30 novembre 2023

Il était une fois

Peut-être tous les spectacles du Cirque du Soleil pourraient commencer comme cela - Il était une fois. Ce serait à chaque fois une histoire différente - il était une autre fois, mais ce serait toujours cet incroyable pouvoir de nous faire, à un moment, décoller du sol pour nous laisser émerveillés, bouche bée devant l'impossible - humains plus qu'humains et comme en apesanteur - un vélo volant, un acrobate sur rouleaux, d'accord, mais sur une balançoire ? La virtuosité technique disparaît derrière une poésie toujours renouvelée - une mer de nuages, des mains animées, un lion invisible, et j'en oublie. On aimerait imaginer le brain-storming qui précède la création de ces bijoux éphémères, ces rêves de gosse où tout est permis - machines volantes, dîner suspendu à quinze mètres du sol, homme-monde cachant dans son gros ventre une vraie petite personne. Pendant deux heures, j'ai retrouvé ce regard qu'on aimerait être celui de l'enfance - un émerveillement pur, un Oh ! sans réserves.

26 novembre 2023

Jour de fête

Une journée si simple et douce, juste tous les quatre - le plus beau des cadeaux d'anniversaire, être ensemble, tranquillement là les uns pour les autres. Partager un bon repas fait maison, une coupe de champagne, découvrir le cadeau des enfants, si LuLu à tous points de vue : trois places pour Starmania - un moment à partager plutôt qu'un objet matériel, pour un spectacle avec les chansons duquel ils ont grandi, et devant lequel je rêvais depuis sa reprise à la Seine Musicale l'année dernière.

De l'écoute, les nouvelles et les projets de chacun, le regard sur le monde de ces jeunes adultes, des câlins pour tous, un jeu, un peu de musique en fond sonore : un moment si chaleureux et lumineux que j'avais l'impression que nous étions au coin d'un feu de cheminée.

25 novembre 2023

Old friends

23 novembre 2023

On the sunny side of the street


Irréductible fan des comédies musicales, j'ai longtemps eu envie de faire des claquettes. Et le répertoire jazz swing des années 30 me met irrésistiblement de bonne humeur : Close the shop and get your hat - leave your worries on the doorstep... Du coup, cette année, je me suis lancée dans le lindy hop, cet ancêtre du rock-and-roll, en plus sautillant et détente - imaginez des pas de charleston mais en danse à deux, impossible de ne pas ressortir de cours avec le sourire (tellement fan que je fais aussi de temps en temps des ateliers de solo jazz - la même chose mais en lignes, façon troupe de Fame - I'm gonna live for ever...)

Ce n'est pas mon premier cours de danse - j'ai fait du modern jazz, de la danse orientale, du tango ; je suis généralement une élève lente, à la coordination motrice approximative, mais volontaire ; là je n'ai jamais été aussi enthousiaste ! Ça m'amuse, ça me fait bouger - indispensable quand on a les fesses vissées sur son fauteuil à longueur de temps, bref, ça m'enchante !

Donc - je me suis fait le meilleur cadeau d'anniversaire possible - hier je me suis offert deux heures de cours particulier à domicile avec Romain, notre prof de groupe, et c'était un super kif ! Déclic, progrès, j'ai plus avancé en deux heures qu'en un trimestre et surtout, j'en suis sortie avec une énergie incroyable, et l'envie de danser encore plus souvent. Trop bien !!! Comme dirait Romain.

19 novembre 2023

Il faudra que je me souvienne...

Ce pourrait être une idée d'écriture lors de chaque nouvelle rencontre - je pense aux histoires d'amour mais on pourrait l'élargir à tant d'autres choses. "Il faudra que je me souvienne", quand tu ne seras plus là, ou quand l'histoire sera terminée, ou quand tu auras quitté ce monde... (C'est en partie la raison d'être de ce blog au demeurant - se souvenir). Il faudra que je me souvienne - de la joie dans tes yeux à chaque fois que nous nous retrouvons, de la douceur de ta peau, des enfants qui se sont glissés dans notre lit ce matin, et de tellement d'autres choses encore.

