"Je suis ravi de gagner ma vie en disant ce que je ne m'attendais pas à dire." Ca me plaît. La liberté d'être soi, l'émergence, la reconnaissance de la richesse humaine propre à chacun comme matière première, fonds de commerce. Un autre cadeau du même monsieur, une citation de Nietzche paraît-il écrite à l'encre sympathique sur les murs de ses locaux : "Ce n'est pas moi qui suis fou, ce sont les autres qui sont normaux." Et encore : "Ici, nous nous intéressons immodéremment à la personne." Venue accomplir une formalité administrative, je suis repartie en me demandant ce que je pourrais effectivement amener dans ce monde-là - celui de l'entreprise - précisément parce que je suis issue d'un autre - celui du soin et de la relation.
To care : j'aime ce mot, qui dit à la fois la précaution, l'attention, la responsabilité, le souci, l'importance, le soin. Care box : un néologisme pour quelque chose comme, boîte à attention (littéralement en anglais imaginaire, trousse de secours).
27 mars 2008
25 mars 2008
L'essentiel et l'accessoire
Où peut-on écrire et lire - sans rire ! - des perles de ce genre ? Dans mon Elle, chaque semaine... Y a pas à dire, c'est un métier, rédactrice de mode. J'adore. J'adore savoir chaque semaine que les ballerines sont les nouvelles babies, ou le jean large (que je n'ai pas manqué d'acheter, et même plus, de me faire offrir...) le nouveau slim.
Plus l'insecte est incongru, plus la tenue sera classe. Une chaînette matinée d'araignées et un beau tailleur-pantalon : c'est glam' et mystérieux. (Ah oui ?!?)
Les socques : ça ressemble à nos compensées bois chéries... mais le twist créatif en sus ! A chic-iser absolument. Ces chaussures-là font un effort luxe, à vous de poursuivre le propos avec une tenue cocktail. (C'est vrai que ça donne tout de suite un sujet de conversation...)
...un sac peut se gérer à toute heure. Usuel pour prendre l'avion, il apporte une touche de chic à une tenue décontractée. Party-cool en soirée, il soutient très bien la mini-robe de nuit. Au top pour la vie de tous les jours, il veut bien partager jean et top trop lâche pour conserver un minimum de distinction. (Sans blague ?)
Plus l'insecte est incongru, plus la tenue sera classe. Une chaînette matinée d'araignées et un beau tailleur-pantalon : c'est glam' et mystérieux. (Ah oui ?!?)
Les socques : ça ressemble à nos compensées bois chéries... mais le twist créatif en sus ! A chic-iser absolument. Ces chaussures-là font un effort luxe, à vous de poursuivre le propos avec une tenue cocktail. (C'est vrai que ça donne tout de suite un sujet de conversation...)
...un sac peut se gérer à toute heure. Usuel pour prendre l'avion, il apporte une touche de chic à une tenue décontractée. Party-cool en soirée, il soutient très bien la mini-robe de nuit. Au top pour la vie de tous les jours, il veut bien partager jean et top trop lâche pour conserver un minimum de distinction. (Sans blague ?)
Bijoux et babioles
Le téléchargement, c'est souvent de la consommation musicale fast-food - vite désiré (la sortie de tel ou tel nouvel album), vite écouté (sans l'attention autrefois consacrée à l'écoute d'un nouveau disque), vite oublié. Ce qui passe la première écoute - parce que c'est facile, sans aspérités - easy listening - ne passe généralement pas la deuxième - parce qu'ennuyeux ou convenu, et basta, hop ! A la corbeille et au suivant. Quelquefois un titre sort du lot... Je me rends compte que je ne prends pas toujours le temps d'écouter chaque chanson en entier - ça m'interroge, parfois. Alors, quand une première chanson me séduit, que la deuxième me fait rire, et que de fil en aiguille j'écoute l'album intégralement, ravie par les atmosphères successives, le travail des textes, l'interprétation malicieuse, c'est l'exception qui confirme la régle ! Plaisir intégral, les Bijoux et babioles de Juliette. C'est intelligent, drôle, parfois émouvant (Aller sans retour), merveilleusement écrit, et finement interprété. Rien à jeter ! Juliette sait raconter les histoires, manie la langue avec une élégance rare, et nous balade avec bonheur... celui-là - je vais l'acheter.
