10 décembre 2024

Maurice

Ses proches l'affublaient d'autres surnoms affectueux, mais plus la fin approchait et plus il insistait pour être appelé par son prénom, Maurice. Il était venu suite à une rechute de cancer, d'abord pour répondre à la demande inquiète d'une de ses filles, et puis il est resté.

Il est resté pour évoquer tranquillement sa mort avant que sa famille ne soit prête à l'entendre, son souhait d'arrêter les traitements, et ses retours d'espoir quelquefois. Il est resté, parce que nous nous sommes vraiment rencontrés, au-delà du cadre de plus en plus précaire des séances - d'abord au cabinet, puis à distance en visio lorsqu'il a été hospitalisé à domicile. Nous avons évoqué les drames de son histoire familiale, sa compagne et ses filles dont il parlait avec une tendresse rieuse. Mais aussi ses questionnements sur le sens de sa maladie et son rapport à celle-ci, sa représentation de la mort, la médecine chinoise et les spiritualités orientales, et sa gratitude pour la veille attentive de ses amis. La prise en charge de la douleur semblait très ajustée, et lui restait très pudique sur les limitations croissantes imposées par son état.

La dernière fois que je l'ai "vu", il portait une belle chemise blanche, et il m'a annoncé qu'il venait de se marier - chez lui, avec un officier d'état-civil dépêché là pour circonstances exceptionnelles. Rien de romantique cependant, juste le souhait de protéger sa compagne de toujours en accomplissant une formalité qu'ils n'avaient pas jugée nécessaire jusque là.

Il a annulé le rendez-vous suivant, trop fatigué, et les deux messages suivants ont été envoyés par son épouse, le premier pour m'annoncer son hospitalisation, et le second son grand départ.

Nos entretiens sont restés jusqu'au bout sous le signe d'une distance amusée, d'un profond respect réciproque, et de quelque chose de l'ordre d'une reconnaissance mutuelle - l'accompagner a été un privilège, et je me suis autorisée à le lui dire. Je pense que j'ai reçu de lui autant que ce que j'espère lui avoir apporté... Lorsque je pense à lui, je vois ce petit garçon métis sur le dos d'une tortue de mer de Guyane partir vers l'horizon... et je souris.

09 décembre 2024

Madeleines

 

D'abord il y a eu l'avant-première du documentaire sur Michel Legrand au MK2, avec son contrebassiste qui nous a joué en live la Chanson de Maxence, et puis un karaoké surprise à la fin avec le Cake d'amour et la Chanson des jumelles. Et dans la foulée, j'ai fait découvrir Yentl à Elsa et Sissou.

Et puis ce dimanche, dans un Châtelet entièrement rénové, il y a eu le retour des Misérables en version originale, quarante après. Magnifique mise en scène, voix remarquables, et une vraie émotion à retrouver ces mélodies que je connais toutes par cœur. Un peu trop par cœur - le livret a été entièrement remanié et je trépignais de ne pas y retrouver les textes d'origine - en rentrant j'ai trouvé en occasion sur le net un coffret de la version de 1981, ah mais !

01 décembre 2024

Cœur de verre

(...on peut tout voir à travers... disait Voulzy). Cœur de verre, pas de pierre... Ce n'est pas sur les bras qu'il me reste cet amour, mais sur le coeur, et ça pèse trop lourd. Ce qui me rend dingue, me fait me taper la tête contre les murs, c'est l'absence de raison apparente.

- Je ne sais toujours pas quoi te dire...
- Tu sais mais tu ne peux pas ou ne veux pas me dire ?
- Non, je parle pour moi, je ne sais pas déjà pour moi. 
(Mais - je ne veux pas te faire de peine, mais, je ne veux pas t'enfermer dans mes impasses, etc.)

Ca sonnait infiniment sincère, et l'espace de quelques heures, ça m'a apaisée, un peu. Dans cette optique, il n'y ni fautifs ni reproches - mais des mouvements psychiques qui nous dépassent...

Ma tête à moi gamberge sans fin, la psy s'en donne à coeur (sans) joie - un attachement évitant arrivé à la limite de ses possibilités, un trouble de l'attention lassé de sa dernière histoire et empêtré dans sa mésestime de soi, les traces mémorielles traumatiques réouvertes pour tous les deux cet été, l'impossibilité de prendre plus longtemps la main tendue qui voudrait le tirer vers le haut, l'anesthésie émotionnelle grandissante de la vie sous substance, ou juste un mode survie qui laisse de moins en moins la place à toute autre chose qu'à l'urgence permanente ? Un peu de tout cela à la fois sans doute. 

Le défi de ce jour c'était - dire au revoir aux jumeaux sans sombrer dans le pathos, en laissant la porte ouverte à un contact ténu peut-être là aussi - mais aujourd'hui, un temps de jeu partagé, un petit mot écrit pour chacun dont ils n'ont sans doute pas tout à fait mesuré la portée, un moment doux cependant - c'est ce que nous pouvions faire de mieux. 

24 novembre 2024

Quelques grammes de douceur

Cette année, pas trop le cœur à porter une organisation alors aujourd'hui, j'ai été invitée chez moi ! Menu conçu et réalisé par les enfants, plein de détails soignés - jolie table, assiettes bien présentées - Elsa à la direction artistique, Léo à la mousse au chocolat et Maman aux vin et champagne. La maison est toute fleurie, les cadeaux très bien choisis - je ne sais pas vivre sans Télérama ;-) et j'étais toute contente de retrouver Rien, parfum porté pendant de longues années et qui, pour mes enfants, reste "l'odeur de maman". Un doudou olfactif, parfait pour l'hiver.

23 novembre 2024

Traversée

52 ans pour construire l'Arche ? Pour le moment ce serait plutôt le déluge... il n'y a plus qu'à envoyer la colombe pour voir s'il y a quelque part une terre où me (re)poser.

08 novembre 2024

Res-source

J'avais cette intuition que ce serait la bonne personne, au bon endroit, au bon moment. Et ce qui est encore mieux, c'est que c'était vrai pour toutes les deux. Un week-end plein de douceur avec des échanges à coeur ouvert, des joies simples - barboter en thalasso, aller au marché, au ciné, découvrir un atelier de yoga-danse, marcher pieds nus dans la mer. Organiser le Nouvel An avec nos deux autres complices (mais quelle joie là de se découvrir à deux...). Partager nos questionnements "psy et spi", découvrir qu'ils se rejoignent...

J'ai redécouvert que les églises étaient aussi ce lieu où il est simplement possible de s'asseoir en silence et de laisser venir ce qui vient - émotions, pensées, larmes, prière, aussi longtemps et aussi librement qu'on le souhaite. Expérimenté qu'il est possible d'aller bien en allant mal, et d'être pleinement accueillie dans mon chagrin, sans pour autant en charger l'autre (et réciproquement). Très touchée par cette phrase dans le film "Sur un fil" : Je crois que je ne suis plus étanche... je crois qu'il y aurait beaucoup à dire là-dessus. Un prochain billet peut-être... En tout cas, c'était délicieux, ce mélange de profondeur et de légèreté. 

06 novembre 2024

Enchantement


...ou comment retrouver son âme d'enfant devant la magie renouvelée du Cirque du Soleil. Quand les lits s'envolent au ciel, que les marionnettes prennent vie et que les lustres dansent, comment résister ?

01 novembre 2024

Toussaint

“Grief, I’ve learned, is really just love. It’s all the love you want to give, but cannot. All that unspent love gathers up in the corners of your eyes, the lump in your throat, and in that hollow part of your chest. Grief is just love with no place to go.”

― Jamie Anderson

29 octobre 2024

Déborder

C'est bizarre, j'ai objectivement connu des moments bien plus durs que celui-ci, mais cette rupture amoureuse semble toucher au cœur de... quoi ? 

