27 juin 2006

Coup franc

21h40, ça crie et ça chante dehors, Léo se relève, ensommeillé, qui c'est qui a marqué Maman ? Ben, la France mon chéri, sinon ils ne crieraient pas... Oui mais quel joueur ??? Oh là là tu m'en demandes beaucoup là... (Ribery, ou comment bluffer son fils grâce à Internet).

22h40, la France marque un deuxième but, des hurlements et des sifflets retentissent dans la cour. Je vais rassurer Elsa qui venait de se lever pour aller aux toilettes - Maman y a du cri qui s'approche dans ma chambre !

22h48, 3 ème but, fin de match - tout le monde dort, chut... Sommeil : 2-0.

26 juin 2006

Fenêtres

"La condition nécessaire de la formation d'un concept, c'est donc l'oubli : l'oubli du propre, du singulier, du différent. Je dis une table et j'oublie cette table ; je dis : c'est un obsessionnel et j'oublie celui qui me parle ; je dis identification au père et je n'ai rien dit du tout ; je dis transfert et je crois m'être délivré de cet amour démesuré ou de cette haine sans merci ; je dis transfert maternel et j'ignore à quelle mère il ou elle s'adresse."
"Mais je crois que son mal d'un pays natal a une autre source. Ce n'est pas le passé qu'il idéalise, ce n'est pas au présent qu'il tourne le dos, c'est à ce qui meurt. Son souhait : que partout - qu'il change de continent, de ville, de métier, d'amours - il puisse trouver son pays natal, celui où la vie naît, renaît. Le désir que porte la nostalgie est moins celui d'une éternité immobile que de naissances toujours nouvelles."
J-B Pontalis, Fenêtres ;-)

Madeleines cathodiques















Grâce au téléchargement, ai retrouvé Zora la rousse, feuilleton de mon enfance (1978). Hé bien, mon goût pour les idéalistes rebelles ne date pas d'hier. Zora a fait un tabac auprès des minus (bon sang ne saurait mentir), et je me réjouis d'entendre fredonner dans ma maison "Zora la rousse Zora belle et farouche ta vie a un goût d'aventure Zora rebelle Zora l'espoir t'appelle toi la sauvageonne au coeur pur. "

Et la moue boudeuse, irrésistible, de Charlotte Gainsbourg dans l'Effrontée, plus doux-amer que dans mon souvenir d'alors - en 1985, j'avais 13 ans aussi, les mêmes chemises blanches et les mêmes maladresses qu'elle, et aussi, les grosses lunettes et "l'exclusivisme" farouche de la p'tite Lulu (!) - et j'ai retrouvé intacte, l'euphorie communicative de Sara per che ti amo....

24 juin 2006

Minimots

Nous discutons avec les enfants de être, ou ne pas être, ou ne plus être, un bébé. Même s'il est toujours mon bébé, Léo est-il encore un bébé ? Elsa : "Moi, je suis une vieille bébé !".
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Mimes animaux dans la cuisine :
Léo : - Un éléphant d'Asie !
Lulu : - Un éléphant oui mais pourquoi d'Asie ???
Léo, du ton de l'évidence :
- Ben parce que tu as des petites oreilles !

20 juin 2006

Proverbe chinois

Si quelque chose d'idiot vous rend heureux, faites-le !
(Des suggestions ?)
Prendre les sens interdits à vélo. Lire Gala chez le coiffeur - surtout la page des soirées où les stars, prises sur le vif, ont le nez qui brille. Manger tout le pot de Haagen Das devant la télé ...Et puis aussi, fermer la porte sur une maison dévastée, et partir au cinéma, en me disant que peut-être une fée sera passée avant mon retour. Chanter à tue tête Charles Aznavour en roulant, de nuit, sur le périph, après une interminable journée pleine de drames, de cris et de larmes. L'hiver, me glisser sous la couette, et poser mes pieds glacés contre mon homme, tout chaud. Qui râle, et m'ouvre ses bras.
Improviser des sketches avec les enfants (l'autre jour avec Léo, tôt le matin, sur le thème, mais que faites-vous dans ma cuisine jeune homme ?). Faire des bulles de savon. Briser la couche de caramel des crèmes brûlées avec ma petite cuillère, comme Amélie Poulain. Chanter ou danser dans la rue. Faire du toboggan aquatique. Lire un canard féminin de la première à la dernière page avec le même sérieux. Improviser une restropective Julia Roberts - Meg Ryan à la maison. Aller chercher du pain, revenir avec un Mister Freeze. M'offrir un vrai, jubilatoire quart d'heure langue de p... Faire des sauts périlleux à la piscine.
(D'autres joueurs ?)

