To care : j'aime ce mot, qui dit à la fois la précaution, l'attention, la responsabilité, le souci, l'importance, le soin. Care box : un néologisme pour quelque chose comme, boîte à attention (littéralement en anglais imaginaire, trousse de secours).
31 décembre 2020
30 décembre 2020
Jeanette
La vérité est une chose très complexe pour tout un chacun (...). Nous taisons tant de ces choses trop douloureuses. Nous faisons le vœu que ce que nous pouvons raconter apaisera le reste, l'atténuera d'une façon ou d'une autre. Les histoires sont là pour compenser face à un monde déloyal, injuste, hors de contrôle. Raconter une histoire permet d'exercer un contrôle tout en laissant un espace, une ouverture. C'est une version, mais qui n'est jamais définitive. On se prend à espérer que les silences seront entendus par quelqu'un d'autre, pour que l'histoire perdure, soit de nouveau racontée. En écrivant, on offre le silence autant que l'histoire. Les mots sont la part du silence qui peut être exprimée.
Jeanette Winterson, Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?
Et c'est juste une des perles de ce petit trésor... quel bonheur de lecture ! J'ai ri souvent, été émue aux larmes tout autant. Et ça faisait longtemps, si longtemps que je n'avais pas éprouvé le besoin de lire un crayon à la main, pour retrouver ensuite chacun des passages qui m'est allé droit au coeur, longtemps que je n'avais pas eu immédiatement envie d'offrir ce même livre à ceux que j'aime, longtemps que je n'avais pas négocié avec le temps pour finir la page, le chapitre, le livre avant de revenir à la vie dite... normale.
25 décembre 2020
Un Noël si fragile
20 décembre 2020
12 décembre 2020
Let it snow, let it snow, let it snow...
11 décembre 2020
Garder la flamme
- L'enfance ça représente quoi pour vous, Anouk ?
- Peut-être c'est ce qu'on était avant qu'on nous fasse tout ça. Cette chose qui était intacte et qui, tous les jours, risque de s'abîmer, voire de s'éteindre, et qu'il faut rallumer, c'est... Des fois je vois les enfants dans les poussettes, les petits enfants, et je me souviens d'avant, quand je savais pas que la vie ce serait... comme ça, je me souviens que j'avais confiance. Et cette confiance, elle est tous les jours abîmée, et tous les jours, je veux la rallumer.
Anouk Grinberg dans Boomerang
03 décembre 2020
28 novembre 2020
27 novembre 2020
26 novembre 2020
Une bouffée d'air frais
"Il faut fuir l’incrédulité ricanante, enflée de sa propre importance, fuir les triomphants prophètes de l’échec inévitable, fuir les pleureurs et vestales d’un passé avorté à jamais et barrant tout futur.
Et surtout, surtout, disons à nos enfants qu’ils arrivent sur terre quasiment au début d’une histoire et non pas à sa fin désenchantée. Ils en sont encore aux tout premiers chapitres d’une longue et fabuleuse épopée dont ils seront, non pas les rouages muets, mais au contraire, les inévitables auteurs.
Il faut qu’ils sachent que, ô merveille, ils ont une œuvre, faite de mille œuvres, à accomplir, ensemble, avec leurs enfants et les enfants de leurs enfants.
Disons-le, haut et fort, car, beaucoup d’entre eux ont entendu le contraire, et je crois, moi, que cela les désespère.
Quel plus riche héritage pouvons-nous léguer à nos enfants que la joie de savoir que la genèse n’est pas encore terminée et qu’elle leur appartient."
Ariane Mnouchkine
20 novembre 2020
Belles et rebelles
15 novembre 2020
12 novembre 2020
Je n'ai pas vu les sables mouvants
Ce soir j'ai reçu par la Poste un cadeau qui m'a fait fondre en larmes. De la part d'une jeune femme que j'ai accompagnée jusqu'à l'été dernier. Ce cadeau est le premier tome du journal d'une renaissance, le récit de ces mois qui l'ont vue sombrer, puis se remettre debout, et de ce qui l'a conduite jusque là. Un petit livre imprimé en auto-édition, illustré de dessins originaux, accompagné d'une lettre rédigée par la jeune femme sur une face, par sa mère sur l'autre.
Celle-ci écrit : (...) si la vie est faite de rencontres, nous sommes heureux que vos chemins se soient croisés. Même éloignée (confinement, puis retour en province), vous lui avez encore tenu la main (...). Nous ne vous connaissons pas, mais nous sommes heureux que d'autres puissent bénéficier de votre écoute et de vos conseils.
