin, c'est en ces pages que réside mon véritable cadeau. 

Je les ai lues bien sûr. Et oui, ces dernières pages sont un inestimable cadeau, qui tombe à point nommé, dans ces jours où me hante la tentation d'abandonner, de changer de métier, de cesser de me confronter sans relâche à la détresse psychique alors que l'impuissance me submerge quant à celle qui règne à la maison. Alors merci à vous Chloé, d'accord, je vais continuer. Vous m'avez redonné courage.

Last but not least : le livre s'appelle "Je n'ai pas vu les sables mouvants". Et il est sous-titré "Partie 1 : Comprendre et accepter l'épuisement". Ce même soir, Anna D. m'a dit, si j'étais votre médecin, je vous ferais hospitaliser. Parce que ce n'est pas chez vous que vous allez pouvoir vous reposer. Et aussi quelque chose sur la folie qu'il y a à ne pas reconnaître ses propres limites pendant qu'il en est encore temps. Ces deux messages, ce même soir - ça m'interpelle, comme une paire de claques aimantes et vigoureuses - et toi, est-ce que tu les vois, les sables mouvants ?

11 novembre 2020

Un jour gris

08 novembre 2020

Un monde parfait

C'est un monde parfait, presque aussi parfait qu'il est plat...

Ces jours-ci j'ai constamment les chansons des Innocents dans la tête - comme une tentative de me relier à celle que j'étais hier et qui me semble si loin déjà, ou simplement, parce que ces bribes me parlent d'aujourd'hui, comme ici

Sans l'espoir d'apprendre à leur apprendre
À ne pas compter les heures
Qui s'enroulent et qui meurent
Que leur dire ?
Qu'ils viennent sur terre juste pour y répandre
Un peu d'amour et quelques cendres (...)

Ou encore :

Et je m'éloigne pour savoir enfin tout ce qu'on gagne à n'être qu'en chemin
Je vais à Bang-Bang sécher au vent mon coeur humide de ses rêves qui fondent           
M'échouer à Bang-Bang trouver le temps d'attendre un guide qui n'est pas de ce monde
Qui sait ?

Ou même celle-ci, qui parle si délicatement du dés-espoir...

Partir, rouler jusqu'à la mer
Prendre un navire, voir s'éloigner la terre
Partir, maintenant ou jamais
Ou jamais

Jodie, c'est là que tu descends
Jodie, referme ton roman
Referme la page, laisse partir ce train
Tu sais, le grand voyage ce n'est pas pour demain
Jodie, tu descends là
Jodie, tu descends là
Jodie

03 novembre 2020

Réciprocités

Contre toute attente, je suis heureuse de pouvoir continuer à travailler. Pour des raisons matérielles évidentes, mais aussi et surtout parce je garde ma liberté d'aller et venir. De sortir de la maison. D'échanger avec d'autres humains, de me confronter à d'autres détresses que celles qui règnent ici. D'être émue par d'autres êtres, pour qui la vie n'est pas plus simple ; d'être touchée par leur courage et leur engagement dans leur volonté d'aller sinon bien, en tout cas de leur mieux ; et, parce que nous avons les patients qui nous ressemblent sans doute (je n'ose pas écrire, que nous méritons), j'ai le sentiment d'être parfois moi-même aidée par la teneur de nos échanges, comme dans le billet précédent. 

Parce qu'ils sont inspirants, me donnent envie de lire, d'écrire, de voir ce film dont ils parlent, et même de danser. Il y a celle qui profite de cette immobilité forcée pour explorer toutes les nuances d'une chanson au travers d'un projet de chorégraphie. Celui qui interroge sa représentation du couple et de la fidélité en faisant dialoguer son projet de mémoire et sa propre expérience. 

Il y a celle qui me raconte l'apprivoisement de ses peurs au hasard d'une sortie au parc d'attractions, son émerveillement lors d'une dernière visite au Louvre, juste avant le confinement - la façon dont la beauté l'a emportée, et le partage de cette émotion avec la classe qu'elle accompagnait. Celui qui raconte comment la littérature et l'histoire le sauvent, lui qui relit Camus, Dante et les stoïciens. 

En fait, même si ceux qui parlent le langage de la culture et la création me touchent tout particulièrement, j'ai le sentiment de recevoir de chacun. Et dans ce moment, c'est une ressource inespérée et précieuse.

01 novembre 2020

Ouvertures

Une patiente artiste me dit, paradoxalement, peut-être que nous les intermittents du spectacle sommes les mieux armés pour vivre cette période : cette incertitude constante, nous l'avons acceptée, nous savons la vivre ; et nous avons nos mots, nos musiques, notre capacité de créer et de symboliser, toujours à notre portée...

La même me raconte que, lorsqu'un attentat a lieu dans un pays du Maghreb, pendant 24h, les médias ne diffusent plus que des versets chantés du Coran. Nous sourions à l'idée que l'idée risque de ne pas prendre en France ; mais sérieusement, 24h de prière et de musique, un temps de deuil et de retour à soi, le silence imposé aux commentateurs de toute espèce, à la récupération obscène, aux experts de leur propre discours, ce ne serait pas une magnifique idée ?