19 mars 2008
Je rêve !
Ce matin, je m'accroche avec la Zaza sur une histoire de chaussons. Après avoir insisté à plusieurs reprises, cherché à sa place lesdits chaussons dans le souk qui lui tient lieu de chambre, je monte le son et lui enfile manu militari ses ballerines rouges. Deux minutes après, je vois arriver une Elsa pieds nus et furibarde qui me dit (texto !) : Toi tu peux pas CONTROLER MA VIE ! C'est moi qui dois décider si je mets mes chaussons ou pas ! Parce que moi je suis grande ! Et Mammie quand j'enlève mes chaussons elle me laisse TRANQUILLE ! (Pfouuuuu ! Qu'est-ce que ce sera quand elle aura quatorze ans... En attendant, inutile de dire qu'elle a bénéficié d'un net rappel à propos de qui décide pour elle, jusqu'à nouvel ordre... ainsi que sur les différences éducatives inter-générationnelles...)
Déboussolée
Hier – deux fois seize adolescents, les mêmes questions qu’à l’accoutumée sur le corps, ses transformations, la rencontre avec l’autre, l’abîme entre les représentations de la sexualité dans cette société et ce qu’ils ressentent, vivent, espèrent. A l’issue de l’intervention, comme souvent un mot de gratitude sur le discours que j’essaie de leur tenir, que j’espère à la fois respectueux et sans hypocrisie. Mais aussi, pour moi, une interrogation : qu’est-ce qu’il en restera le jour venu ? Est-ce que ça leur est vraiment utile ? Ou s’agit-il d’un alibi, pour l’école et les parents, qui se défaussent d’une mission délicate, pour moi, qui vient défendre – quoi ? Une certaine idée du lien et de la parole…
Hier – une Ivoirienne de 28 ans, qui vit quasi-recluse depuis dix ans, affolée à l’idée d’être ramenée chez elle de force, et que la dépression pousse aujourd’hui à demander enfin de l’aide, s’appuyer sur les services sociaux, faire enfin confiance : « C’était ça ou je devenais folle. » Hébergements précaires, ménages au noir « Je ne voulais pas descendre sur le trottoir, ça ce n’était pas possible », amours hasardeuses et souvent déçues, la télévision et ses reportages sur les retours en charter pour principale compagne, la famille là-bas, fière d’avoir une fille en France et qui la croit heureuse, s’étonne qu’elle n’aie pas les moyens de revenir les visiter… Une jeune femme ravissante, qui s’étonne de retrouver la parole, essuie une larme discrète, et escamote le tout sous le grand rire des africaines – même pas mal, même pas peur.
Hier – l’ébauche d’un projet d’interventions sur les relations garçons-filles, dans des classes où une gamine de treize ans a été violée par deux de ses camarades.
Hier – un joli bébé sur les genoux d’une collègue, dont je reconnais la mère au sortir du cabinet de gynécologie – ce bébé-là arrive après une glaçante série de fausses-couches, une ITG et une mort fœtale – quels fantômes y a-t-il derrière ces grands yeux noirs bordés de longs cils ?
Hier – dans la salle d’attente, la petite Guyanaise du post du 6 février, qui accompagne sa très enceinte copine et s’excuse d’avoir manqué son propre rendez-vous – que s’est-il passé ? Son amoureux a changé d’avis, elle a avorté la semaine passée à sa demande, comment se sent-elle ? Apparemment souriante – pas de trace perceptible, il n’est rien arrivé, cette promesse de maternité s’est évanouie, voilà tout.