16 novembre 2023

Rencontre

Régulièrement, dans mon travail auprès des étudiants, il y a des rencontres. Une accroche, une alliance, une émotion qui feront peut-être que ces quelques entretiens, puisque l'idée n'est pas de se substituer à un suivi, laisseront une trace, sèmeront une petite graine sur leur chemin.  

Bien sûr, je fais au mieux pour que tous se sentent accueillis, entendus, et ça fonctionne globalement plus ou moins. Mais force est de constater qu'il y a parfois des rencontres inspirées, quelque chose de l'être à être qui ne se décide ni ne se prévoit. Ce soir il y avait ce jeune homme dans un cursus scientifique top niveau, mais aussi, et peut-être d'abord musicien et poète, avec lequel l'échange est si étonnamment fluide et joyeux, malgré son désespoir et sa lucidité ravageuse, ou plutôt sans doute grâce à eux - il y a là quelque chose que je reconnais, qui ne m'effraie pas, et que je peux par conséquent accueillir.

Un amoureux des mots avec lequel dès le premier entretien il a été question de La Tordue et des Têtes Raides (j'avais presque oublié la subtilité de l'écriture des premiers, redécouverte grâce à lui), du Mal de vivre de Barbara (nous avions gentiment bataillé sur le vers qu'il avait cité spontanément : La solitude ou Le mal de vivre ? - c'est lui qui avait raison), de cette citation de Karen Blixen que j'affectionne tout particulièrement sur l'eau salée qui guérit de tout parce qu'il partait naviguer pour la première fois, des Oiseaux de passage suite à la lecture du poème qu'il venait de composer - un texte remarquablement abouti dans le fond comme dans la forme. Un long et dense poème en vers qui s'achevait par, je mourrai vivant - phrase qui prend une résonance bouleversante lorsque l'on connaît son histoire.

Peut-être suis-je aussi d'autant plus touchée qu'une part de sa difficulté à vivre provient du fossé créé par l'incommunicabilité de son expérience de vie à des jeunes gens de son âge, lui qui a été confronté si intimement à la question de la maladie et de la mort dès ses premières années. Et qu'ici, dans ce lieu de passage, quelque chose peut en être dit. Même si, comme je l'ai lu quelques jours plus tard à propos d'un tout autre contexte "Ceux qui ont vécu (...) n'ont besoin d'aucune explication ; quant aux autres, ils ne peuvent ni comprendre ce que les survivants ont éprouvé alors, ni ce qu'ils éprouvent aujourd'hui."

(NB : c'est probablement vrai de tous les survivants, quel que soit l'événement auquel ils ont survécu)

Je ne prétends pas comprendre en effet. Mais je peux être là, écouter pleinement et tranquillement. Etre dans cette "observation non intervenante d'un soignant non angoissé", comme l'écrit Winnicott - quelque chose d'une bienveillance implicite. Rire ou tout au moins sourire avec lui, un rire qui ne doit rien au cynisme mais plutôt  à une reconnaissance commune de la précarité de nos existences.

13 novembre 2023

L'un ou l'autre ?


Hier je suis allée voir Simple comme Sylvain, cette comédie douce-amère sur un improbable couple entre une prof de philo et un menuisier. La réalisatrice aussi s'intéresse à la philo, et en profite pour disserter sur les formes et les impasses de l'amour... Est-ce qu'il y a une troisième voie entre les amours conjugales qui s'étiolent au mieux en amitiés somnolentes dans un quotidien tue-désir et les coups de cœur (et/ou de cul) sans territoires communs ni projets imaginables ? Mais à quoi bon faire des projets, si tout est voué à se défaire ou à devenir un trompe-l’œil ? Est-ce que les amours sans engagement seraient finalement plus profondes qu'il n'y paraît, parce que l'absence de dépendance, de conventions obligerait à plus de respect et à plus de créativité, et à une forme d'honnêteté sur la fragilité des liens et des êtres ? Mais aussi, est-ce qu'il n'y a pas une forme de paresse, ou de lâcheté (et la garantie de déceptions récurrentes) dans le fait de ne pas chercher à construire quoi que ce soit ? Et puis, c'est quoi le bon dosage ressemblances sécurisantes / différences inspirantes ? Je ne sais pas... toujours pas !

