30 décembre 2018

Petits pas

Et si on mettait nos efforts en commun ? Nous avons tous, ou presque, modifié nos comportements. Lister ceux que nous avons (plus ou moins :-)) adoptés à la maison, c'est motivant : je réalise qu'il y a déjà pas mal de petits pas sur le bon chemin ! Les partager, c'est encore mieux : co-motivation et inspiration réciproque. A vous de jouer ?

Déchets :
- Trier les déchets : le mieux possible, avec encore parfois des hésitations : poubelle jaune ou poubelle verte ?
- Rapporter les ampoules / piles / matériaux électroniques dans les conteneurs dédiés dans les grandes surfaces
- Avoir un composteur dans le jardin : fait, mais pas optimal. Le remplacer par un plus petit mais mieux utilisé ?
- Ne pas acheter de bouteilles d'eau en plastique : jamais de grandes, de moins en moins de petites
- Faire la chasse aux sacs plastiques, toujours garder un sac pliable dans le sac à main : presque (par)fait ;-)
- Remplacer le gel douche par du savon : fait
Alimentation :
- Acheter plutôt du bio, plutôt du local, plutôt au marché : de plus en plus
- Limiter la viande : bizarrement, fait sans grands efforts, au contraire
Energie/eau :
- Remplacer EDF/ENGIE par des fournisseurs d'énergies renouvelables : celui-là compte comme grand pas !
- Limiter les bains au maximum, prendre des douches brèves : fait
- Fermer les robinets, éteindre les lumières inutiles
Transports :
- Ne pas avoir de voiture, en louer une à des particuliers quand c'est vraiment nécessaire : fait, mais trop facile à Paris !
- Et donc, se déplacer à pied, en vélo ou en transports en commun
Consommation :
- Acheter moins/mieux : j'ai découvert récemment la méthode BISOU. (Restent le syndrome de l'achat-doudou-palliatif-compulsif, et le piège soldes/promo)
- Ne plus commander sur Amazon. Bon, je ferai une exception pour ma toute nouvelle liseuse (mais au moins n'entraîne-t-elle ni transports routiers ou aériens, ni emballages, ni manutention dans des conditions exécrables)
- Ne changer de téléphone que lorsque le précédent est vraiment hors d'usage. Envisager un Fairphone pour le prochain.
- Ne pas jeter mais recycler/donner : GEEV est mon ami !
Contradictions et péchés mignons : Nutella (même si la Nocciolata gagne du terrain), foie gras (exceptionnellement) et Über (Pool si possible, on a la bonne conscience qu'on peut ;-))
Information/engagement :
- Lire, soutenir, financer : cette année, Basta ! et Greenpeace

- En complément, Be more with less, site "pédagogique" et inspirant sur l'art de désencombrer ses placards, son emploi du temps et son esprit.

24 décembre 2018

Et paix sur la Terre...

Moi j'y croyais à ce Noël - et je crois que j'ai eu raison. D'avoir confiance dans une intelligence et une bonne volonté réciproques, dans une ouverture possible ; d'avoir pensé qu'une configuration inédite donnerait à tous une bouffée d'air frais, la possibilité de se situer autrement que dans les petites habitudes, les biais de communication récurrents. Ce n'était pas gagné - familles, éducations et générations différentes, valises récentes ou anciennes plus ou moins pesantes chez tous. Je comptais sur l'effet trêve, l'envie d'un moment de réconfort, les interactions nouvelles (...ce débat historique et plus ou moins miraculeux sur les gilets jaunes auquel tous, enfants et adultes, ont participé ?)

C'était beau, bon, et chaleureux. Avec des petites attentions de tous pour tous. Avec une messe de Noël, une cheminée et un chien (et même le Chat Chou, transplanté pour l'occasion). Avec un peu de désordre, un brin de fantaisie, pas trop de tensions et beaucoup de tendresse. Je ne suis pas allée jusqu'à mettre en oeuvre mon envie de chorale de Noël façon Mélodie du bonheur et famille von Trapp, mais je ne suis pas peu fière d'avoir réussi à importer mes oreilles de renne et mes bonnets de lutin.

The fireplace is burning bright 
Shining all on me 
I see the presents underneath 
The good ol' Christmas tree 
And I wait all night til Santa comes 
To wake me from my dreams 
Oh, why? 'cause that Christmas to me (...)
The only gift I'll ever need 
Is the joy of family 
Oh why? Cause that's Christmas to me 

22 décembre 2018

Secret Santa, acte IV ;-)


20 décembre 2018

"Tant de tendresse..."


Juste pour ne pas oublier, deux coups de coeur. Un film, Palme d'or cette année, une famille improbable, bancale et chaleureuse, et une déconstruction des apparences qui laisse à penser, à rêver - que retenir : le regard froidement objectif de la société, qui juge et condamne sans ambiguïté, ou la tendresse foutraque mais palpable, la chaleur humaine et la débrouille contre la dureté de vies dans lesquelles le combat est de toute façon perdu d'avance ? Le cinéaste ne juge pas, n'embellit pas, et il n'y aura pas de happy end - et pourtant le choix du récit oriente le regard avec beaucoup de douceur, de subtilité dans les détails, dans les gestes et les regards - lui a choisi son camp et c'est celui du lien, de l'attention à l'autre, de la grandeur des plus petits.