Hier – une équipe désorientée par une jeune majeure désormais hors délais pour interrompre sa grossesse, et qui multiplie les passages à l’acte, nous transmet intacts son désordre et son impuissance – et je me lasse, de ne pas arriver à enclencher la pensée, de ne pas parvenir à faire saisir que nous ne sommes pas responsables de ce qui la meut et la dépasse, mais que nous avons au contraire à nous en dégager pour espérer la contenir…
Hier – je suis rentrée épuisée, découragée, à fleur de peau. Me demandant quel sens pouvait bien avoir ma présence au milieu de tout cela, et si j’évaluais réellement l’impact de cette place pour moi et les miens. La crise de larmes, la nuit passée – pour quoi, pour qui ?
Hier – une Ivoirienne de 28 ans, qui vit quasi-recluse depuis dix ans, affolée à l’idée d’être ramenée chez elle de force, et que la dépression pousse aujourd’hui à demander enfin de l’aide, s’appuyer sur les services sociaux, faire enfin confiance : « C’était ça ou je devenais folle. » Hébergements précaires, ménages au noir « Je ne voulais pas descendre sur le trottoir, ça ce n’était pas possible », amours hasardeuses et souvent déçues, la télévision et ses reportages sur les retours en charter pour principale compagne, la famille là-bas, fière d’avoir une fille en France et qui la croit heureuse, s’étonne qu’elle n’aie pas les moyens de revenir les visiter… Une jeune femme ravissante, qui s’étonne de retrouver la parole, essuie une larme discrète, et escamote le tout sous le grand rire des africaines – même pas mal, même pas peur.
Hier – l’ébauche d’un projet d’interventions sur les relations garçons-filles, dans des classes où une gamine de treize ans a été violée par deux de ses camarades.
Hier – un joli bébé sur les genoux d’une collègue, dont je reconnais la mère au sortir du cabinet de gynécologie – ce bébé-là arrive après une glaçante série de fausses-couches, une ITG et une mort fœtale – quels fantômes y a-t-il derrière ces grands yeux noirs bordés de longs cils ?
Hier – dans la salle d’attente, la petite Guyanaise du post du 6 février, qui accompagne sa très enceinte copine et s’excuse d’avoir manqué son propre rendez-vous – que s’est-il passé ? Son amoureux a changé d’avis, elle a avorté la semaine passée à sa demande, comment se sent-elle ? Apparemment souriante – pas de trace perceptible, il n’est rien arrivé, cette promesse de maternité s’est évanouie, voilà tout.
Hier – une équipe désorientée par une jeune majeure désormais hors délais pour interrompre sa grossesse, et qui multiplie les passages à l’acte, nous transmet intacts son désordre et son impuissance – et je me lasse, de ne pas arriver à enclencher la pensée, de ne pas parvenir à faire saisir que nous ne sommes pas responsables de ce qui la meut et la dépasse, mais que nous avons au contraire à nous en dégager pour espérer la contenir…
Hier – je suis rentrée épuisée, découragée, à fleur de peau. Me demandant quel sens pouvait bien avoir ma présence au milieu de tout cela, et si j’évaluais réellement l’impact de cette place pour moi et les miens. La crise de larmes, la nuit passée – pour quoi, pour qui ?
13 mars 2008
Ecole(s) de vie
Et j’essaie que ma baraque soit surtout une école de vie. Elle doit faire prendre conscience à chacun de ses possibilités ou de ses impossibilités d’exercer ce métier. Si tout le monde peut être acteur, tout le monde ne peut pas être acteur de profession. C’est en se frottant aux obstacles qui jalonnent notre profession que l’élève doit découvrir par lui-même s’il est fait ou non pour ça. Il faut savoir bifurquer, et notamment grâce à l’école. Notre travail est d’y guider le rêve pour mieux accéder à la raison. …
Comment s’enseigne-t-il (l’art théâtral)? En essayant de « dé-censurer » la personne, d’exhumer son imaginaire le plus enfoui, de l’enrichir. Mais il faut faire très attention, car « chaque individu possède des possibilités qu’il est beaucoup plus facile de bloquer que de faire éclore ».
Interview François Florent (directeur du cours du même nom !), Télérama mars 2008.
