Un petit texte qui date de 2004... j'étais très en colère à ce qu'il semble :-). Aujourd'hui je reste probablement attirée par les mêmes... en mieux ! Avec un peu plus de distance, de souplesse, et d'humour, avec infiniment de tendresse aussi, pour l’autre et pour moi-même (à la relecture, il me semble qu'il y a quelques points par lesquels je pourrais me sentir concernée...)
Il est fragile, fragile, fragile… mais ne le montre pas (éventuellement n’en est pas conscient lui-même), ou bien le laisse subtilement deviner.
Qu’il soit fort en apparence, grognon au cœur tendre, ou grand blessé dissimulé dans un éclat de rire, il est fragile…
…et donne à qui veut la cultiver cette complète mais captivante illusion : être celle-qui-guérit, celle qui comprend, celle qui protège (variantes : celle avec qui ce sera différent, ou encore : celle qui saura l’émouvoir).
Sa fragilité (plus ou moins supposée) lui vaut toutes les indulgences : grossièreté, lâcheté, brutalité, négligence, goujaterie avérée, tout – ou presque – peut lui être pardonné. Bien mieux que cela : il n’en sera que plus aimé lorsqu’il fera patte de velours.
C’est un « bourreau des cœurs » : de ceux qui savent, au moins par instants, et parfois davantage, donner l’impression d’être unique, accueillie, écoutée, ou bien regardée comme jamais auparavant - devinée.
Il pose volontiers à l’homme idéal, invite l’autre à prendre également cette place ; il est bien entendu toujours déçu, nécessairement décevant.
Il n’est guère à l’aise avec les femmes, ni au clair avec sa propre sexualité ; quand bien même il serait convaincu du contraire, et persuasif…
Il caresse de grands rêves (mais se donne rarement les moyens de les réaliser), peut présenter diverses formes du syndrome de l’artiste maudit (velléités créatives de tous ordres, discours rebelle), ne dédaigne pas les conduites à risques et les transgressions plus ou moins mineures.
Il se caractérise par son immaturité affective, son incapacité à s’engager, et d’une façon générale, sa difficulté à faire des choix, ainsi qu’à les argumenter et à les maintenir.
Il se met aussi répétitivement qu’inconsciemment en situation de faire souffrir l’autre, idéalement les autres, et d’être malmené en retour… ce qui lui laisse le bénéfice supplémentaire de se poser en victime, tout en justifiant son agressivité.
Il est intelligent, manipulateur, volontiers cynique, mais non dépourvu pour autant de naïveté.
Il peut être à l’aise avec la parole… aussi longtemps qu’elle ne l’engage pas personnellement, ou tout au moins qu’elle ne l’amène pas à la confrontation. Si celle-ci s’impose à lui, il prend la fuite. Le silence lui va bien ; il accroît son mystère…
Il s’autorise parfois un bref retour, le temps de vérifier qu’il est toujours adulé… et disparaît à nouveau lorsqu’il en est convaincu.
Il est nécessairement inaccessible (surbooké professionnellement, marié, homosexuel… toutes les variantes sont possibles).
Bref, il est… irrésistible.