Peut-être de ce qu'il y a de très petite enfance au cœur de chaque lien amoureux profond, peut-être de la blessure qui se ravive avec la fin de cette famille adoptée et adoptive, peut-être parce que dans ce chagrin-là il n'y a que moi en jeu et que ça m'autorise à flancher - personne d'autre à soutenir cette fois. 

Peut-être parce l'absence d'une vraie parole sur cette séparation vient répéter d'autres silences. Peut-être à cause de mon coeur qui déborde d'un amour encore bien vivant mais qui ne trouve plus où se poser.

Peut-être simplement c'est le cumul des dernières années, une fois retiré ce filet amoureux qui m'avait rendue si heureuse depuis bientôt trois ans...

...alors, je reste en mouvement bien sûr - déjeuners ou dîners amicaux, le concert d'Arthur Teboul et celui de Nawel, le massage à quatre mains offert par Laurence et Denis, d'autres projets encore. Et surtout, c'est nouveau, je m'autorise à ne pas faire semblant. A appeler. A demander de l'aide et/ou de la présence. A pleurer aussi souvent que nécessaire, et c'est nécessaire tous les jours. A avoir (un peu) moins peur de peser sur l'autre, à ne pas (trop) juger de la légitimité de ma peine. 

Et tout est dans ce (un peu) ou ce (trop). Oui, c'est "juste" un chagrin d'amour. Ou plutôt d'amours. Mais... s'il me permet de baisser un peu la garde, et d'accepter d'être parfois fragile, bien plus que je n'en ai l'air, alors peut-être que ça en vaut... la peine.

PS : un autre regard : Vouloir se rencontrer à l’aide d’un autre qui souhaite se fuir, revient à se choisir un bourreau qui viendra décharger tout ce qu’il refuse de rencontrer à son sujet dans l’espace que nous lui offrons, et qui est à la mesure d’un amour qu’il ne peut contacter en lui.

Cet espace devient alors une abyssale crevasse laissée en plein milieu de notre poitrine par la rupture, devenue inévitable face à notre incapacité de transmuter sa fuite en rencontre.

Stephan Schillinger

24 octobre 2024

Sourire

On n'est pas fort de sourire. Le véritable courage, c'est de faire en soi un espace à la peine. Un lieu immatériel où elle peut s'exprimer. L'autoriser à habiter le coeur et les pensées. Sans la laisser tout coloniser. Juste à sa place. A sa juste place. La vivre comme elle vient, quand elle vient (...). Son sourire d'aujourd'hui ne nie pas sa peine. Au contraire, il la révèle. Il dit la cohabitation des sentiments. Non pas la lutte de puissances que l'on croit s'opposer, mais leur compagnonnage apaisé. Elle peut vivre la joie parce qu'elle sait pleurer dans le noir. 

Anne-Dauphine Julliand, Ajouter de la vie aux jours

23 octobre 2024

Submergée

Mais – il y a une part incontrôlable dans ce chagrin. Un truc enfantin, viscéral, quelque chose du tout-petit qui panique, un arrachement – un chagrin déraisonnable, qui me fait mal physiquement, me donne la nausée, me fait perdre pied et m'effondrer en gros sanglots, quand c'est possible, et ravaler mes larmes le reste du temps. 

Un truc insensé qui cherche ta présence tout le temps, me balance à la gueule tellement de souvenirs magnifiques, et puis tu es partout, depuis que je vis ici, dans chaque pas que je fais dans la rue, dans chaque détail de ma maison. Un truc qui me retourne le cœur dès qu'on me parle d'amour, de sexualité, de famille, de liens brisés, d'incompréhension, de solitude, et je suis payée à ce qu'on m'en parle tout le temps.

Et il y a les premiers secours envoyés par les amis. Celui qui dit, cet homme ne peut pas vous rendre cela, et faire vivre cet amour avec un minimum d'équilibre et de réciprocité entre vous deux, et il le sait. Ses colères sont en fait tournées vers lui-même, car il se sait impuissant à changer. Cette autre qui évoque la petite fille qui tambourine devant la porte d'une mère effondrée - ce n'est pas qu'elle ne t'aime plus pourtant, c'est qu'elle n'est pas en capacité de manifester son amour. Celui-ci encore, qui m'écrit, Arrête de voir des belles choses dans les failles des autres, arrête ! Et cet autre qui me transmet un article qui au titre évocateur, Rescuing the rescuer. 

21 octobre 2024

Un regard perdu

Et puis le lendemain, je suis partie avant le jour à Strasbourg, pour une audience avec le juge des tutelles dans l'EHPAD où réside désormais mon père. Là aussi, mission accomplie, nous les enfants prenons la main... mais tout était trop pour mon coeur, la désorientation si visible de Gene, les larmes de Clara essayant de dire à notre père que celle-ci n'est plus en état de prendre soin de lui, la colère rentrée de Cyril - sa façon à lui de gérer son anxiété je pense.. 

Et surtout le regard perdu de Patrice, incapable de répondre à une question du juge, puis prenant lentement conscience, après le départ de celui-ci que quelque chose s'est passé - quelque chose dont il ne saisit pas les enjeux, mais dont il interprète que ce ne peut être que contre lui... ses derniers mots auront été l'expression de sa déception, il s'est fermé, nous l'avons raccompagné non sans mal dans le service. 

J'ai souri tristement à l'aide-soignante qui l'a aidé à s'installer à table, elle m'a dit, vous avez le même sourire que votre papa - il y a eu un éclair de douceur dans ce mot spontané, et l'idée que peut-être alors, il lui arrive encore de sourire. 

20 octobre 2024

We did it !


Comme dans le dessin animé que les enfants regardaient autrefois, cette petite Dora qui devait franchir des épreuves, résoudre des énigmes. On l'a fait et tout le monde a fait le job, famille et amis, parce que l'important, c'était cette belle fête, pour Léo. Le mot de Grand-Mère, la chanson de YoYo, la présence, pour la première fois depuis longtemps de ses deux parents pour lui. 

Hello , les Amigos
Je vais me faire le héraut du héros Léo
Petiot, quand nous le gardions , avec Yoyo,
Il fallait compter les " dodos" !
N'aimant pas l'eau , pour la douche, fallait le chrono !
C 'est, n'est-ce-pas Elsa, un excellent frérot ?
Puis, aux sports accro, il s'est fait des abdos
Plus beau que le lavabo, il est devenu coeur d'artichaut !
Par la suite, voyages à gogo, études avec brio
Now, banco pour le bio
Il ira haut... peut-être, jusqu'au CHÂTEAU ?...
BRAVO Léo , notre écolo !!

Moi aussi, j'y suis allée de mon petit mot, tissé de ses mots d'enfant retrouvés ici même dans la Care Box. J'ai accroché mon plus beau sourire, essayé d'oublier l'absence de Samir et des jumeaux, bu un petit peu trop de champagne, et... we did it.

08 octobre 2024

Ailes

Tu m'as donné des ailes. Et je suis terrifiée à l'idée de marcher à nouveau seule sur cette Terre désormais. 

Mais : merci pour les ailes, c'était magnifique. Et merci pour hier, c'était tellement important pour moi de ne pas rester dans la colère, l'incompréhension et le silence. De dire merci. De dire je t'aime,  même si ça doit prendre une forme différente aujourd'hui.

(Ne pas oublier : mesurer ce que ça représente pour lui, d'avoir accepté de suspendre la fuite en avant, d'essayer de mettre des mots, dans la mesure de ses possibilités. De prendre le temps de m'écouter - d'accueillir une longue déclaration de gratitude, d'amour et de chagrin infinis. De dire lui aussi merci, de reconnaître ce que nous nous sommes donné l'un à l'autre, sur tous les plans, depuis presque trois années. D'évoquer ses fragilités, et ce pourquoi il lutte - un mode de survie dans lequel il n'y a pas de place pour moi, ni pour lui d'ailleurs. De m'ouvrir ses bras pour que je m'y endorme, même en larmes, une dernière fois).