L'étudiante elle, a pris le temps de marquer les pages me concernant d'un petit signet. Si vous pouviez les lire, surtout celles de la fin, c'est en ces pages que réside mon véritable cadeau.
Je les ai lues bien sûr. Et oui, ces dernières pages sont un inestimable cadeau, qui tombe à point nommé, dans ces jours où me hante la tentation d'abandonner, de changer de métier, de cesser de me confronter sans relâche à la détresse psychique alors que l'impuissance me submerge quant à celle qui règne à la maison. Alors merci à vous Chloé, d'accord, je vais continuer. Vous m'avez redonné courage.
Last but not least : le livre s'appelle "Je n'ai pas vu les sables mouvants". Et il est sous-titré "Partie 1 : Comprendre et accepter l'épuisement". Ce même soir, Anna D. m'a dit, si j'étais votre médecin, je vous ferais hospitaliser. Parce que ce n'est pas chez vous que vous allez pouvoir vous reposer. Et aussi quelque chose sur la folie qu'il y a à ne pas reconnaître ses propres limites pendant qu'il en est encore temps. Ces deux messages, ce même soir - ça m'interpelle, comme une paire de claques aimantes et vigoureuses - et toi, est-ce que tu les vois, les sables mouvants ?
11 novembre 2020
08 novembre 2020
Un monde parfait
C'est un monde parfait, presque aussi parfait qu'il est plat...
Ces jours-ci j'ai constamment les chansons des Innocents dans la tête - comme une tentative de me relier à celle que j'étais hier et qui me semble si loin déjà, ou simplement, parce que ces bribes me parlent d'aujourd'hui, comme ici :
Sans l'espoir d'apprendre à leur apprendre
À ne pas compter les heures
Qui s'enroulent et qui meurent
Que leur dire ?
Qu'ils viennent sur terre juste pour y répandre
Un peu d'amour et quelques cendres (...)
Ou encore :
Et je m'éloigne pour savoir enfin tout ce qu'on gagne à n'être qu'en chemin
Je vais à Bang-Bang sécher au vent mon coeur humide de ses rêves qui fondent
M'échouer à Bang-Bang trouver le temps d'attendre un guide qui n'est pas de ce monde
Qui sait ?
Ou même celle-ci, qui parle si délicatement du dés-espoir...
Partir, rouler jusqu'à la mer
Prendre un navire, voir s'éloigner la terre
Partir, maintenant ou jamais
Ou jamais
Jodie, c'est là que tu descends
Jodie, referme ton roman
Referme la page, laisse partir ce train
Tu sais, le grand voyage ce n'est pas pour demain
Jodie, tu descends là
Jodie, tu descends là
Jodie
03 novembre 2020
Réciprocités
Contre toute attente, je suis heureuse de pouvoir continuer à travailler. Pour des raisons matérielles évidentes, mais aussi et surtout parce je garde ma liberté d'aller et venir. De sortir de la maison. D'échanger avec d'autres humains, de me confronter à d'autres détresses que celles qui règnent ici. D'être émue par d'autres êtres, pour qui la vie n'est pas plus simple ; d'être touchée par leur courage et leur engagement dans leur volonté d'aller sinon bien, en tout cas de leur mieux ; et, parce que nous avons les patients qui nous ressemblent sans doute (je n'ose pas écrire, que nous méritons), j'ai le sentiment d'être parfois moi-même aidée par la teneur de nos échanges, comme dans le billet précédent.
Parce qu'ils sont inspirants, me donnent envie de lire, d'écrire, de voir ce film dont ils parlent, et même de danser. Il y a celle qui profite de cette immobilité forcée pour explorer toutes les nuances d'une chanson au travers d'un projet de chorégraphie. Celui qui interroge sa représentation du couple et de la fidélité en faisant dialoguer son projet de mémoire et sa propre expérience.
Il y a celle qui me raconte l'apprivoisement de ses peurs au hasard d'une sortie au parc d'attractions, son émerveillement lors d'une dernière visite au Louvre, juste avant le confinement - la façon dont la beauté l'a emportée, et le partage de cette émotion avec la classe qu'elle accompagnait. Celui qui raconte comment la littérature et l'histoire le sauvent, lui qui relit Camus, Dante et les stoïciens.
En fait, même si ceux qui parlent le langage de la culture et la création me touchent tout particulièrement, j'ai le sentiment de recevoir de chacun. Et dans ce moment, c'est une ressource inespérée et précieuse.