Signifiant

...ou quand la folie maternelle, vraisemblablement transgénérationnelle (voir : Volver), expose l'adolescence à tous les risques. Et quand à la fin de l'entretien, une mère affolée, affolante replace dans sa serviette l'épais dossier qu'elle a monté contre sa propre fille, je lis au vol, presque malgré moi, le titre du livre de poche qui en dépasse - et c'est Le livre de ma mère, d'Albert Cohen - Le livre de ma mère, ou l'indépassable fusion maternelle.

18 juin 2006

Le goût du bonheur

Faire la sieste sous les arbres, manger des cerises tout juste cueillies, savourer la nouvelle tournée de confitures de fraises, déguster un champagne rosé devant une jolie table dressée dehors, étrenner un nouveau maillot de bain, marcher main dans la main sur un chemin de campagne (OK, entre deux mi-temps ;-)), se laisser cocooner, nourrir, prendre en charge le temps de deux journées de plein été - savoir que c'est un privilège, le goûter sereinement.

14 juin 2006

L’un ou l’autre

Elle a 24 ans, elle est accompagnée d’un petit garçon souriant et paisible, qui s’installe immédiatement au milieu des jeux de la salle d’attente. La porte du bureau refermée, elle raconte, une suspicion tardive de grossesse, et le choc à l’échographie la veille – 15 semaines – un bébé parfaitement visible, et des délais légaux pour envisager une IVG largement dépassés.

Que s’est il passé ? Rien… des rapports protégés, une rupture de préservatif, la contraception d’urgence prise dans les délais – et depuis, aucun signe, des saignements à la date attendue des règles. Une histoire banale – le premier compagnon démissionnaire, une nouvelle histoire encore fragile, des emplois précaires, une mère et une sœur gravement malades – autant d’arguments rationnels, raisonnables, avancés – et le sentiment que l’essentiel n’est pas là.

L’essentiel… il joue tranquillement dans la salle d’attente. L’essentiel, c’est ce petit garçon de 4 ans, leucémique en rémission, et dans le discours de sa mère j’entends successivement, la vie qui s’impose quand l’ombre de la mort plane, la tentation d’un marchandage, d’une conjuration, ou bien encore, l’idée que garder l’enfant à naître, condamnerait l’enfant vivant – quelque chose de l’ordre de : l’un ou l’autre.

L’un ou l’autre… que faut-il porter en soi, pour s’infliger une telle douleur ? Dans cette première rencontre, il n’est pas question d’autre chose que d’entendre ces enjeux vitaux, et d’orienter vers les structures qui seront à même d’accompagner cette femme à l’étranger. En ouvrant la possibilité d’une parole pour que, dans le temps d’accomplir les démarches à venir, elle puisse essayer de donner un sens à ce qui se joue – et faire le même choix peut-être, mais autrement.

13 juin 2006

Dire sa vie (2)

"...elle racontera ses souvenirs traumatiques avec plein de détails parfois violents pour celui qui l'écoute car, et c'est là une marque du trauma, le récit traumatique "traumatise" en retour celui qui l'écoute, à un moindre degré certes, l'effet ne peut être comparé, mais la marque traumatique existe sur l'autre dans la rencontre thérapeutique - c'est ce qui marque que la rencontre a eu lieu (...).
Qu'est-ce qui fait partie de la transmission intergénérationnelle et qu'est-ce qui n'en fait pas partie ? Quelles sont les conditions qui font qu'un événement ne sera pas transmis, ou du moins ne sera pas transmis comme un événement traumatique impensable et destructurant ? Il faut ici discuter la nature du trauma individuel ou collectif, la capacité de celui qui le vit de le subjectiver, de lui donner un sens, de lui faire servir d'humus aux racines de l'arbre de vie sans les enserrer dans une gangue mortifère."
Marie-Rose Moro, Enfants d'ici venus d'ailleurs

12 juin 2006

Jardins intérieurs

Prière de (ne pas) déranger.
C’est pas là… c’est pas dans l’blog, jardin public. Intérieur - extérieur, un pied dedans, un pied dehors : toujours à interroger la limite. Une promesse d’avant les mots – ne jamais jeter l’ancre. Ni l'éponge ! Une autre – remédier à l'irréparable. Démissionner ? A la frontière, sur le fil du rasoir, funambule : aux extrémités du balancier - douleur, et tendresse. Là où je me sens vivante, c’est à la marge, sur le trait. Un moineau sur la table d'un café, prêt à s'envoler.

11 juin 2006

Rouler dans l'herbe

08 juin 2006

Piliers de comptoir

A la sortie de l'école, Léo : Maman, on va au Père Tranquille ? (le troquet sympa du coin de la rue, rendez-vous matinal des parents indignes après le marathon p'tit-dèj-toilette-habillage-vérification-du-cartable-largage-école-crèche).
Bah, pourquoi pas ? Il fait beau, j'aime bien l'idée d'un truc incongru, inhabituel, l'idée de nous attarder pour une fois ! ....nous voilà donc tous les trois avec Elsa, les petits devant leur grenadine et moi avec un Coca-glaçons (mère indigne mais sobre). Commentaire de Léo : "Et maintenant c'est la Mère Tranquille !". Y a un message là ?

07 juin 2006

Dire sa vie

" ...il importe cependant de créer les conditions de la reconnaissance de l'identité, de la singularité et de la liberté de chacun, pour que la transmission interne soit possible - transmission entre les générations.
De la qualité de cette transmission interne, transmission de l'intimité, de la sensorialité, dépendra en partie le devenir de la transmission externe, celle effectuée par les institutions de la société d'accueil : l'école en tout premier lieu, mais aussi la justice, la médecine, les médias...
D'où cette constante intrication que nous analyserons entre filiation - transmission à l'intérieur de la famille dans un axe vertical conscient et inconscient - et affiliation - transmission interne à la famille et transmission externe assurée par les groupes d'appartenance traversés aux différents âges de la vie."
Marie-Rose Moro, Enfants d'ici venus d'ailleurs

01 juin 2006

Children's corner

Ce matin, je me suis réveillée tôt, et me suis glissée dans la chambre des enfants pour les réveiller avec des câlins - leur dire combien je les aime. - Encore de l'amour, trop d'amour ! a rigolé Léo, ravi. - Bon, je vais descendre en donner un peu aussi à Elsa alors, lui ai-je répondu. - Ah, non, je veux tout pour moi !
*****
Un peu plus tard, Elsa touille le chocolat en poudre qui s'agglomère dans son bol de lait : - Regarde Maman, y a des grelots !!!
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Léo - Les pirates, ils tuent, ils détruisent, ils volent...
Elsa - Ben non, ils z'ont pas des ailes !
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Lulu, qui part travailler : - Dans une heure je serai au bout du monde !
Léo : - Ben, c'est pas loin le bout du monde !
Lulu : - ?
Léo : - Ben oui, comme la Terre elle est ronde, t'as qu'à faire le tour et revenir ici, en fait t'as même pas besoin de partir...

Signal d'alarme ?

Une patiente, mercredi soir : - Ce doit être difficile parfois, d'accueillir toutes ces histoires, non ? C'est vrai, il faut vous protéger...
A elle j'ai dit - que chaque rencontre était un échange, une surprise - et qu'elle n'avait pas lieu de se faire du souci pour moi.
Mais pour moi-même j'ai senti, l'émotion affleurer - le besoin que ce travail soit reconnu et compris, quand il l'est si rarement. Les soignants du corps ou de l'âme, les travailleurs sociaux, les enseignants - qui prend conscience de la part impalpable, irremplaçable de ce qu'ils tissent jour après jour, de leur extraordinaire, invisible, inchiffrable travail de prévention ?