27 septembre 2024

Under pressure


Alors comment dire ? Ajouté à ce qui précède, l'exposition professionnelle au viol et au meurtre de Philippine à Dauphine, les récits détaillés de violences sexuelles de victimes de trauma qui s'exposent en boucle dans une répétition mortifère, les patients ou compagnons de patients en fin de vie, une conversation sans issue avec David et les trois heures d'échange hier avec une Elsa infiniment fragile qui planque, minimise et compense en permanence, mais laisse parfois brusquement entrevoir les abîmes en-dessous, je crois que c'est trop là... Ce matin en regardant l'agenda de cet après-midi : deux étudiants à recevoir en anglais, puis une urgence (?), et une matinée de consultations blindée demain matin (quel "week-end" ?), je me suis demandé : je fonds en larmes ? Je demande un arrêt de travail ? Je retourne sous la couette ? Je me prends une cuite monumentale ? Jusqu'à quand ça peut tenir comme ça ? 

Guess what ? Je suis dans mon bureau, bien sûr. mais je repense à cette patiente qui m'avait dédicacé son livre "Je n'avais pas vu les sables mouvants"...

PS : j'ai fondu en larmes. J'ai annulé ma consultation de l'après-midi. Je suis rentrée chez moi. Et je me suis roulée en boule sous ma couette. 

26 septembre 2024

Sur un fil

Si je me suis trompé, en disant : je t'aime, je préfère avoir dit : je t'aime. On ne me fera pas envier celui qui a eu raison sans aimer (Philippe Léotard).

Mais je ne suis pas trompée, loin de là ! Et si c'était à refaire, je referais tout pareil. Parce qu'elle est très belle cette improbable histoire entre deux êtres que tout oppose, ce petit miracle funambule que nous aurons maintenu bien au-delà de toute attente... parce qu'il est émouvant le constat que l'amour ne suffit pas, que dans la décision de prendre de la distance il peut y avoir encore tellement d'amour - la volonté de protéger, de ne pas enfermer l'autre dans ses propres impasses d'un côté, une infinie tendresse de l'autre.
 
Parce qu'il y a quelque chose de magnifique à avoir "arraché à l'impossible", comme me l'écrit une amie, autant de moments de bonheur. Et un certain panache à l'avoir tenté en connaissance de cause - choisir de vivre ce qui s'offre comme un cadeau que l'on pressent rare - plutôt que de rester à l'abri de la raison raisonnante et de ses certitudes stériles.Dans la Care Box il y a tellement de souvenirs - quelques-uns en remontant le temps :  
 
Et  aujourd'hui ? Aujourd’hui je ne sais pas, je ne sais plus. Il y a le souhait, réciproque je crois, de préserver de la douceur, dans la mesure de nos possibles. Et pour moi, cette certitude bien antérieure : je ne me souviens pas avoir jamais totalement dés-aimé un être que j'ai aimé authentiquement, profondément à un moment de ma vie. Mon cœur s'agrandit, c'est tout.

Folie dure

C'est fou oui. J'ai beau avoir des dizaines (centaines ?) d'heures de travail sur moi à mon actif, j'ai beau savoir que dans ces brusques montées de chagrin incoercible se jouent non seulement le présent immédiat, mais toute la solitude de l'enfance face à l'abandon de l'un, à la dépression de l'autre, ici parfaitement combinées, condensées comme diraient les psys, je plonge quand même.

Largement aidée par l'absorption heure après heure des mêmes détresses archaïques chez ceux que j'accueille, sans plus avoir ce lest interne du - je suis celle qui aime et qui est aimée, voir post suivant. A chaque étape douloureuse de ma vie, je redécouvre non pas l'Amérique mais à quel point il est impossible de faire ce métier sans s'enraciner dans un amour. Et je le fais quand même - quelle est l'alternative ?

Grand bien vous fasse

Il y a un brin d'ironie douce-amère, dans le titre de l'émission dont cette interview est extraite... 

...parce que l'amour c'est à la fois le sentiment le plus puissant - d'une puissance à déplacer les montagnes - ce qui fait qu'on peut aimer par exemple une personne qui n'est pas du tout faite pour nous, mais c'est la puissance de l'amour, et absolument fragile parce que comme tout dans la vie, ça passe ! Et ça je crois que quand on aime on est à la fois tenaillé et angoissé par sa puissance - y en a jamais assez, on en veut encore plus, on n'aime jamais à satiété, et en même temps on a la phobie que ça puisse finir. Pourquoi ? Parce que je crois que l'amour est le seul sentiment qui nous donne une raison d'être immédiate. C'est-à-dire, qui suis-je quand j'aime et quand je suis aimée ? Je suis celle qui est aimée et qui aime. Donc imaginez qu'on me retire ça ? Je n'ai plus de sol, je n'ai plus de raison d'être. 

Avant, les intervenantes - toutes des femmes, tiens donc - parlaient du retour de l'instabilité, de la perte de ce qui fait repère, et du fait qu'on veut par conséquent à tout prix (à tout prix...) préserver cette stabilité, quitte à se mentir ou à mentir aux autres. Plus loin, elles parlent de la fin de l'élection amoureuse qui nous rend à l'anonymat - ce sentiment d'être à nouveau perdue dans la foule...

Alors ici - peut-être n'y est-on pas vraiment à ce jour dans le désamour, ou juste au bord, ce qui n'est pas moins douloureux peut-être - dés-espoir et haine de soi d'un côté, tendresse impuissante et désolée de l'autre. Mais chacun de ces mots me parle. Oui, je sais que j'existe en dehors de ce chagrin, oui, il y a néanmoins, du sens, du lien et des joies possibles dans cette vie. Ce qui ne me préserve nullement de ces moments récurrents et incontrôlables où effectivement le sol se dérobe sous mes pas, et où c'est l'enfance qui sanglote en moi.

15 septembre 2024

L'effet mer

 

...est-il éphémère ? Pas sûr, surtout quand on est aussi gâtées - météo, maison, activités - du Festival du grand n'importe quoi, épique, au jacuzzi dans le jardin en passant par le karaoké. Ah, et puis ce Saint-Emilion Grand Cru 2003, mais lui n'a pas fait long feu. Ce qui est moins éphémère encore, c'est la profondeur de nos liens, l'existence de ces témoins de nos vies sur le long terme avec qui parler de nos enfants, de nos parents, de nos ex et de nos présents, de nos petites joies et de nos grandes peines (ou l'inverse), parce qu'elles en savent presque tout depuis toujours. Et puis aussi des trucs légers, sextoys, séries Netflix et maillots de bain.

05 septembre 2024

Leçon d'acupuncture

La première aiguille, c'est ta présence. Ne travaille que ta présence. Si tu pries, si tu médites, si tu fais du Qi Gong, du Tai Chi Chuan, tu seras cette première aiguille, et dans le monde, tu dois être une aiguille d'acupuncture qui harmonise dans chaque rencontre, dans toutes les situations, que tu sois dans le métro, dans le train, dans une salle de conférence, tu dois être cette aiguille d'acupuncture c'est-à-dire, te nourrir du ciel, de la terre, et inonder d'amour ceux qui t'écoutent et harmoniser toutes les énergies, pour que ce soit à l'écoute du plus grand.

Marguerite Kardos

01 septembre 2024

Célébration

 

Écoute plus souvent
Les choses que les êtres,
La voix du feu s'entend,
Entends la voix de l'eau.
Écoute dans le vent
Le buisson en sanglot :
C'est le souffle des ancêtres (...).

Birago Diop

Le feu. La mer. Le soleil. L'amitié. La couleur. La lumière. Un week-end dans toutes les dimensions, avec pour points cardinaux la joie, la liberté, la légèreté, la foi.

22 août 2024

Echos

"Je l’ai aimé parce que rien n’était fait pour.
Parce qu’il se moquait bien d’être séduisant avec moi.
Parce que faire des efforts pour plaire au monde semblait ne pas faire partie de ses volontés.
Parce qu’il avait quelque chose de triste bien caché au fond de l’âme.
Il avait dû naître comme cela, lui aussi, avec cette nostalgie collée aux poignets.
Je l’ai aimé parce que ses yeux observaient tout sans être retenus par rien.
Parce qu’il puait la liberté.
Parce qu’il était prisonnier.
Parce qu’il y avait sur ses lèvres un peu d’amertume et beaucoup de tendresse,
de l’amour qui a pleuré et l’envie de la passion.
Parce qu’il parlait peu.
Parce que lorsqu’il parlait, j’avais envie d’écouter.
Il était nu, même habillé.
Pudique de son âme et de son corps.
En y regardant de près, je l’ai immédiatement soupçonné de ne pas trop s’aimer.
Je l’ai aimé à sa place.
J’avais de la place dans le cœur.
Il y avait, au fond de son regard, un vieux truc perdu, hagard.
J’avais envie de l’aider à le retrouver.
Il souriait peu.
Pourtant, lumineux (...)
Je l’ai aimé parce qu’il était faussement détaché, fragile, sensible, agressif et démuni.
Parce qu’il le cachait.
Je l’ai aimé parce que personne ne s’y attendait.
Et je l’ai écrit.
Pour oublier.
Mais je n’y suis jamais arrivée."

 Romy Schneider - pour Alain Delon


En la lisant, je suis très touchée. Parce que cette petite musique est si familière, parce que j'aurais pu écrire ce texte, mot pour mot, encore une fois. Je l'ai écrit d'ailleurs, il y a des années - on ne se refait pas, sous la forme d'un poème qui s'appelle Solitaires. En la lisant je suis profondément en colère. Parce que c'est la porte ouverte à une souffrance garantie, l'excuse à tous les égocentrismes, l'éternel retour du masochisme romantique - ce syndrome de l'infirmière, quel ennui d'être un cliché. Elle le regarde, il se regarde.

15 août 2024

This little light of mine

This little light of mine
Used to be too scared to shine
When mine met yours it would run and hide
But in time I came to find
I wanna shine so bright
It makes this whole world smile
And pay back the beautiful feeling
That allows me to be
Whatever I wanna be
And I am gonna be
Free and easy 

Beautiful Chorus

11 août 2024

Diptyque

Hauts-fonds

J'ai su dès le début je crois que cette histoire serait une navigation en hauts-fonds – c'est beau, c'est excitant aussi, un peu comme un défi, ça demande de la vigilance et de la technique. Mais le risque est toujours présent, pour une erreur de calcul, une marée un peu rude ou un instant d'inattention, de s'échouer durement sur un rocher  affleurant, sans certitude que les avaries nous permettront de repartir.

Étoiles filantes

Et pourtant – ce qu'il faut d'amour pour, une nuit où le découragement et la rupture rôdent, poser les armes, s'allonger sur la terrasse au bord de la piscine, et compter les étoiles filantes la main dans la main, en silence – les apercevoir séparément d'abord, chacun dans son coin de ciel (ne pas oublier de faire un vœu). Rester jusqu'à l'instant où nos regards ont suivi la même. Contre toute attente, un moment suspendu de tendresse mélancolique, d'intimité apaisée.

09 août 2024

Alignée


Quand j'ai demandé aux enfants quel avait été leur moment préféré des vacances, Naïm a répondu sans hésiter "Les vagues !", et c'est le même pour moi. Il n'y a rien qui me reconnecte à la vie, à la joie, comme le contact avec l'océan, avec la puissance des éléments - la mer, le vent, la lumière.

Ce dîner côte de bœuf au barbecue arrosée au Pessac-Léognan, trésor local, était exceptionnel aussi - c'est le moment où Imrane a forgé le concept du "bonheurheureux". 

Et la villa avec piscine, trampoline et grand jardin (chat inclus), quelle chance ; et la diversité des paysages et des activités possibles - baignades, vélo, kayak, balades en ville ou dans les châteaux viticoles, océan, dunes, lacs, rivières, forêts - impossible de tout voir, de tout faire : j'ai déjà envie d'y revenir, de continuer à explorer cette région que je connaissais à peine. 

Est-ce que c'est ça que je vais choisir de retenir ? OUI. Parce que c'est un parti-pris de longue date chez moi. CHOISIR de garder le bon, et de laisser aller le reste. Pas dupe, pas dans le déni, mais consciente de la chance que nous avons eue, à commencer par le privilège de partir en vacances, ce qui n'est pas donné à tout le monde. De ces vacances, je garderai les instantanés lumineux, la gratitude pour ce qui a été beau, et bon.

25 juillet 2024

A tout petits pas


Le tout petit pas, c'est le pas de ma Maman aujourd'hui. La vitesse possible, celle d'une toute petite croisière entre ce balcon avec une jolie vue sur la mer et les pièces de cet appartement de vacances, coquet et bien placé. C'est la conscience des adaptations nécessaires, mais aussi de tout ce qui demeure possible, à commencer par être ensemble, ce qui est déjà beaucoup. Visiter une expo aux Franciscaines, faire quelques pas sur les planches de Deauville. Aller au cinéma, même si les escaliers sont un petit Everest. Ramener du marché des huîtres, des crevettes, du poisson frais. Partager une bière fraîche, un verre de rosé corse. Se réjouir de la présence de Léo et Marguerite, les emmener manger des moules, sur les planches de Trouville cette fois. Regarder jusqu'au bout cette ahurissante mais réjouissante cérémonie d'ouverture des J.O 2024. "Etre avec des gens qu'on aime, cela suffit" - dixit La Bruyère. 

17 juillet 2024

Témoin

Parce que le rythme est moins dense, je retrouve beaucoup de joie à accompagner les patients ces temps-ci, et la conscience que c'est un privilège d'être ce témoin de leurs vies. Témoin de cette femme de 75 ans, confrontée à des deuils multiples et transgénérationnels, mais qui dit aujourd'hui - j'ai (re)trouvé de la légèreté, quelque chose de l'enfance qui n'avait pas pu se vivre, et je suis contente : je mourrai en étant vraiment moi-même.

Témoin de de cette autre, à l'histoire fracassée mais qui a fait mentir nombre de déterminismes pour se forger une route professionnelle pleine de sens - j'ai une profonde admiration pour son parcours et pour son intelligence. Tellement en difficulté pour donner sa confiance, mais qui me fait l'honneur de me l'accorder, permettant ainsi une émouvante alliance thérapeutique.

Témoin de cette jeune femme franco-tunisienne, jeune maman, artiste, qui vient interroger notre rapport à l'intime, à la sexualité, aux conditionnements - héritière de deux cultures, de deux époques, de l'émergence du mouvement #metoo, lectrice des textes féministes et LGBT, il y a tellement de richesse dans ses identités multiples, apparemment contradictoires, dans ce travail de l'émergence d'une individualité singulière, portée par sa création.

Ou témoin de ce monsieur en grave récidive de cancer, qui m'interroge en riant sur, à quand la fin de la lune de miel thérapeutique ? Ancien psy lui-même, il n'est pas dupe de ce qui s'engage dans le transfert ; mais il vit aujourd'hui sur un plan spirituel où il a depuis longtemps endossé la responsabilité de sa vie, traversé sa part d'ombre. Alors je ne pense pas non, que notre rencontre sera autre chose qu'un échange d'humain à humain, un endroit où parler de la mort possible et de la vie toujours là, autrement qu'avec ses proches anxieux. Et c'est parfait ainsi.

04 juillet 2024

Regards (un air de famille ?)