01 novembre 2020
Ouvertures
30 octobre 2020
Aujourd'hui, je suis perdue
Ce qui a fait un trou à mon âme, est l'absence dans votre discours du mot culture (...). Nous sommes indispensables à l'âme humaine, nous aidons à la soigner (...). Aujourd'hui je suis perdue. Je sais, je veux le croire, les lieux de culture ouvriront à nouveau et on pourra retourner dans les librairies acheter un livre qu'on glissera dans sa poche comme un porte-bonheur, un porte-vie. Mais hier soir quelque chose s'est brisé dans mon coeur, je ne sais pas bien quoi - peut-être, l'espérance. Et c'est terrible pour moi. (...) Je voulais juste que vous mesuriez avec cet oubli, combien vous avez écorché les rêves de ceux qui font rêver, et se sentir vivants.
Ariane Ascaride, lettre ouverte au Président de la République, lue dans Boomerang ce matin.
Plusieurs fois en larmes à l'écoute d'Inter ce matin : bouleversée par la colère froide de Sfar, le déchirant suicide de Juliette restitué par la danseuse étoile Léonore Baulac, et enfin la lettre d'Ariane Ascaride. Car tout fait écho, résonne double pour moi ici, la souffrance d'un monde qui me berce, me nourrit et m'inspire depuis toujours, qui m'est une respiration essentielle en effet, et le garant de ce que nous appelons encore civilisation ; et ma propre souffrance, qui pourrait se dire à travers tous les mots d'Ariane, à commencer par ceux-ci : Aujourd'hui, je suis perdue (...) - quelque chose s'est brisé dans mon coeur. Et cette sensation, que oui, il y a un après, je sais, je veux croire, mais - quelque chose est brisé.
29 octobre 2020
25 octobre 2020
Tous les mercis du monde
Merci à Elsa, d’avoir donné l’alerte juste à temps ; et merci à Amaury, de l'avoir de tout son coeur poussée à demander de l'aide ce soir-là.
Merci à Ronan et Léo, pour leur double appel immédiat aux pompiers, pour leur présence tout au long de la nuit et ensuite et encore
Merci aux jeunes pompiers, d’avoir entendu ce que je disais sur la spécificité de cet empoisonnement, et pour leur humanité
Merci à Dylan, à Evan, et à leurs mamans d’avoir été là dans ces minutes de cauchemar absolu
Merci à David de s’être mis en route depuis l’Auvergne dès l’appel de Léo et de nous avoir accompagnées ensuite d’instant en instant
Merci au médecin des pompiers, arrivé dans un second temps, au sang-froid avec lequel il a pris ses décisions successives
Merci au jeune pompier venu me dire que les cris d’Elsa n’étaient pas dus à de la douleur mais à une crise de panique, au moment où je m’effondrais sur moi-même
Merci à Léo de nous avoir conduits derrière la voiture des pompiers, et de m’avoir arraché un sourire dans la salle d’attente en me disant, Maman, il est 1h16 : bon anniversaire, mon grand cœur…
Merci à l’équipe des pompiers d’être restée sur place avec celle de réa et probablement en ligne avec le centre anti-poisons, plus d’une heure à ce moment-là
Merci au médecin des pompiers de nous avoir adressé un mot avant de partir ensuite, même si à ce moment-là le message était terrifiant, et que j’ai perdu espoir une seconde fois
Merci à Ronan de m’avoir tenu la main pendant ces heures-là, qui ont été les plus sombres que j’ai vécues à ce jour, de m’avoir écoutée me préparer à la laisser partir s’il le fallait
Merci à Christine et Hubert, qui sont les premiers à avoir vu mes messages dans la nuit et à en avoir envoyé jusqu’au matin, pour leur présence et leurs prières
Merci à Marie, merci à la force et au réconfort que j’ai tirés de la prière cette nuit-là, merci pour ce qui ressemble fort à un miracle, merci pour l’amour qui nous a environnées sous tant de formes toutes ces heures et encore maintenant
Merci infiniment au jeune médecin de réa et à l’infirmière, venus après des heures de soins annoncer des choses si dures encore – intubation, coma artificiel, incertitude, mais début d’espoir
Merci infiniment, après l’avoir initialement exclu, de m’avoir laissée entrer en réa alors que la situation était encore instable, dans une salle de soins intensifs pleine de patients et dans cette période de Covid, d’avoir aménagé une intimité, un temps pour que je puisse lui parler pendant qu’elle était dans le coma, encore intubée, branchée et piquée de partout, avant de rentrer à la maison ; et de l’avoir à nouveau autorisé pour David lors de son arrivée une heure après
Merci à la Vie, et merci à Elsa, d’avoir entendu nos prières et notre amour