05 novembre 2023

Résurrection !

C'est un peu vexant que ce soit dû à l'industrie pharmaceutique, mais je revis. Sommeil OK, bouffées de chaleur disparues, neurones retrouvés, et je n'ai plus l'impression d'avoir 120 ans. Ni de réflexions inquiètes de mes patients - vous avez l'air vraiment fatiguée aujourd'hui ?

Du coup je redeviens curieuse. Vu deux films délicieux, Les enfants des autres, et je me suis reconnue dans ce lien fort et fragile que l'héroïne tisse avec la fille de son nouveau compagnon, cet exercice de funambule qui lui fait dire, mais tout ce qui vous arrive à vous m'arrive un peu à moi aussi ? Et puis Mes rendez-vous avec Léo, un petit bijou d'humour, de subtilité et de délicatesse, sur un sujet qui aurait pu être scabreux s'il n'avait été porté avec autant d'élégance par la délicieuse Emma Thompson - quand je serai grande je veux être Emma et sa façon de pouvoir dire ou faire à peu près n'importe quoi tout en restant classe, et ce personnage de femme mûre qui se découvre, quel bonheur...

Je redeviens aventureuse aussi, emmène mes patients - grâce à leur confiance, merci à eux - dans des voyages hypnotiques qui se révèlent initiatiques, ou dans l'exploration de ressentis d'avant leur venue au monde, dont ils - elles en l'occurrence - reviennent étrangement apaisées... 

Et plus libre que jamais avec les étudiants - n'ayant pas de responsabilité "thérapeutique" dans ce cadre, je deviens je crois soignante précisément de par la liberté que cela me donne - la possibilité de l'humour, de la complicité dans les références culturelles partagées ou suggérées, du dévoilement mesuré ou sous-entendu, du conseil ou tout au moins de l'indication parfois. Non que j'en sache forcément davantage, mais je suis sans doute un petit peu plus loin sur la route.

Comme cette étudiante en philo avec qui évoquer Dufourmantelle et son éloge du risque, les expériences spontanées de conscience élargie, la nécessité de s'ancrer dans le corps et dans le souffle pour ne pas trop partir dans une pensée désincarnée... Et puis il y a ceux qui reviennent de tellement loin et qui vont bien ou presque bien aujourd'hui, et qui sont un vibrant hommage à l'espoir et peut-être aussi au sens de ce travail - Maxime, Elsa, Lunia...

Ce qui pousse aussi, dans son double sens de l'élan et de la croissance végétale, c'est quelque chose de l'appel de la dimension spirituelle - je me suis remise à lire Christiane Singer, me suis amusée de me voir écouter des podcasts cathos, ou essayer de formuler maladroitement quelque chose du "là où j'en suis", quelques convictions encore timides. Tout en constatant à quel point cet appel a en fait toujours été là, dans les émerveillements de l'enfance, dans les lectures de l'adolescence, dans les expériences de l'adulte... ce monde invisible, cousu dans la doublure du quotidien, ce toucher de la Présence dont parle Singer justement.

Et puis il y a à nouveau de l'énergie et de la disponibilité pour accueillir les gens que j'aime, échanger avec mes enfants, avec Maman, emmener les jumeaux au musée, passer du temps avec Céline, avec Stéphane, avec Cécile, avec Dominique, avec Michaële... et avec moi-même aussi - ce week-end je l'ai passé en compagnie de mon chat, avec de quoi écrire, de quoi lire et du thé - ce dimanche, non pas "grasse matinée" mais carrément "grasse journée" (crédit @Soledad) !