Si je n'avais pas répondu à cette annonce locale d'une photographe qui cherchait des rideaux ou des draps pour un décor de studio, je n'aurais pas rencontré Sylvie. Qui ne m'aurait pas proposé de servir de modèle pour un de ses projets pro. Auquel j'ai associé Elsa. Ce qui n'aurait pas permis que nous repartions avec de magnifiques portraits de toutes les deux, séparément et posés pour son projet, ensemble et naturelles en duo mère-fille. Et de nous faire une nouvelle amie ici. Le don appelle le don. Une absolue conviction pour moi, que j'espère avoir transmise à mes enfants. 

30 juin 2024

Papa ?

Il m'a fallu longtemps pour me décider à écrire ce billet-là. Pour essayer de faire le lien entre l'homme que j'ai connu dans mon enfance, celui à qui j'en ai profondément voulu à l'adolescence (et dont l'absence et la violence sous-jacente conditionnent sans doute encore une part de ma vie de ma femme), celui dont je me suis détachée complètement à l'âge adulte, et ce monsieur dans la chambre de l'EHPAD. 

Parce que de lien justement il n'y en a pas. Entre lui et moi, entre lui et les autres - sa seconde femme, ses autres enfants, entre lui et lui-même sans doute non plus. Et je ne peux pas m'empêcher de voir cette déroute cérébrale comme l'étape ultime d'une vie de solitude, l'image révélée de la forteresse dans laquelle il s'est enfermé vivant bien avant l'apparition des premiers troubles neurologiques.

La maladie l'a désarmé, faisant de lui un enfant aphasique, perdu au milieu de grands vieillards mais absolument plus en état de vivre même dans une structure plus adaptée à son âge. Il est infiniment ralenti dans sa marche, presque totalement dans sa parole - et sa résignation apparente à laisser la plupart de ses phrases en suspens m'a laissée dans une profonde tristesse. Il nous reconnaît je pense, semble comprendre ce que nous disons, mais pas plus que lorsqu'il allait "bien", il n'y a le moindre accès à ce qu'il pense, ressent, perçoit (l'agressivité en moins cependant) - et il y a quelque chose de bouleversant dans cette mise à nu d'une incommunicabilité qui elle a toujours été là.

J'ai fanfaronné un peu ces dernières années je crois en disant - je trouve ça terrible humainement bien sûr ce naufrage d'un homme intelligent et cultivé, mais ce n'est pas comme si je perdais un petit papa chéri, un père qui m'aurait accompagnée, soutenue, qui aurait été présent pour moi et pour mes enfants. Ca reste vrai mais... sa vulnérabilité aujourd'hui me serre le coeur, autant qu'elle me laisse dans une complète impuissance. Il est trop tard, il est trop loin, et lui souhaiter de pouvoir quitter ce monde est une bien pauvre tentative d'évitement face au constat de ce qui est, et qui peut être encore longtemps.

Dans la chambre, son épouse a accroché plusieurs des tableaux qu'elle a peints. Celui qui fait face à son lit est un portrait de moi à treize ou quatorze ans peut-être, et je ne sais pas ce qui me donne le plus envie de pleurer ici - qu'elle ait eu cette délicatesse, ou la certitude que jamais je n'aurai su ce qu'il y a dans le regard de mon père.

28 juin 2024

Cadeau

Elle est vraiment très chouette, cette étudiante que je suis de loin en loin depuis trois ans. Et malgré l'intermittence de nos rencontres - il s'agit du service de prévention et non d'un cadre thérapeutique - je la vois faire son miel de ces entretiens, et se souvenir avec une acuité étonnante de nos échanges. Aujourd'hui, elle m'a fait un précieux cadeau en me confiant que non seulement elle m'avait adressé nombre de ses camarades, mais qu'ils avaient tous apprécié nos rencontres. Quelle jolie façon de terminer mon année !

24 juin 2024

Johanna & Bruce

Il y a 11 ans - 11 ans ? Déjà ? j'avais ce rêve d'emmener les enfants à New York pour mes 40 ans. Rêve qui s'est réalisé au-delà de mes espérances, grâce à l'échange de maison et au souhait de Johanna et Bruce de séjourner trois semaines dans notre appartement. Trois semaines d'hébergement à Manhattan ? Mais oui, avec joie ! Très europhile, ce couple d'artistes - elle prof d'art, lui photographe, revient régulièrement en France et en Italie. Le lien ténu entretenu grâce aux réseaux sociaux nous a permis de nous retrouver pour déjeuner à Paris - c'est toujours un plaisir, car ils s'intéressent à tout, courent les expos et les lieux de culture quand ils viennent en Europe - ils sortaient du musée Guimet, partaient voir l'expo Brancusi à Beaubourg. Nous avons parlé aussi politique, aux US et en France, familles, métiers... Je leur ai montré des photos de notre nouvelle maison, qui sait, après New York en été, je pourrais peut-être rêver à New York en hiver, faire du patin à glace au pied du Rockefeller Center comme dans mes comédies romantiques de Noël préférées ?

23 juin 2024

Et un dimanche à la campagne

...tout s'ajoute à ma vie
J'ai besoin de nos chemins qui se croisent
Quand le temps nous rassemble
Ensemble, tout est plus joli...

Jean-Jacques Goldman, Ensemble

20 juin 2024

Solstice d'été

Many tribes of a modern kind, doing brand-new work same spirit by side
Joining hearts and hands and ancestral twine, ancestral twine...

Xavier Rudd, Spirit Bird

16 juin 2024

08 juin 2024

Célébrer (2)


 ... l'amitié, le courage, la créativité, et la volonté de ne pas se laisser abattre. Ah mais !

30 mai 2024

Célébrer

Ca tanguait pas mal ces dernières semaines, et puis il a suffi d'une soirée douce d'anniversaire pour renouer le fil - peut-être grâce aux quelques jours qui avaient précédé, peut-être grâce au lieu et au cadeau choisis avec une vraie attention, intention, peut-être grâce à la bouteille de Pouilly-Fumé qui a remis de la parole là où elle commençait à disparaître dangereusement, peut-être grâce aux heures qui ont suivi. Il n'y a pas de photos de cette soirée des 50 ans de Samir ; mais peut-être n'est-ce pas un hasard (nous aurions pu demander au serveur), tant l'enjeu de ce moment était de restaurer quelque chose de l'intime. Pas de bougies (si, juste une le lendemain matin, date exacte), de bruit, de monde - juste être ensemble. 

27 mai 2024

Poupées russes

Dans la formation, il y avait la joie de retrouver l'enseignement fluide et profond dispensé par Nicolas, et d'une immersion dans un groupe de thérapeutes expérimentés, tous ouverts à la dimension transpersonnelle, de retrouver des visages connus et d'autres nouveaux.

Dans ce groupe, il y avait cette petite coloc de 6 avec laquelle j'ai partagé une petite maison de bois, comme un chalet de sports d'hiver. Et dans ce groupe de 6, il y avait celles que je connaissais déjà, et celles que j'ai découvertes, retrouvailles ou rencontres, bonheur. Et dans la formation, au-delà d'une pléthore d'outils de travail et de réflexion puissants, il y avait ce fil de l'invisible, et l'ouverture aux autres dimensions, et la joie d'en être témoin, et puis le privilège d'expérimenter à nouveau, au milieu d'un groupe restreint et bienveillant.

Ces expériences-là ne se laissent pas facilement attraper par des mots ; mais petit à petit elles construisent pour moi un nouvel être-au-monde qui va bien au-delà du professionnel. Cadeau... moi qui me sentait me rétrécir, presque me recroqueviller depuis plusieurs semaines, j'en suis ressortie debout, grandie, et l'esprit clair. Avec en guise de viatique ce très beau texte, attribué à tort à Mandela : 

Notre peur la plus profonde n’est pas que nous ne soyons pas à la hauteur, notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au-delà de toutes limites. C’est notre propre lumière et non notre obscurité qui nous effraye le plus.