Merci au jeune médecin d’avoir redonné ensuite les informations que je n’avais pas réussi à assimiler la première fois, et de son honnêteté absolue sur les risques de séquelles dus à l’intoxication et au bref temps de « vrai » coma qui a précédé la mise en coma artificiel
Merci à l’équipe de nous avoir rappelés dès qu’ils ont pris la décision de la sortir du coma artificiel, pour que ses parents soient là à son réveil ; merci à la réa de la garde du matin pour la confirmation des nouvelles rassurantes – ces médecins sont si jeunes, avec de telles responsabilités…
Merci à tous les professionnels du KB, éreintés par la première vague de Covid, debout devant la seconde, et TOUS sans exception, de minuit à 19h le lendemain, dans trois services différents, d’une humanité et d’une douceur sans faille
Merci à ces premières minutes d’une Elsa consciente, et même souriante, probablement shootée à l’O2 et à des morphiniques très puissants, râlant déjà après la tuyauterie qui l’immobilisait de partout
Merci à Ronan arrivé un peu plus tard avec des croissants et du café dans la salle d’attente, pour ce petit déjeuner partagé aussi avec Léo pour ne pas faillir à la tradition du croissant d’anniversaire. Même là. Surtout là !
Merci à mes Fab’3 de s’être manifestées dès leur réveil, et d’être là depuis
Merci pour le passage trop bref dans une vraie chambre en réa, mais qui nous a permis à toutes les deux de dormir quelques instants
Merci à David d’avoir conduit Léo et Jade à l’aéroport pour qu’ils aient un temps pour parler à un adulte de ce qu’ils avaient vécu cette nuit-là
Merci au psychiatre de liaison de s’être démené pour trouver une place en hospitalisation psy – bien trop vite à mon goût sur l’évaluation des conséquences possibles de l’intoxication, mais les places sont chères en réa par les temps qui courent…
Merci au Dr A. d’avoir rappelé dès qu’il a eu le message, de se préparer à assurer le travail de liaison avec le service d’accueil. Merci à Mme H.L., pour les mêmes raisons. Merci au Dr M., collègue et ami, pour ses messages rassurants, et pour le temps pris le lendemain pour nous aider à bâtir une ligne de conduite intérieure pour les jours qui viennent. Merci au Dr L. de m'avoir proposé un RV pendant ses vacances.
Merci à YoYo pour m’avoir appelée déjà deux fois pour me demander comment j’allais, moi.
Merci à l’étrange presque sosie d’Hugo que j’ai croisé dans la rue alors que j’avais dans les bras les fleurs que je devais initialement porter avec Elsa sur sa tombe ce samedi, et qui a dit distinctement une fois arrivé à ma hauteur, Pardon, pardon. Merci au fleuriste qui n’a pas fait la corbeille que j’avais pourtant commandée, mais un bouquet magnifique, que j’’ai choisi de garder.
Merci à la généraliste inconnue, la mienne étant souffrante, qui m’a écoutée avec tact et intelligence et arrêtée sans discuter et sans conditions, avec beaucoup de bienveillance.
Merci à Ronan d’avoir rangé le capharnaüm de la chambre d’Elsa, auquel je ne me sentais pas la force de toucher, pendant que j’étais chez le médecin, puis de m’avoir emmenée au cinéma.
Merci au torrent de larmes salvateur enfin arrivé, mais après la visite dans le relativement sinistre service de psychiatrie adultes samedi soir, avec son cortège de questions, de peurs et de renoncements à prévoir.
Merci à Marion d’être arrivée juste après ça avec sa bouteille de bon Bourgogne, et même les petits gâteaux apéro pour aller avec.
Et certainement encore bien des mercis à venir.
17 octobre 2020
Marie-qui-défait-les-noeuds
13 octobre 2020
10 octobre 2020
Du baume au coeur
06 octobre 2020
Le Meilleur des Mondes
Je relis le Meilleur des Mondes, que je n'avais pas ouvert depuis le lycée. Je suis ahurie par la pertinence de ce texte de 1932, et l'acuité avec laquelle il anticipe une société qui ressemble si fort à la nôtre - sans même la très douteuse consolation du "bonheur" (traduire : sécurité) pour tous. Abasourdie par le cynisme ravageur du discours de l'Administrateur - et si émue par cette question de la beauté et de la vérité qui nous font si cruellement défaut actuellement, sacrifice de la culture à d'absurdes "normes" sanitaires et asservissement par la peur, soigneusement entretenue par une propagande omniprésente orchestrée par une classe politique qui court comme un poulet sans tête derrière des économies soit moribondes (l'industrie pétrolière), soit mortifères (les GAFA), soit les deux.