Elle a dit, c'est important, trouver de la souplesse, parce que pour être thérapeute il faut pouvoir offrir cette souplesse, cette ouverture... une autorisation à ne pas se faire violence, à respecter son rythme propre. Elle a dit, il n'y a pas quelque chose comme une bonne ou une mauvaise élève... ce n'est pas important, ne pas tout faire. Elle a dit, vous ne trouverez pas tout, dans le sens de l'exhaustivité - mais vous trouverez à votre arrivée, le tout dans cette continuité, de tout ce qui s'est déposé auparavant. Elle a dit quelquefois un petit bout suffit à comprendre, et à avancer - comme dans le temps d'un entretien il n'y a pas tout, et ce n'est pas grave.
"Les chemins il y a un poète espagnol qui dit Caminante no hay camino se hace camino al andar. Je traduis Marcheur il n y a pas de chemin c'est nous qui faisons le chemin en marchant."
Berta Vega, formatrice Cifp
Comment s’enseigne-t-il (l’art théâtral)? En essayant de « dé-censurer » la personne, d’exhumer son imaginaire le plus enfoui, de l’enrichir. Mais il faut faire très attention, car « chaque individu possède des possibilités qu’il est beaucoup plus facile de bloquer que de faire éclore ».
Interview François Florent (directeur du cours du même nom !), Télérama mars 2008.
Elle a dit, c'est important, trouver de la souplesse, parce que pour être thérapeute il faut pouvoir offrir cette souplesse, cette ouverture... une autorisation à ne pas se faire violence, à respecter son rythme propre. Elle a dit, il n'y a pas quelque chose comme une bonne ou une mauvaise élève... ce n'est pas important, ne pas tout faire. Elle a dit, vous ne trouverez pas tout, dans le sens de l'exhaustivité - mais vous trouverez à votre arrivée, le tout dans cette continuité, de tout ce qui s'est déposé auparavant. Elle a dit quelquefois un petit bout suffit à comprendre, et à avancer - comme dans le temps d'un entretien il n'y a pas tout, et ce n'est pas grave.
"Les chemins il y a un poète espagnol qui dit Caminante no hay camino se hace camino al andar. Je traduis Marcheur il n y a pas de chemin c'est nous qui faisons le chemin en marchant."
Berta Vega, formatrice Cifp
12 mars 2008
La Consolante
Et puis, ça n’existe pas, des gens pas amochés par la vie. (…) et c’est plutôt une chance, d’être ou d’avoir été amoché par la vie. C’est signe que c’est vivant à l’intérieur, que ça palpite encore. (…) Si je vous demande si vous êtes cabossée par la vie, vous aussi ? Ce serait indécent de répondre oui. Vous la connaissez, ma théorie de l’orange ? Non, eh bien l’orange, c’est la Terre. La minuscule étiquette, là, ce sont les gens qui mangent à leur faim tous les jours. Maintenant, déchirez-la en deux, cette étiquette, et ne recollez que la moitié. Elle représente les habitants de cette planète qui font trois repas par jour et qui sont aimés. Si vous avez l’honnêteté de reconnaître que, oui, vous vous trouvez sur ce minuscule bout de papier, alors chut… Mais on a quand même le droit de se plaindre, heureusement !
Interview Anna Gavalda
Interview Anna Gavalda
02 mars 2008
Parenthèse
Une maison sous les toits, huit jours de silence et de solitude, huit jours d'échanges et d'amitié, huit jours pour lire, écrire et réfléchir, boire des litres de thé Mariage, acheter LE jean parfait, aller voir les tendres clichés de Boubat et les délires devenus oeuvres d'art de Louise Bourgeois, tester le Vélib', craquer pour les tissus chinois de Petit Pan, boire un verre de vin chez La belle Hortense, découvrir une jazzeuse petite Za et un duo lyrique à Saint-Merri, aller au cinéma - le délicieux Be kind rewind et PS I love you, parfait navet dont surnage cette phrase : Nous sommes tous seuls. Mais c'est ce qui nous rassemble. Cette idée m'aide, parfois.
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