Et un spectacle - le Peau d’Âne de Demy transformé en comédie musicale au théâtre Marigny, parfaitement féerique.  Alors évidemment, il faut accepter de se laisser enchanter, mais tout est fait pour, décors somptueux, costumes extraordinaires (la robe couleur de lune), clins d'oeil au film, théâtre-écrin, et plaisir madeleine de retrouver les mélodies de Michel Legrand : "Mais qu'allons-nous faire de tout cet amour ?", etc, etc.  Un spectacle pour les enfants, ou pour l'enfant-dans-l'adulte - Elsa l'a dédaigné, elle est juste dans la mauvaise tranche d'âge, mais moi je m'y suis plongée comme dans une flûte de champagne, une soirée-bulle de rêve, un luxe délicat.

16 décembre 2018

Mes Zazas

Je suis tellement contente qu'Elsa puisse faire son stage de troisième dans l'agence de Clara. Parce que c'est en cohérence avec son projet de toujours, parce que c'est précieux de pouvoir partager avec quelqu'un qui a fait ces études et en vit, et qui aime ce qu'elle fait, parce que je suis très touchée par le lien tout spécial qu'elle a avec Clara et Thibaud, et que je sais qu'ils prendront vraiment soin d'elle. Parce que ça va lui faire le plus grand bien de changer d'environnement, d'adultes autour, d'expérimenter autre chose quelques jours. Parce que c'est chouette de faire vivre le lien familial autour de cet accueil. Et parce que c'était un cadeau bonus pour moi que d'en profiter pour m'offrir aussi un mini-weekend à Strasbourg, (illuminations, odeurs de vin chaud et marché de Noël), de dîner dans le restau sympa où travaille Thibaud, et d'avoir en plus la jolie surprise de découvrir la campagne sous la neige le dimanche matin. 

10 décembre 2018

Edwige

Ça faisait un moment que je voulais rapporter cet échange - le garder précieusement dans la Care Box. Lorsque j'ai recruté la prof d'espagnol d'Elsa, je lui ai expliqué par téléphone la spécificité de sa situation, la déscolarisation, le fait qu'elle soit grande débutante là où les élèves de sa classe ont déjà deux ans de cours derrière eux. Bref, lui disais-je, je n'ai pas de grandes ambitions, juste qu'elle puisse acquérir des bases qui lui permettront de ne pas trop galérer au lycée ensuite.

Ah mais si, m'avait-t-elle reprise, vous AVEZ de grandes ambitions : celle de redonner à cette jeune fille le goût de la vie et le plaisir d'apprendre...

Inutile de dire que je savais déjà que nous allions nous entendre.

Flow

Léo raconte le concert de Bigflo et Oli auquel il est allé avec sa sœur hier.

- Elsa m'a dit un truc trop mignon : "Des fois pendant le concert je fermais les yeux, et je les rouvrais, et ILS ETAIENT LA !".

J'adore. Qu'elle l'ait fait. Qu'elle le raconte. Que Léo y soit sensible, et le partage. 

08 décembre 2018

Victor

Avec qui aller voir la dernière exposition de Sophie Calle, discuter de celle de Dorothea Lange (vue avec Amy) ? Avec Victor. Avec qui lancer un débat de politique comparée France - USA, commenter les gilets jaunes, déplorer le néo-libéralisme mondial qui nous emmène tous dans le mur, s'inquiéter de la montée des fascismes et de leurs petits cousins en Europe ? Avec Victor. Et aussi, parler émotions,  bisexualité, addictions, intuitions, spiritualité, cuisine végétarienne, choix de vie radicaux, décroissance - dans quelques jours il part s'installer à Bali pour une période indéterminée ; avec lui il a toute sa maison - deux sacs, ce qui lui reste nécessaire après plusieurs déménagements. Ronan s'étonne, moi je suis vaguement envieuse - vivre avec peu mais dans un coin du monde où le rapport à la nature, au corps, à la prière font partie du quotidien, de l'ordinaire, quitter un poste de professeur au service de petits blancs gâtés pour aller écrire et vivre une liberté conquise de longue lutte - j'aime l'idée, qui ouvre à d'autres possibles.

28 novembre 2018

Citations à emporter

"Je ne suis même pas optimiste ; mais je suis une pessimiste énergique, qui nage à travers la mélancolie."
Julia Kristeva

"Renaître n'a jamais été au-dessus de mes forces."
Colette

" - C'est dur d'avoir envie de protéger quelqu'un et d'en être incapable, fit observer Ange. - On ne peut pas protéger les gens, petit, répondit Wally. Tout ce qu'on peut faire, c'est les aimer."
John Irving

26 novembre 2018

Vers la douceur

Ça a commencé comme une semaine de novembre - pluvieuse et glaciale dehors et dedans. Avocat, contacts professionnels sans suite, CMP, médiation, collège pour les absences répétées d'Elsa, médecins pour toutes les deux... Ça s'est radouci un peu avec le passage de Pierre et Sabine, notre famille d'échange au Cambodge, venus nous présenter le petit Antoine.

Ça s'est réchauffé samedi avec une soirée douce en amoureux : restaurant exquis - ça faisait longtemps que je n'avais pas goûté une cuisine si raffinée, concert charmant - je crois que peut-être le concert idéal c'est cela pour moi maintenant : une petite salle (petite, mais mythique), où la musique touche directement au coeur parce que les artistes sont là, à quelques mètres - surtout quand ils ont le charisme de Molly Johnson - petite dame, grande classe, voix incroyable. Deux surprises, deux très bonnes idées, touchée, touchée ! Mais pas coulée ;-)

Et ça s'est déposé en douceur avec un goûter-apéro-nawak (formule brevetée anti-blues du dimanche soir) chaleureux et simple - des bonnes choses à partager, des vrais amis, des gamins petits et grands (j'adore, que dans nos fêtes nos enfants soient là), des jolies attentions, un gâteau de princesse et 9 mois de surprises, géniale trouvaille de cadeau collectif.

18 novembre 2018

Berceuses

Quand la vie me secoue, j'aime me réfugier dans les lieux de création, dans le spectacle vivant, là où une poignée de fous vient se risquer sur scène pour élargir notre horizon, nous faire respirer plus grand, nous rendre un tout petit plus beaux dedans (mais de quelle folie faut-il être atteint pour décider cela - je vais vivre de cela - je serai saltimbanque - ou marin ?)

Mercredi dernier j'étais au Rond-Point pour suivre Gamblin sur les mers du monde avec Thomas Coville ; dès la librairie, le bar du théâtre, j'avais déjà l'impression d'être arrivée dans mon refuge - dans ma maison d'être, celle des mots qui se lisent, se disent, se partagent - un endroit que les soucis du quotidien, les inquiétudes plus ou moins triviales n'effleurent même pas, une bulle momentanément préservée.


Ce fut une heure et quart de bonheur - une correspondance quasi amoureuse, la mer et le dépassement de soi, la danse, la voile, un lien hors normes, une histoire de rencontre où la pudeur, l'humour, la poésie naviguent de concert - un texte et des voix qui portent, une leçon d'amitié et d'écriture.

Samedi nous avons retrouvé Gauthier Fourcade - clown philosophe et maladroit, enchanteur à ses heures, qui nous a emmenés dans les vertiges de l'impossibilité de faire des choix... Une démonstration surréaliste, contre les déterminismes mais en faveur de la magie ordinaire.

Et dimanche, embarquement pour le projet de bateau-atelier de Titouan Lamazou quai Branly - première escale en peinture, mais un bateau réel prendra la mer en 2020, embarquant artistes et scientifiques pour aller à la rencontre de ce monde si beau et si fragile.

Trois rêveurs, qui ont bercé une semaine autrement trop dure, trois échappées belles, trois moments de gratitude.

12 novembre 2018

Vous avez dit "matériel" ?

Ce matin une patiente déclinait la façon dont trois générations (au moins...) de ruptures et de deuils traumatiques, parfois violents, avaient façonné son rapport aux objets, seuls témoins des disparus, fils d'Ariane et moyens de survie - dans des existences parfois infiniment précarisées, des générations où les objets duraient, étaient réparés, aussi.

J'ai pensé à cette tradition japonaise, où les céramiques précieuses sont réparées avec une coulée d'or qui laisse apparaître la faille - faille considérée comme ce qui rend l'objet unique et ajoute à sa valeur...

Mais ce n'était pas son propos. Non, son propos c'était l'objet comme témoin que ce qui a été vécu n'a pas été rêvé. Comme incarnation de l'absent mais au sens littéral - interdiction alors de donner, de jeter, de séparer des objets qui vont par paires ou par groupes, les objets sont porteurs non seulement de l'histoire mais de l'être lui-même - le sifflet de marine du père, les sabots de jardin du grand-père, la passoire émaillée de la grand-mère, la tasse ébréchée qui évoque encore le café fumant, la toile cirée, les menus propos du quotidien - des souvenirs mais matérialisés.

Ce qui m'est venu alors ce sont les "paroles gelées" chez Rabelais, sans que je connaisse très bien l'épisode - l'idée de quelque chose que l'on fige pour pouvoir le transmettre, mais qui doit ensuite être ramené à la vie... c'est étonnant comme cette patiente me convoque dans mes propres associations, et souvent par le biais de la littérature - une langue que nous avons en commun.

Se séparer de ces objets, c'est perdre l'autre à nouveau, c'est trahir aussi, sortir d'une loyauté à la douleur transmise au berceau. Tout garder, ne rien perdre, c'est aussi garder le drame, la culpabilité, l'impossibilité de créer du nouveau - en tout cas pour elle, qui est l'aînée. La cadette elle a choisi de ne rien garder, de s'entourer d'oeuvres choisies et non d'objets hérités, et a filé de l'autre côté de l'Atlantique - peut-être parce qu'elle a eu la chance qu'il y ait eu déjà une porteuse désignée, une gardienne de la flamme.

Et pourtant dans l'histoire les objets disparaissent aussi - spoliations, cambriolages, renoncements liés à la vente de maisons - tout comme les êtres, pères disparus, morts accidentelles, maladies mortelles. 

Une séance qui s'est achevée doucement sur la seule question qui vaille : quel est le poids de ce qui est gardé, de ces chambres / armoires / tiroirs à bazar, où rien n'est trié, jeté, rangé - "il n'y a pas d'affaires classées" ?