Je ne sais pas vivre dans ce monde-là, qui me donne envie d'éteindre la radio, de cesser de voter. Je ne sais pas vivre dans un monde où il m'est permis, et même recommandé, de me forcer un passage dans un wagon de métro bondé pour aller travailler, mais interdit de boire un verre avec des amis ou d'aller au concert. Où des médias respectables font l'amalgame entre conspirationnistes ineptes et citoyens exerçant légitimement leur droit d'interroger certaines décisions, et de garder un minimum de bon sens, voire une vision que nos dirigeants semblent avoir perdue depuis longtemps. Où la désobéissance est une dissidence. Où il n'a jamais été plus clair que je suis tolérée et même requise comme rouage (pourtant si négligeable) du système économique et politique, mais pas comme être humain pensant, relationnel, créateur, pour lequel rien n'est plus vital que le lien, la culture, et l'accès à une nature si possible non agonisante.
Je m'éteins dans ce monde utilitaire et absurde à la fois, sans ambition, sans envergure et sans rêves, qui génère chez moi un dégoût et une colère de plus en plus profonds.
Restent la beauté. L'humanité. Le souffle. Comme une pluie bienfaisante, le monde enchanté du Moulin jaune, la parole enflammée de Gisèle Halimi portée par Richard Berry au théâtre, la poésie intacte de Brassens ressuscitée par la voix délicate de Pauline Dupuy - ce plaisir de la langue, de la musique, cette délicatesse du regard et du sentiment qui me manquent si fort.
29 septembre 2020
Une voie de service et d’amour
J’aime ce métier car il est joie et tendresse, il sent bon la naissance en notre demeure. La seule petite «permission de conseil», que je m’autoriserais pour aider les personnes qui veulent être au chevet des mourants, c’est de vraiment travailler sur elles sans relâche et sans cesse, d’être authentiques et de se libérer de toutes peurs et conditionnements… et pour finir, mais c’est le plus important, de faire confiance en la croissance et en la valeur de ceux qu’on leur confie : les patients. Cela en développant en eux «la voix de lait», par les trois axes qui sont : la prière, la méditation et l’introspection. (On peut prier tout en étant athée...)
Eric Dudoit
Je crois que c'est vrai de tous les thérapeutes, et pas seulement en soins palliatifs ? J'y reconnais en tout cas ce à quoi j'aspire, ce vers quoi j'avance doucement...
28 septembre 2020
20 septembre 2020
Le Pique-Nique Orange
J'adore le sens du détail - entrée offerte aux rousses, roux, et Leroux, aux plus beaux costumes, buffets orange - oeufs de saumon, melons, Spritz et bière ambrée... les bonnes idées à chaque pas, atelier de couronnes automnales, guitariste mélancolique, maison-citrouille ou campement tsigane... une journée magique. Nous reviendrons, c'est sûr !
18 septembre 2020
Naviguer au portant
15 septembre 2020
Chagrins d'enfants
30 août 2020
L'Esprit souffle où il veut...
28 août 2020
Simple, basique
27 août 2020
Voilà, c'est fini...
22 août 2020
Amsterdam
Amsterdam bis
15 août 2020
Il paraît...
De plus en plus avec le temps j'ai la sensation d'entendre tout ce qui n'est pas dit, de ressentir les émotions qui circulent entre les uns et les autres. Ce n'est pas toujours confortable, mais c'est riche d’enseignements, et me ramène immanquablement à cette petite phrase de la grand-mère de Theresa : What is not to love ?
Pour vivre heureux, vivons perchés ;-) |
20 juillet 2020
Right in time
18 juillet 2020
Aiguebonne
J’ai eu dernièrement des explosions d’évidence :
la beauté du paysage me signalait que je perdais
une partie cruciale de moi-même, que j’étais
en train de me dérouler, comme une pelote.
Or, un être humain n’est pas une ligne tremblante
mais bien une boule compacte, parfois violente,
douce en surface, qui tient dans une paume
et n’a peur d’aucune pente (...)