Nous nous posons la question: “Qui suis-je, moi, pour être brillant, radieux, talentueux et merveilleux?” En fait, qui êtes-vous pour ne pas l’être ? Vous êtes un enfant de Dieu. Nous restreindre, vivre petit ne rend pas service au monde.

L’illumination n’est pas de nous rétrécir pour éviter d’insécuriser les autres. Nous sommes nés pour rendre manifeste la gloire de Dieu qui est en nous. Elle ne se trouve pas seulement chez quelques élus, elle est en chacun de nous, et au fur et à mesure que nous laissons briller notre propre lumière, nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même. En nous libérant de notre propre peur notre puissance libère automatiquement les autres.

Marianne Williamson

26 mai 2024

Emue aux larmes

Jour de fête des mères

J'en profite pour revenir sur un sujet sur lequel nous n'avons pas échangé : la remise de diplôme de votre fils, à Berlin.

Je me mêle peut-être de choses qui ne me regardent pas, mais ... mais ... je ne sais pas si quelqu'un vous l'a déjà dit, alors je vous le dis moi, de là où je suis pour vous :  cette remise de diplôme était aussi LA VOTRE.

Certes c'est Léo "qui a fait le taf" et il mérite amplement les félicitations et les honneurs de cette cérémonie. Mais c'est VOUS, et uniquement vous, qui avez rendu cela possible. 

Quasi sans aucune aide, jamais. Avec votre énergie seule, votre volonté et vos "petits poings", vos doutes et peurs, vos moments de découragement surmontés, votre courage d'oser le meilleur pour vos rejetons, votre opiniâtreté et imagination pour trouver des solutions improbables, et ... vos sacrifices matériels et personnels pour cela.

Bref votre amour inconditionnel pour vos enfants. 

Alors voilà, en ce jour de fête des mères, je décrète du haut de mes non-pouvoirs, que ce diplôme est aussi le vôtre.

Merlin.

20 mai 2024

21 ans


Chaque année, il y a des photos d'anniversaire - et c'est chouette. D'une année sur l'autre, parfois les visages changent, ou disparaissent - mais le rituel demeure : se ré-unir. Et quand j'entends les retours de fête de famille des uns et des autres, je me dis que nous avons beaucoup de chance. Parce que c'est toujours doux. Pas de rancunes sourdes ou d'explosions de colère, pas de petites phrases assassines, juste de la douceur, la volonté de chacun de faire au mieux, de faire plaisir, de faire attention

14 mai 2024

Les 50èmes rugissantes


04 mai 2024

Berlin

Léo a beau travailler depuis un an, ce rite de passage d'une remise de diplôme vient tout de même marquer la fin d'une étape, un accomplissement, une reconnaissance officielle du jeune adulte talentueux qu'il est aujourd'hui. Le cadre grandiose (bâtiment de Frank Gehry), les discours, tous ces jeunes gens brillants et ces parents si fiers, c'était très beau, et j'ai versé ma petite larme émue à l'appel de son nom. C'était tellement important d'être là pour lui ce jour-là, avec Elsa, d'avoir fait le voyage jusqu'à Berlin - en train, Master Sustainability oblige !

Et puis ces quelques jours tous les trois à parcourir la ville, je suis tellement consciente que c'étaient des moments privilégiés, si précieux, des souvenirs à partager pour longtemps. J'ai découvert Berlin, que je ne connaissais pas, que j'ai trouvée plus tranquille, plus verte, moins agitée et oppressante que Paris. Ca m'a rappelé nos échanges de maisons précédents - cette fois un charmant studio au coeur de Mitte, ces voyages tous les trois où nous explorions ensemble - ici les vidéos de la chute du Mur (je me souviens tellement bien de ce jour), la porte de Brandebourg, le mausolée de l'Holocauste, à la puissance d'évocation presque aussi forte que celle du Mémorial du 11-Septembre à New York. Et nous avons contemplé la ville depuis le presque ciel de la Fernsehturm. Restée seule quarante-huit heures de plus, j'ai longuement marché le long de l'Ile aux Musées, et adoré l'expo Berlin Global au Humboldt Forum. J'aime profondément ça aussi, visiter seule, à mon rythme, changer d'itinéraire, me perdre, un bonheur que j'avais oublié depuis longtemps.

27 avril 2024

Juliette


"Frisée du tif, ronde du cul" - Juliette n'a pas changé (le cul s'est arrondi un peu plus peut-être). Juliette chante chiens et chats, les lunettes et les poivrons, termine ses rappels par une chanson d'Anne Sylvestre, et ça fait un chouette cadeau d'anniversaire pour ma maman. 

24 avril 2024

Off (the record)


 C'est un de nos talents. Les moments parfaits. Ici, pour un anniversaire à chiffres ronds, une étape inattendue du chemin de Compostelle. 

23 avril 2024

Sourire aux larmes, trouver du charme...

Quel concours de circonstances, quelle facétie de l'Univers a-t-il fallu pour qu'existe ce moment suspendu ? La rencontre de deux solitudes dans un espace virtuel. A croire que mon karma me prédispose à la rencontre improbable. Car non, je n'aurais pas parlé spontanément à ce trop jeune homme charmant et musicien. Et s'il ne l'avait pas fait, nous n'aurions pas très vite découvert d'inattendus terrains musicaux communs. Très, très communs... Assez pour décider de nous rencontrer - sans attentes, mais parce que les synchronicités étaient trop belles. En fait si, j'avais non pas une attente, mais du coup, une rêverie - ce serait un kif incroyable de chanter avec lui, qui a accompagné sur scène de grands noms de la chanson française ?

Quand il a proposé une rencontre non pas dans un café, mais autour d'une guitare, évidemment  j'ai dit oui. Je n'étais pas arrivée depuis dix minutes que nous partagions une de mes chansons absolument préférées.  J'ai vu son regard amusé et surpris lorsque j'ai fredonné la deuxième voix du refrain : rien que pour ces minutes-là, ça en valait la peine. "C'est incroyable que non seulement tu connaisses celle-là, mais aussi la deuxième voix, même moi je ne la connais pas ?!"

Le reste de la soirée, nous avons refait le monde de la chanson française, chantonné des trucs, écouté d'autres, évoqué des souvenirs de concerts, parlé juste un peu de nos vies. Et nous nous sommes quittés... enchantés, sans qu'il se soit rien passé - je ne voulais rien qui puisse gâcher ce moment parfait, respectueux, tendre comme on peut l'être dans la conscience d'une fragilité réciproque. Un moment funambule...

21 avril 2024

Sorcières de Bretagne

Ca m'a fait un bien fou. Découvrir un coin de Bretagne époustouflant, sous un soleil inespéré. et notamment une balade à pied vers une île, accessible seulement à marée basse, ce qui signifie concrètement marcher au milieu de la mer, sur d'immenses étendues de sable entourées de rochers, puis découvrir un petit paradis boisé et des plages de sable blanc aux eaux turquoise. Un monde extraordinairement sensoriel - le sable sous les pieds nus dans l'eau, la caresse du soleil ou le souffle coupant du vent, le toucher du granit, l'odeur des pins, et les couleurs : nous sommes partis sous un ciel chargé, sous des nuages en camaïeu de gris qui semblaient prêts à crever en orage, pour terminer par un bain de lumière éblouissant, au-dessus d'une eau qui reflétait toutes les nuances de vert et de bleu imaginables. Une immense bouffée d'oxygène, de nature, de connexion aux éléments.

Retrouver l'incroyable fluidité de nos échanges avec Cécile, Charlotte et Stéphanie - ce petit groupe pourtant récent dans ma vie mais qui semble être une évidence, une histoire qui va se poursuivre - des femmes thérapeutes, indépendantes à bien des titres, éprouvées par la vie mais curieuses de tout, prêtes à expérimenter autant qu'à questionner leurs expériences. C'est un tel bonheur ces conversations profondes et rieuses à la fois ! 