Et la vie étouffe là-dessous, cette femme qui n'a pas soixante ans se vit comme déjà dans la mort - parce qu'elle n'est jamais complètement sortie je pense de ce passé infini, de cette loyauté mortifère - alors qu'elle est vivante, sensible, précise - les livres l'ont sauvée, les mots la protègent, elle pourrait écrire, elle enseigne, elle s'est mise à la céramique - crée de ses mains des objets - à cet endroit-là enfin du nouveau, une transmission vivante. 

Elle qui a lutté toute sa vie contre la disparition, l'absence, la perte - doit apprendre cette fois à se séparer mais pour vivre...

11 novembre 2018

Démons et merveilles

"Prendre le risque de l'enfance, c'est ne jamais oublier qu'on a été enfant (...). Y revenir, c'est entrer dans le monde de la déception, mais aussi là, et seulement là, de l'émerveillement. L'enfance présente en nous à l'âge adulte n'a rien à avoir avec l'enfance au passé (...), toujours réinventée selon les besoins de notre accommodation au monde dit adulte. L'enfance vivante en nous, c'est une autre chose. Une expérience de pure intensité, une sorte de drogue rare qu'une fois goûtée on a du mal à oublier. Une charge d'esprit qui procure une légèreté comparable à l'ivresse et une créativité intacte (...). Avoir espéré de toutes ses forces que quelque chose arrive, c'est avoir été enfant. Un enfant merveilleux,inconscient, fantasque, irrésolu. Un enfant arc-bouté à un rêve partagé avec ses animaux en peluche et le coin de fenêtre là."

Anne Dufourmantelle, Eloge du risque

J'ai cité plusieurs fois ce texte ces derniers jours, à des amis, à des patients. Et en le relisant je me suis rendue compte que ce que j'en avais retenu n'est pas ce qu'elle avait écrit - elle parle en fait - je crois, de la chute hors de la toute-puissance infantile, hors de l'illusion d'un monde parfait, du voile qui se déchire et des possibles qui se découvrent alors. De l'accès à la fragilité - faillibles, mortels, vulnérables - et libres.

C'est très joli, et très juste. Mais j'aimais aussi beaucoup ma première lecture, qui se résumait à ceci : l'enfance comme âge de toutes les blessures, ce à quoi les chemins thérapeutiques nous ramènent tous quels qu'ils soient, mais aussi d'une puissante, indestructible capacité d'émerveillement, source inépuisable même à l'âge adulte de notre capacité à nous relever, à nous mettre en mouvement, à croire aux miracles.

Avoir espéré de toutes ses forces que quelque chose arrive, c'est avoir été enfant.

05 novembre 2018

Best timing !

Parce que la maisonnée avait bien besoin d'un bol d'air fais et optimiste, la vie a bien fait les choses, et nous avons retrouvé mon amie Amy - sur les routes d'Europe pour six mois avec le projet d'écrire ensuite un récit de voyage - un genre de Eat, pray, love à la Amy (free) style.

Un concert inattendu - David Byrne, ex Talking Heads, avec une lumineuse Agnes Obel en première partie, une bouleversante expo photo - Dorothea Lange au Jeu de Paume, et cette question : ce monde qu'elle décrit avec tant d'humanité et d'empathie - migrations forcées, grandes crises économiques et agricoles, est-ce celui des années 30 ou bien celui qui nous attend dès demain ?

Plus encore que ces partages, ce sont les échanges avec Amy qui sont un régal - franc-parler, humour, liberté de ton totale : tous les sujets sont bienvenus, et passionnants, du plus intime au plus politique. Trois jours joyeux et vivants avec une femme inspirante et libre - viscéralement convaincue que la vie est faite pour être (bien) vécue, et qui communique généreusement confiance dans la vie, vitalité et chaleur humaine - un vrai bonheur pour nous quatre.

Bonheur supplémentaire, retrouver ce qui était à l'origine de mon inscription sur CS : voyager depuis mon salon dans le monde entier à travers de belles rencontres - c'est encore meilleur lorsque comme ici, ce sont des rencontres qui se tissent dans le temps, générant de vraies amitiés, comme avec Victor, Philip ou Halo.

01 novembre 2018

Cinq sens

Le feu qui crépite
Les vaguelettes de la marée montante
Les cris des goélands

Et aussi
L'odeur de cheminée dans l'air froid
Celle des galettes bretonnes
Et celle du goémon

Et encore
La chaleur du soleil sur la peau
Le moelleux de la couette dans la chambre jaune
La douceur des galets polis par la mer
Les oreilles soyeuses de Laguiole

Et puis
Les tartines crevettes et beurre salé
Le cidre qui pétille
Un peu de sel qui reste sur la peau

Et enfin
Les teintes sourdes des hortensias fanés
Les couleurs du couchant
Cette lumière d'été en novembre...


28 octobre 2018

Chagrin d'amour

C'était ma Cité bien-aimée. Sans aucun doute l'expérience professionnelle que j'ai le plus investie - à ce jour - le lieu et surtout le projet pour lequel j'aurai été le plus fière de travailler. Une utopie - faire se rencontrer les élites de demain, toutes nations et disciplines confondues. J'y aurai donné du temps, de l'énergie, de la créativité, de la disponibilité - sans compter et sans regrets.

Et fait de belles rencontres, à commencer par celle d'une grande dame qui a su me faire confiance et me donner la possibilité de grandir en même temps que les nombreux projets que j'ai initiés là-bas.