Soudain on comprend qu’aucune histoire
ne finit quand on prononce chaque matin
ou chaque soir le prénom de celle ou celui
qu’on aime. On comprend les persistances
du passé et les promesses de l’avenir :
on quitte les maisons qu’on rêve de construire.
Soudain on détache de son cœur des coquilles
fêlées : on se demande s’il vaut mieux
être moins lourd de peines, ou plus de vérités.
14 juillet 2020
Toulon
Bon, finalement, il ne s'appelle pas Vent Debout, Veille-au-Grain ou Chasse-Rafale...
12 juillet 2020
Cairanne
26 juin 2020
19 juin 2020
Carillon
Faire halte
01 juin 2020
28 mai 2020
Toute ressemblance...
23 mai 2020
22 mai 2020
Il faut vivre
Prêt à trancher le fil qui nous retient debout
Il faut vivre partout, dans la boue et le rêve
En aimant à la fois et le rêve et la boue
Il faut se déplacer d'adorer ce qui passe
Un film à la télé, un regard dans la cour
Un coeur fragile et nu sous une carapace
Une allure de fille éphémère qui court
Je veux la chair joyeuse et qui lit tous les livres
Du poète au polar, de la Bible à Vermot
M'endormir presque à jeun et me réveiller ivre
Avoir le premier geste et pas le dernier mot
Étouffer d'émotion, de désir, de musique
Écouter le silence où Mozart, chante encore
Avoir une mémoire hypocrite, amnésique
Réfractaire aux regrets, indulgente aux remords
Il faut vivre, il faut peindre avec ou sans palette
Et sculpter dans le marbre effrayant du destin
Les ailes mortes du Moulin de la Galette
La robe de mariée où s'endort la putain
Il faut voir Dieu descendre une ruelle morne
En sifflotant un air de rancune et d'espoir
Et le diable rêver, en aiguisant ses cornes
Que la lumière prend sa source dans le noir
Football, amour, alcool, gloire, frissons, tendresse
Je prends tout pêle-mêle et je suis bien partout
Au milieu des dockers dont l'amarre est l'adresse
Dans la fête tzigane et le rire bantou
On n'a jamais le temps, le temps nous a, il traîne
Comme un fleuve de plaine aux méandres moqueurs
Mais on y trouve un lit et des chants de sirènes
Et un songe accroché au pas du remorqueur
Jamais ce qui éteint, jamais ce qui dégoûte
Toujours, toujours, toujours, ce qui fait avancer
Il faut boire ses jours, un à un, goutte à goutte
Et ne trouver de l'or que pour le dépenser
Qu'on s'appelle Suzanne, Henri, Serge ou que sais-je
Quidam évanescent, anonyme, paumé
Il faut croire au soleil en adorant la neige
Et chercher le plus-que-parfait du verbe aimer
Il faut vivre d'amour, d'amitié, de défaites
Donner à perte d'âme, éclater de passion
Pour que l'on puisse écrire à la fin de la fête
Quelque chose a changé pendant que nous passions.
Claude Lemesle (chanson pour Serge Reggiani)
11 mai 2020
Clinique pour le temps présent
Là où l'autre habituellement vient, demande, ne serait-ce qu'en se présentant à son rendez-vous, il faut aller le chercher ; jusque dans les silences qui ne sont plus, ou tellement moins, un temps de retour sur soi, mais un risque renouvelé de discontinuité de la présence...
Chez tous ou presque elle interroge les priorités, les choix de vie, le sens - qui se heurtent à une seule certitude, celle de l'incertitude.
Chez moi aussi la parole tangue, se fait un peu trop proche ou un peu trop lointaine, insuffisamment soutenue par une enveloppe institutionnelle qui se désagrège et incontestablement plus affectée qu'en temps normal par mes propres mouvements psychiques. Un temps épuisant que ce temps présent. Jamais la locution "faire attention" n'a aussi bien porté son nom, il s'agit vraiment d'un acte, d'une volonté renouvelée, d'un effort différent. De mon mieux, je (me) fais attention.
05 mai 2020
Patiences
27 avril 2020
Et pourquoi pas ?
20 avril 2020
Une vie bouleversée
Etty qui témoigne sa gratitude pour chacun des petits bonheurs qu'elle vit tant qu'il en est encore temps - une chambre propre, un repas préparé, des livres, de bons amis, parce qu'elle voit tous ces possibles s'évanouir peu à peu, et dont les mots prennent une résonance toute particulière en cette période : Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter, au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier.