26 août 2023

Mais oui !

 Tout à l'heure, en rentrant, un instant magique : je marchais dans dans la rue, et j'ai senti une petite main se glisser dans la mienne.

J'ai baissé les yeux, c'était un petit garçon d'environ 6 ans. On a fait quelques pas ensemble, j'ai gardé quelques savoureuses secondes cette petite main, ce petit garçon qui marchait, confiant, avec moi ... et puis je lui ai parlé doucement et j'ai cherché sa mère, qui était un peu plus loin. 

Il marchait perdu dans ses pensées sans doute, il avait pris ma main sans lever la tête, il s'était juste trompé de maman.

Mais j'ai adoré son regard quand je lui ai parlé, quand il a levé les yeux vers moi ... c'était tout sauf de la peur.

J'ai adoré ce moment.

La vie est magnifique parfois.

Céline

01 août 2023

(Res)sources


Un road trip aller-retour vers le Portugal avec une improbable tribu - Samir, son meilleur ami, les jumeaux et une ado de 14 ans ? Même pas peur. J'avais confiance, un bon feeling à propos de Jean et d'Emma, que je n'avais pourtant vus que le temps d'un dîner, et le goût des expériences inédites. Bien m'en a pris. 

Il y avait TRES longtemps que je n'avais pas pris de vacances comme celles-ci, sans alibi géographique ou culturel. En Algarve, si les plages sont magnifiques, pas de musées ou de châteaux, mais la mer, le soleil, et la piscine de la maison. Rien d'autre. Des heures chaudes pour lire ou faire la sieste. Un coup de vent rafraîchissant le soir - l'Atlantique est à quelques minutes de marche. Un temps long, tranquille, profondément ressourçant, qui m'a replongée dans des sensations de vacances d'enfance : le sable brûlant, les draps frais de la sieste, le goût du melon, la peau salée qui tiraille un peu, vivre en maillot de bain. Une déconnexion totale des patients, des soucis et du monde. Et des bonheurs en colliers de perles :

- Je me suis baignée en mer, tous les jours, parfois plusieurs fois par jour. Karen Blixen écrit, l'eau salée guérit de tout - la mer, la sueur ou les larmes - c'est vrai. C'est comme se reconnecter directement à soi et à l'univers en même temps, une prise directe avec l'énergie de la vie. Le matin. Le soir. Et même, pour la toute dernière baignade, à la nuit tombée. 

- Mais j'ai aussi aimé cette piscine à la même température que l'air ou presque, où nous plongions dix fois par jour, où nous avons nagé sous les étoiles, chahuté en plein midi.

- Et cette famille provisoire avec laquelle cuisiner, jouer, bavarder - j'avais emmené de quoi dessiner, faire des jeux de société, un atelier d'origami, qui m'a évoqué tellement de souvenirs, avec Léo et Elsa bien sûr, mais aussi avec Cyril et Clara, avec Paul... 

- Et les étapes du voyage - la jolie nuit chez Ghislaine à l'aller, qui nous a reçus avec le grand coeur qui est le sien, et la nuit en refuge de pèlerins de Compostelle au retour - deux moments pleins du charme de l'inattendu : voir jouer les jumeaux et Neela, discuter synchronicités, dormir à 6 dans un dortoir, qui l'aurait prédit ?

- J'ai lu, tellement : Circé, de Madeline Miller, offert par Hugo, une version féminine de l'épisode bien connu de l'Odyssée. Les débuts, de Claire Marin, intéressant. Orgueil et préjugés, Jane Austen bien sûr. Chavirer, de Lola Lafont. Troublant. Le coeur synthétique, de Chloé Delaume - décevant. Beloved, de Toni Morrisson, magnifique à bien des titres mais si dur qu'à l'heure où j'écris, je ne l'ai pas encore achevé. Ma vie sur la route, de Gloria Steinem, si inspirant que j'ai enchaîné en rentrant avec La révolution intérieure - parfait exemple du livre qui apparaît exactement au moment où on en a besoin. Des plumes féminines et féministes, toutes. 

Je constate que désormais chaque jour ou presque je me surprends à faire des arrêts sur image, avec une conscience de plus en plus aiguë de la valeur de ce que je vis au moment où je le vis. Ce n'est pas nouveau, je pense qu'enfant j'avais déjà cette espèce de nostalgie au coeur de l'instant. C'est une des raisons d'être de ce blog d'ailleurs - préserver... Jeune adulte, j'avais écrit :

"Le regret déjà de la seconde écoulée, avant même la seconde passée. Comme une tentative dérisoire, minuscule, de se protéger de cette douleur-là : ceci ne sera plus, et nous le savons."

La bonne nouvelle c'est qu'aujourd'hui, cette attention à l'instant je ne la ressens plus comme une douleur, mais comme une occasion de gratitude, un grand MERCI silencieux, la conscience de faire provision de bonheur.