Aujourd'hui c'est une histoire si tristement banale - l'arrivée d'une nouvelle hiérarchie qui veut imprimer sa marque sans prendre le temps de saisir les enjeux, l'illusion de pouvoir faire plus avec moins, la fragmentation des tâches et la négation des liens. Couper les têtes qui dépassent, surtout si elles pensent trop bien, pour manager par la peur et dissimuler sa propre incompétence. Piètre calcul, vision court-termiste, drame ordinaire.

Aujourd'hui j'ai tous les symptômes d'un vrai chagrin d'amour, consécutif à une rupture aussi brutale que traumatique. Insomnies, ruminations obsédantes, accès de rage ou de chagrin, incompréhension, incrédulité. Anxiété aussi - moitié de mon temps, trois quarts de mes revenus, pas de chômage. La perte d'un repère qui pour moi était bien plus que professionnel, depuis six belles années, et l'incertitude sur l'avenir - comment repenser celui-ci ? Trouver l'énergie d'y penser déjà, parce que les conséquences sont immédiates, quand je suis encore en état de choc ?

Avant de dire le premier mot, penser les possibilités d'avoir le dernier.

17 octobre 2018

Sagesse marine

Quand on est en mer, on raisonne pas pareil. C'est-à-dire qu'on est obligé de prendre ce que la nature vous propose. La force des vagues, la direction du vent, tout ça vous n'êtes pas maître du truc. Donc vous prenez ce que la nature vous donne, et avec ça, vous essayez de fabriquer un truc qui vous amène là vous voulez.

Isabelle Autissier dans le Grand Atelier

Peut-être c'est ça, il faudrait avoir la même sagesse à terre qu'en mer. Parce que de fait, nous ne maîtrisons pas grand-chose - ni notre naissance, ni notre mort, ni notre corps, ni ce monde gouverné par des impératifs de plus en plus insensés, ni la volonté d'autrui, ni les éléments. "Donc vous prenez ce que la vie vous donne, et avec ça, vous essayez de fabriquer un truc qui vous amène là où vous voulez." - ça fonctionne très bien aussi, non ?

14 octobre 2018

Dernière saison

Partir.
Préparer son départ.
Partager son départ.
Ne pas partir, rester avec vous, partager ce moment où nous ne sommes pas partis, avec vous.
Dire au revoir.
Une dernière tournée, une dernière saison (...)
Par essence, l’éternité qui nous est donnée est celle de la lecture, la vision, le partage d’un poème.
Quelle qu’en soit sa forme, il peut être un vol de freux sur un champ de blé.
Le regard d’un renard sur le chemin de la promenade, une goutte d’eau dans une feuille de rhubarbe, pour reprendre des images fondatrices de notre histoire.
Et puis les poèmes des humains, les livres, les bibliothèques. L’art et la vie.
La vie vivante, consciente de vivre, présente.
Etre présent.
Nous serons présents.
Vous aussi (...)

Pour le Cirque Plume
Bernard Kudlak

08 octobre 2018

Vivant et espérant

"Vous ne pourrez jamais vous débarrasser de l'amour. Nous venons de là, du lien, nous naissons encordés comme les alpinistes, attachés à un ventre, d'une femme, des tripes, d'une voix, nous venons du deux (...). Et même si votre mère vous avait rejetés, abandonnés, ce que j’appelle ici amour, est la possibilité d'un souffle qui a fait de vous un être vivant plutôt que mourant, vivant et espérant."

Anne Dufourmantelle citée par Nancy Huston dans Remèdes à la mélancolie, et celle-ci ajoute :  

...c'est très fort pour quelqu'un comme moi qui a effectivement été abandonné par sa mère (...) néanmoins elle a raison - elle a laissé quelqu'un de vivant et d'espérant (...) et j'ai toujours su, malgré mes tentations nihilistes plus tard, j'ai toujours su quelque part que cette chose-là était vraie, et importante, que nous sommes parce que vous êtes. 

Ce que j'ai transmis cette semaine à une de mes patientes en lui proposant d'écouter l'émission dans son entier, pour ce cadeau (mère mélancolique, dépression post-partum etc.) : "Un souffle qui a fait de vous quelqu'un de vivant plutôt que mourant, vivant et espérant." C'est magnifique non ? Et c'est une telle possibilité de sortir de la plainte pour aller vers la vie...

01 octobre 2018

Journal

(...) Tout ce qui reste de ma vie ce sont les notes. J'écris un journal intime pour lutter contre l'oubli, offrir un supplétif à la mémoire. Si l'on ne tient pas le greffe de ses faits et gestes, à quoi bon vivre : les heures coulent, chaque jour s'efface et le néant triomphe. Le journal intime, opération commando menée contre l'absurde.

J'archive les heures qui passent. Tenir un journal féconde l'existence. Le rendez-vous quotidien devant la page blanche du journal contraint à prêter meilleure attention aux événements de la journée - à mieux écouter, à penser plus fort, à regarder plus intensément. Il serait désobligeant de n'avoir rien à écrire sur sa page de calepin. Il en va de la rédaction quotidienne comme d'un dîner avec sa fiancée. Pour savoir quoi lui confier, le soir, le mieux est d'y réfléchir pendant la journée.

Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie

29 septembre 2018

Oh Happy Day

Heureusement, il y avait les petits mouchoirs prévus pour "Un déluge d'émotions"... et un petit carnet pour partager avec les mariés tous les petits instants qui leur auraient échappé.
Pêle-mêle : les 80 000 confettis et l'exaspération de l'employé de la Mairie du 13ème, à contre-coeur et à contre-vent.
Le costume rose du marié, et sa superbe ceinture tressée rose et blanche :-).
Agathe qui dit, avec ta robe trapèze et ton grand chapeau, tu me fais penser aux Demoiselles de Rochefort.
L'arrivée au Chalet avec cette magnifique lumière de fin de journée sur le lac.
Retrouver des amis, de la famille de Marion pas revus depuis longtemps.
L'invitation surprise pour Grand-Mère (où je reconnais bien ma copine ;-)) ! 
Tous les petits détails déco amoureusement préparés par Sissou.  
Les gamins qui profitent de la slackline et des bulles géantes. 
Les cierges magiques au début du dîner (c'est tellement photogénique, comme les confettis). 
Le discours free style de Marguerite, qui m'a fait pleurer comme une Ma...deleine. 
Un échange à coeur ouvert avec la maman de Marion, et la conscience aiguë du défi que cela représentait pour les trois générations, ce mariage pas tout à fait comme les autres - la leçon de courage et d'espoir, aussi. 
Nos neuf enfants réunis, qui rigolent, bullent, dansent, se mélangent avec les plus petits comme avec les grands. 
Elsa qui fait des bonds sur le dance floor, et que je sens affectueusement veillée par tout ce petit groupe - pas trop près, pas trop loin, juste à la bonne distance. 
Léo qui m'invite pour mettre en application sa première leçon de rock. 
Beaucoup d'enfants, beaucoup de jeunes, beaucoup de vie (idée à retenir).
Ronan qui s'engage : 2019, chiche ;-)?
De plus en plus, se sentir être à nouveau une famille, tous les quatre - et tous les autres - entendu Romane Bohringer dans Boomerang parler de cela l'autre jour : "Je n'ai eu de cesse que de me re-créer des familles"
Le concours de blagues nulles improvisé, et la spontanéité de toutes ses "victimes" ou presque.
L'arbre-calendrier de Mathilde, couvert de petits mots et de petits cadeaux. 
La poésie du trio de musiciens live au cocktail, dans le jardin.
Le rock déchaîné avec Marco sur Pas de Boogie-Woogie. 
Et j'en oublie !

Philippe + Marion

Chère Marion, Cher Philippe, 

Je me souviens très bien du moment où j’ai commencé à entendre parler sérieusement d’un certain Philippe. Nous étions dans une petite maison à deux pas de Bruges, et nous nous préparions à fêter le Nouvel An toutes les deux avec nos enfants. C’est un joli souvenir, plein de  gaufres au chocolat, de cerfs-volants déjà, et de bouts du nez froids sur les plages de la mer du Nord.


Marion se posait des questions sur la teneur et la fréquence des messages reçus ou envoyés, l’interprétation des points-virgules, la crainte que ça marche et celle que ça ne marche pas, bref, elle avait un certain nombre des symptômes de l’ado pré-amoureuse, et c’était franchement attendrissant.


Marion je la connais depuis longtemps, elle était là pour mes 18 ans (hier donc), et j’espère bien qu’elle sera là pour mes 98. 


Marion, c’est un bonbon Pimousse, petit mais costaud – comme vous le savez si, comme les mariés, vous aviez 12 ans dans les années 80. Un caractère bien trempé – on va dire ça comme ça - mais avec un cœur de midinette, un putain de courage, et la capacité de rire de tout y compris d’elle-même.


Il paraît que dans un discours il faut transmettre une seule idée forte, voici la mienne, et je vais emprunter la voix d’Elisabeth Gilbert pour la partager avec vous – oui, la femme qui a écrit mange Prie Aime, parce que moi aussi je suis une midinette ;-) :


Les femmes que j’admire pour leur force et leur grâce ne sont pas devenues ce qu’elles sont parce que tout s’est bien passé pour elles. Elles sont devenues ce qu’elles sont parce que tout est allé de travers et qu’elles ont fait face. Elles l’ont fait de plein de manières différentes, à des moments très différents de leur vie, mais elles ont fait face. Ces femmes sont mes super-héros. 


Bien possible que Philippe soit lui aussi un super-héros…


Ce qui est sûr, c’est que Marion + Philippe, c’est la rencontre entre les pages Finance du Figaro et Fluide Glacial, c’est Inès de la Fressange dans une manif Education Nationale, c’est la Marinière contre (et même tout contre) le T-Shirt humoristique.


Marinière et T-shirt, mais aussi France Inter et Télérama, gauche et droite, Gevrey et Chambertin (ou Moët et Chandon comme on voudra), fromage et dessert, famille et amis, et même FLE et compagnie. Au final, il semble qu’il y ait bien plus de choses qui vous rapprochent que de choses qui vous séparent…


Ce qui est sûr enfin, c’est que si tout le monde a le droit au bonheur, il y a ceux qui se retroussent les manches pour inventer le leur, ceux qui font le choix d’être résolument du côté de la vie, et que vous en faites partie. C’est un chouette message à transmettre à vos enfants, c’est un chouette message pour nous tous. Aussi finalement, ce que j’ai juste envie de vous dire de notre part à tous, ce n’est pas seulement Bravo, mais Merci.

22 septembre 2018

Philip

Philip est un vrai CouchSurfer, mais nous l'avions rencontré grâce à Halo. Il est venu à Clisson, il nous a accueillis à Londres (et conseillées lorsque j'y suis retournée avec Elsa), et le voici au KB. Je me souviens de l'avoir fait naviguer sur d'étranges eaux sombres au Palais de Tokyo lors de son premier séjour - une expo improbable faisant référence aux inondations vénitiennes - il était interrogatif au début et enchanté ensuite. Beaucoup d'échanges autour de la culture, de l'art et de la psychanalyse - Philip a fait l'équivalent des Beaux-Arts, étudié à la Tavistock Clinic, enseigné dans une université anglaise - aujourd'hui c'est un gentleman globe-trotter qui voyage toute l'année et va de résidence d'artiste en résidence d'artiste. Full time artist now ! Mais surtout, c'est un homme incroyablement gentil et généreux, très sociable, plein d'humour et de délicatesse. It's been a pleasure Philip, you're very welcome here anytime !

21 septembre 2018

Ecoute & Care in the box

Ça y est, le bébé est arrivé : Janvier-Septembre, neuf mois tout rond. J'étais toute fière de l'avoir entre les mains en rentrant, et ravie de le feuilleter - de voir mes deux textes publiés, mais aussi de pressentir qu'il y a nombre d'autres pépites à y découvrir, de thèmes passionnants et de contributeurs passionnés. Le kif du jour !

Alors, s’il est question d’empathie, de bienveillance, d’accueil inconditionnel, à même le corps,d’une écoute qui nourrit et fait grandir réciproquement, d’une présence qui se vit à l’instant de la rencontre mais ne se laissera pas saisir tout entière par les mots – peut-être l’écoute est-elle tout simplement un acte d’amour ?


14 septembre 2018

Richard

Les gens, il conviendrait de ne les connaître que disponibles
A certaines heures pâles de la nuit
Près d'une machine à sous, avec des problèmes d'hommes simplement
Des problèmes de mélancolie
Alors, on boit un verre, en regardant loin derrière la glace du comptoir
Et l'on se dit qu'il est bien tard...

Richard c'est cette chanson de Ferré, c'est aussi ce Bohringer dont je suis amoureuse depuis l'adolescence - depuis C'est beau une ville la nuit, et  dont la langue parle directement à mon coeur :

"Nous ne sommes responsables que de poésie."
"En fait, il était conteur. Il écrivait avec sa voix. Le son des mots. Il était sculpteur de phrases."

Cette voix... ce phrasé, ce rythme... je l'ai entendu ensuite dans une interview parler de sa rencontre avec le jazz, et de ses premiers écrits : "J'avais pas la syntaxe, mais j'avais la syncope". Et la tendresse à fleur de peau, et la séduction vertigineuse des grands fracassés, ceux qui n'ont plus rien à perdre et se débrouillent pour le perdre tout de même. Ce désespoir trop bon prétexte à tous les excès, et cette profondeur du regard, cette générosité invraisemblable qui les rachète en un mot, en un geste.

Hier, sur la scène du théâtre de l'Oeuvre - je l'ai trouvé beau.

13 septembre 2018

Minimiracles

La Zou dessine à nouveau. Peint. Coud. Travaille son ukulele. Est partie en cours matin et après-midi sans soucis majeurs cette semaine. Raconte en détail sa journée de cours. Dit qu'elle adore apprendre, que ça lui manquait. Commente le genocide arménien et les Confessions de Rousseau. Veut aller en stage. Demande si elle peut aller au parc demain avec des filles de sa classe. Et moi, je marche sur un fil, vaguement incrédule et tout à fait émue.

PS du lendemain  : j'ai peut-être parlé un tout petit peu vite. Mais ces allers et retours font partie de tout mouvement de croissance, n'est-ce pas ?

11 septembre 2018

Pense-bête


08 septembre 2018

Marchons, marchons...

Bien sûr, c'était ensoleillé, joyeux, spontané et bon enfant. Plein d'humour et de créativité. Je suis Charlie Je recycle mes panneaux / De Rugy à l'écologie, non mais Hulot quoi ! / De l'air, pas du vent / 2 cm en plus OUI ! Mais pas dans les océans / This episode of Black Mirror sucks

Mais... 50 000 seulement - et encore, selon les organisateurs ? Pas de quoi impressionner les politiques, ni de quoi faire sourciller les puissants de ce monde. Rien  qui indique une prise de conscience suffisante, ni une compréhension du caractère global, systémique, encore moins de l'urgence du problème. Dans les pancartes cependant, celle-ci : La planète survivra. Pas nous. 

04 septembre 2018

Dragon au grand coeur

Et puis un petit clin d'oeil tendre, 
parce qu'avec Léone 
c'est aussi une part de mon adolescence qui s'en va.

(un gros bisou à Sissou et Zazou s'ils passent par ici)

03 septembre 2018

Bonne résolution de rentrée ?

J'ai survécu à pas mal de colères.
Je les ai remplacées par de l'amour.
La vie n'est qu'une longue guérison.