Nous avons terminé avec une expérience qui nous ressemble - gentiment barrée, celle du chant vibratoire ; une expérience incroyablement ludique et énergisante, quel plaisir de jouer avec le son... Un week-end de rêve, ça faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi pleinement moi-même, aussi vivante, aussi vibrante, et en même temps dans une telle simplicité : du soleil dans un jardin, de l'intimité et de la confiance, des repas délicieux préparés ensemble, nous nous sommes dit à plusieurs reprises que c'était ça, le bonheur !

11 avril 2024

Y avait longtemps

 ...que je n'avais pas eu à nouveau ce ressenti (cyclique et sans doute inévitable) de saturation, éponge pleine côté perso comme côté pro. Inquiétude, impuissance et frustration. Les larmes qui affleurent, la gorge qui se serre - tiens tiens, je les reconnais.

Avec leur cohorte de troubles du sommeil, coups de barre massifs (chutes de tension ?) et pics anxieux. Ce qui repose la question du, et moi, qui prend soin de moi ? Je sens revenir l'épuisement, le manque de distance, la tentation de l'action-réaction... et l'envie de douceur, de sollicitude, de temps... Une irritation latente aussi - il n'y en aurait pas un pour me tirer vers le haut ? Est-ce que c'est toujours à moi d'être l'oreille, le porteur de projets, l'Elastigirl ? Dans le cadre professionnel, il n'y a pas plus le choix, mais peut-être à repenser encore le temps de travail et puis indéniablement en ce moment, il y a des situations particulièrement lourdes aussi. Et de la lassitude.

31 mars 2024

Toucher l'instant

Donc ce week-end nous avions des jumeaux de huit ans survoltés, un amoureux-couteau-suisse (ou kabyle ?), une grand-mère pas vraiment en état de marche (mais la tête va bien, merci), un jeune adulte récemment échappé d'un ministère (et une petite fleuriste qui brillait par son absence). Comme l'écrivait Halo : The concept of family is an interesting one. The definition that I like: a group consisting of parents and children living together in a household.

Voilà. Peut-être que c'est mon talent spécial, la création de tribus éphémères, inattendues et multiples. Ne pas être dupe de ce que chacun met de côté d'épuisement, de difficultés diverses ou de fragilité (un peu comme ici), mais réunir par le jeu, la bonne cuisine, le rire ou la beauté. La tendresse silencieuse. Les petits gestes. Prendre soin, autant que possible. C'est fatigant, parfois, mais c'est doux aussi.

Un coucher de soleil, des huîtres, des moules et des coquilles Saint-Jacques (pas le même jour !), un volley sur la plage, un nouveau jeu à découvrir ensemble, des œufs de Pâques cachés dans le jardin, une bouteille de champagne, un dessin de lune et des blagues de Toto, un brunch avec des œufs à la coque, écrire nos prénoms sur le sable (et nous faire encercler par la marée), un blind test Disney-Pixar, du bon vin, des fraises et des asperges du marché, des siestes, des ciels de toutes les couleurs (mais majoritairement ensoleillés), prendre le temps de cuisiner, de faire la vaisselle en dansant, de préparer un vrai café qui sent bon - autant de prétextes pour juste être. Là. Prendre le temps surtout de la gratitude, de la conscience de ce qui est précieux ici.

C'est tout sauf une légende, on espère juste toucher l'instant
Les quelques secondes du poète qui échappent à l'espace-temps
Les moment rares et irréels que la quiétude inonde
Rouda, n'oublie jamais notre parole du bout du monde
On ressent comme une coupure dans la vie, comme un rêve
On oublie les coups durs de la vie, comme une trêve (...)

Grand Corps Malade

26 mars 2024

Eternel retour

Pourquoi reprendre un travail sur moi quand tout va à peu près bien, quand même les secousses inhérentes à toute vie semblent pouvoir êtres accueillies avec une certaine tranquillité ?

Parce qu'on ne cesse jamais de croître, que ce travail n'a à proprement parler pas de fin, et que cette croissance nourrit aussi mon exercice professionnel.

Parce que je me rends compte que ce pli de mettre de côté mon propre ressenti, héritage de mon histoire autant que de ma pratique, ne sera jamais totalement défroissé.

Parce que dans ce métier où je me rends chaque jour infiniment disponible pour l'autre, navigant heure après heure dans des mondes plus ou moins rudes émotionnellement, il est doux pour moi de pouvoir être à mon tour accueillie.

De temps en temps, ne plus être celle qui écoute, mais celle qui est écoutée, et mieux encore, vraiment vue.

23 mars 2024

Aller vers la lumière

Je pense que le monde tient dans un équilibre, pour moi il y a autant d'ombre que de lumière sinon je pense que tout cela n'existerait pas. C'est aussi à nous ce travail à faire de vraiment d'aller voir notre lumière. Il y a le travail à faire sur l'ombre mais je dirais que le plus important...

On est une société où on cherche à guérir guérir guérir, mais je pense  que chercher la lumière, cultiver la lumière, parfois ça aide plus à guérir que de patauger dans quelque chose qui ne serait QUE "guérir, guérir" parce qu'en fait à ce moment-là vous vous envoyez un seul et même message : je veux guérir guérir ben c'est que je suis malade malade malade ! Donc peut-être que de cultiver la lumière, vraiment se désidentifier de soi-même, rejoindre cette part intérieure qui  est vraiment une présence-absence aimante, quand on goûte, quand on touche, quand on fait cette expérience, on est changé pour la vie ; et à ce moment-là, de surcroît, arrivent des guérisons par miracle.

Audrey Fella, interview Zeteo

Oui. C'est ce qui m'a fait passer de la psychanalyse, de sa fascination stérilisante pour le meurtre et l'inceste, de son goût grandiloquent pour la tragédie antique (en toute humilité) et pour le pire du pulsionnel en nous, à la psychothérapie relationnelle et transpersonnelle. 

15 mars 2024

Avance sur printemps


Premiers repas dehors, premières balades en t-shirt, cette année à Cassignas j'ai rencontré trois chats câlins, un prof de yoga, une potière transgenre et un incroyable chêne multi centenaire. Nous sommes si petits...

03 mars 2024

Prendre soin

Bien sûr, il s'agit de moments rares, et pas du tout de mon quotidien professionnel. Et, en l'occurrence, de deux patients que j'ai suivi sur des années, et qui m'ont je crois appris autant que ce que je leur ai apporté. Au-delà du cadre, des rencontres.

Le premier est revenu hier pour une séance de clôture profondément émouvante, nommer ceci : oui, je lui ai sauvé la vie le jour où je l'ai fait hospitaliser en urgence. S'en est suivi un échange très fort sur le lien thérapeutique, ce drôle de rapport asymétrique où l'un ne sait rien de l'autre, et qui peut pourtant être un repère décisif, une rencontre qu'on n'oubliera pas. Sur ce métier où l'on accueille avec ce que l'on est, où l'on ne travaille bien qu'en acceptant d'être touché, ému par l'autre. Sur la juste distance thérapeutique, qui n'est ni amitié ni froide neutralité, mais accueil et pas de deux, travail d'équipe. Ex-enfant profondément blessé et autrefois amer, il s'apprête aujourd'hui à fonder une famille, et cultive son jardin au sens propre comme au sens figuré. "J'ai beaucoup grandi", me dit-il.

Pour la seconde, j'ai aménagé le cadre comme pour personne d'autre avant elle, m'adaptant à ce que j'analyse aujourd'hui comme les besoins d'un nouveau-né entre la vie et la mort. L'espace, le temps, le contact pendant et entre les séances, il n'y a rien qu'elle ne m'ait fait interroger, ajuster, et transformer. Jusqu'à le mettre en œuvre dans la réalité, lors d'une séance par téléphone au décours d'une hospitalisation pour une tentative de suicide, lors de laquelle nous ne savions pas si elle allait survivre à son geste. Séance dont elle dit aujourd'hui que c'est le seul contact humain ressenti comme réel qu'elle ait eu pendant cette semaine-là. Aujourd'hui la "nouvelle-née", a bien grandi, (se) pose de toutes autres questions, et interroge d'elle-même la possibilité de commencer à se séparer, et d'espacer nos rencontres. Et je suis d'accord, c'est juste.

(Elle n'a pas tout à fait fini de grandir cependant ; avant une séparation d'un mois pour des raisons professionnelles, elle a évoqué Zou le petit zèbre, un album pour enfants dans lequel ses parents lui préparent une boîte à bisous pour chaque jour d'absence. :-))

28 février 2024

En quête

Un constat ces dernières semaines : mon âme tend à me mettre à la diète. En tout cas, ce qui me faisait envie avant, ne me nourrit plus. Dans le choix de mes lectures, de ce que je regarde ou écoute, il se passe quelque chose de nouveau.

Les films et les séries m'ennuient de plus en plus souvent, je suis ressortie ce matin les mains vides de ma librairie (événement inédit), je questionne de plus en plus le bon usage des informations - être coupée du monde, non, mais être intoxiquée quotidiennement par l'anxiété et l'impuissance devient de moins en moins possible.

Je ne suis pas devenue blasée, ou moins sensible à la beauté pourtant - alors je devine une évolution silencieuse, un appel croissant à quelque chose que je ne sais pas encore nommer. Comme si quelque chose en moi faisait un tri spontané, éliminant le trop attendu, le "consommatoire", le superficiel pour aller vers ce qui me touche, m'enthousiasme, m'émerveille, me donne matière à penser. 

Des podcasts inspirants, un roman utopique mais qui laisse profondément à réfléchir (Les Déliés), des musiques lumineuses - sacrées ou joyeuses, une envie de mouvement, dans la danse ou dans le sport, relire aussi plutôt que d'empiler les bouquins neufs - revenir aux sources - je viens de retrouver, comme on retrouverait un vieil ami, Le billet d'excuse, de Christian Bobin.

Peut-être Bobin ne parle-t-il que de cela d'ailleurs - du pas de côté, du silence, de la contemplation - "ne pas céder à l'imaginaire du plein".

22 février 2024

Humilité

La vérité, c'est que je ne sais pas. Et que je suis profondément perplexe (et parfois vaguement envieuse) lorsque j'entends des collègues thérapeutes être si affirmatifs quant à leurs théories, leurs méthodes et leur efficacité. Et déjà par principe, s'ils se réclament d'une seule, je fuis. Rien de plus terrifiant que les monomanies théoriques, l'intégrisme conceptuel, lorsqu'il s'agit de l'humain.

Pour ma part, ma conception fondamentale reste celle énoncée par Victor Raimy en 1949 : "La psychothérapie est une technique indéfinie, appliquée à des situations imprécises, avec des résultats imprévisibles. Pour l’acquisition de cette technique, une formation rigoureuse est souhaitable."

Lorsque la souffrance d'un patient diminue, ou lorsque je le vois évoluer dans ses choix et dans sa vie, qu'il s'agisse d'un suivi bref ou d'un accompagnement à long terme, je peux espérer (et parfois raisonnablement penser) y avoir contribué. Il m'arrive d'en être à peu près sûre, et aussi que cela soit confirmé par les principaux intéressés.

Mais restons modestes : je pense que la vie est thérapeutique. Que les rencontres, l'amitié, l'amour, et même parfois les accidents de parcours sont thérapeutiques. Que pour ceux de mes patients qui bénéficient de prises en charge complémentaires, qu'elles soient psychiatriques ou médicales, ou moins balisées - kinésiologues, naturopathes, mediums et autres chamanes, je serais bien en peine d'attribuer un "coefficient de guérison" à l'ensemble de leurs expériences vécues.

Formée à différentes approches, hantée par la certitude de l'être toujours insuffisamment (et c'est vrai : je ne suis pas une théoricienne), ma seule conviction aujourd'hui est celle que ce qui soigne avant tout, toutes théories confondues, c'est le lien. La qualité de l'alliance thérapeutique, autrement dit, de la présence humaine incarnée. L'expérience que je me reconnais le plus volontiers aujourd'hui, c'est celle de l'être-là. Ainsi que la liberté croissante dans l'expression de mes intuitions, dans le fond comme dans la forme.

Pas une technicienne, mais une tisserande, une passeuse, une passerelle. Et à cet endroit-là, il y a parfois des petits moments de grâce. D'inspiration. Un de mes maîtres parlait de cet instant où l'on s'efface, un autre de la transe du thérapeute, un autre encore d'un artisanat - je crois qu'aujourd'hui les seules formations qui vaillent - pour moi - sont celles qui m'amènent là.

Sujet de philo


 Vrai ou faux ? Argumentez. (Vous avez quatre heures...)

20 février 2024

#résilientes


On a causé veuvage, maladies graves, enfants en souffrance psy, établissements scolaires indélicats, employeurs toxiques, mammographies et dépistage du cancer colorectal, mais aussi Vinted, bijoux, déco, cuisine, animaux totem, jeunes générations en résistance, lectures qui sauvent, et sur tous les points, on a beaucoup ri - mes copines sont des warriors. Et moi aussi. Ah mais !

18 février 2024

Un dimanche mère-fille



L'Egypte à l'Atelier des Lumières, et le revival des Années Twist vu à la création du spectacle il y a... quasi 30 ans (ooops). Pour la petite histoire, dans la nouvelle équipe, deux enfants de la troupe de 1996... c'est joli ! Tous d'excellents chanteurs, danseurs, et une bonne humeur communicative - j'adore cet répertoire, léger et joyeux, que j'écoute souvent pour le plaisir.

08 février 2024

Sorcières

Nous avons besoin de guérisseuses, de femmes qui ont traversé l'enfer et en sont revenues, apportant avec elles l'innocence et la pureté.

Des femmes qui voient l'âme, l'écoutent, lui insufflent les vibrations de l'amour, des mots magiques, des chansons douces.

Des femmes qui peuvent caresser l'âme.

Elles tiennent la main d'un enfant blessé, d'une fille blessée et les soulèvent pour regarder l'arc-en-ciel.

Des femmes qui parlent aux arbres, aux pierres, aux animaux, aux montagnes, à l'eau, qui les écoutent, les comprennent, les conseillent. Elles les aident, les soutiennent.

Des femmes qui ont guéri leurs blessures émotionnelles, la violence, construit leur estime de soi, appris à s'aimer, à aimer, à dire non.

Les femmes qui connaissent les herbes, les fleurs, les arts magiques et ont appris à ne pas en avoir honte.

Des femmes qui, lorsqu'elles bougent, sont accompagnées de rangées d'Anges, et leur mouvement est comme une danse d'énergie, à différents niveaux.

Les femmes qui honorent leurs racines en les transformant et en apportant une nouvelle lymphe à l'arbre.

Des femmes qui ne sont plus des victimes, mais des choix opérants...

Des femmes qui peuvent aider d'autres âmes à se libérer, qui possèdent l'art sacré de la guérison, fruit d'un long parcours de guérison.

Des femmes qui s'expriment en étant humbles, car elles n'ont plus besoin d'être vues par les autres, elles ont pris conscience de qui elles sont.

Elles se sont vus honorées par des bénédictions.

Des femmes qui savent qui elles sont, des femmes qui servent le monde... 

Valeria Boari

04 février 2024

Bonheurs simples

16 janvier 2024

Deux ans déjà ???