- Sean Penn

01 septembre 2018

Love, actually

J'aime beaucoup l'idée qu'en 2018, on puisse inventer la façon dont on souhaite se marier - créer de nouveaux rites, personnaliser les mots, et proposer une façon de fêter l'événement qui nous ressemble. Il y a eu Antoine et Vincent, Clara et Thibaud - aujourd'hui c'était le tour de Guillaume et d'Hugo - et je ne sais pas si cela ressemblait à Guillaume, que j'ai découvert ce jour-là (mais je suppose fortement que oui :-)), mais je suis sûre que cela correspondait bien à l'idée que j'ai de mon ami Hugo.

Un petit comité de passionnés, de littéraires, de créateurs - enseignants, artistes, ou les deux. L'amour des mots est omniprésent - et la première conséquence de cela, c'est une série de discours tous plus émouvants les uns que les autres, personnels, talentueux - bien loin de l'exercice convenu et habituellement très ennuyeux des mariages dits classiques. Au point qu'à la fin de la journée, Elsa rêvait mariage ne serait-ce que pour le déluge de déclarations d'amour et de jolis textes - poétiques, humoristiques, oniriques... Les mariés, les témoins, les parents - chacun y est allé de sa plus belle plume - et quel cadeau plus personnel, plus intime que des les partager devant les proches réunis ?

Le petit groupe, c'est aussi la possibilité de rencontrer, d'interagir, de jouer - bien plus que dans les grandes réceptions. A fortiori quand tout le monde est assis sur l'herbe, à se distribuer des salades bio-bobo-vegan-ou-pas - ça crée des liens ! Jouer à Blanc Manger Coco avec les parents du marié aussi, je pense... Plus sérieusement, un pique-nique sur une île du Lac Daumesnil, c'était une idée de génie non ? Au milieu des cygnes et des paons, avec un chien, un bébé et un chapeau (accessoires réglementaires du mariage réussi), à l'ombre ou au soleil, et la possibilité de faire un tour en barque, une sieste sous les arbres ou juste de papoter avec des gens sympas déjà croisés auparavant, Colin, Matthieu, Mathilde, Vivien et Iris...

Ah, et puis sur notre quatuor recomposé, Matthieu a eu cette jolie phrase : "J'étais tout embrouillé, ils ont tous l'air à la fois si jeunes et si adultes !" - A bien y réfléchir, c'est assez juste - des adultes dont affleure la part d'enfance (et qui sont encore à peu près bien conservés ;-)), des ados à la maturité parfois surprenante, il y a de quoi s'y perdre un peu en effet.

31 août 2018

Remous

Insomnies systématiques depuis dix jours. Pourquoi ? Ah mais peut-être parce que tout est mouvant, émouvant, confrontant, dans le même temps ?

Le retour d'Elsa à l'école, essentiel, mais tellement sur le fil - et les démarches préliminaires, le collège, le CMP, la vigilance à la glisser à nouveau dans un cadre de vie plus structuré.

Le départ de Léo, qui bouleversera l'équilibre de tous, sans qu'il soit possible de prévoir comment. Les réorganisations matérielles et financières inévitables.

Les questions sur la façon dont la grossesse de Clémence va les toucher, les touche déjà - Elsa dans le besoin de réassurance et la colère, Léo dans cette ligne qui est la sienne - depuis des années : "Si Papa est heureux comme ça...", et dont je me demande parfois si elle ne renferme pas une bombe à retardement.

Et moi ? Je n'ai par conséquent même pas eu le temps encore de me poser la question. Mais je m'interroge sur ce projet à ma connaissance sans vie commune, ce qu'il répète, ce qu'il va engendrer, ce qu'il envoie comme message à nos enfants.

A la Cité, le changement de hiérarchie et le décisif recrutement d'une coordinatrice pour mon service me laissent pour le moment en suspension, interrogative - pas encore confiante. Les charges du libéral deuxième année me rattrapent férocement, les impôts de nos changements de situation restent à évaluer...

"Un peu" anxieuse, moi ? C'est bien possible ;-)
(...mais je suis bien contente qu'il y ait mon hibou :-P...)

28 août 2018

#crèmedenuit

Ce soir, Clara : "Tu sens bon, comme une maman qui va se coucher. Ça sent toujours bon les mamans avant d'aller se coucher".

La douceur, c'est bien aussi comme soin anti-rides ;-)

12 août 2018

Le Clos des Fées

 C'est un joli vin, ce pourrait être aussi le nom de cette maison, non que les hommes n'y soient charmants, mais parce qu'elle m'apparaît comme puissamment habitée par une forte lignée de femmes, et aussi comme bénie des dieux (avec ou sans majuscule - hantée par quelques démons aussi), tant elle déborde de talents divers.

Les maisons de famille sont mon talon d'Achille et ma drogue douce, depuis toujours ; celle-ci, que je retrouve d'année en année, m'est tout particulièrement chère. 

Des bonheurs-poupées-russes (comme les filles de la maison, aux prénoms de princesses slaves) : une région toute de bleu et de lumière, et dans cette région, une maison paisible et ouverte, et dans cette maison, des êtres à retrouver ou à découvrir, comme autant de trésors.

Cette année, un trio de jeunes gens lumineux, drôles, curieux, si vivants - et un couple de créateurs trop poétiques pour ce monde - des humains émouvants par leur force autant que par leur perceptible fragilité. Comme tous les humains ? Oui, mais un peu plus, ou un peu autrement... légèrement extra-terrestres. Flottant un tout petit peu au-dessus de notre sol. 

Le Clos des Fées, donc. Fées qui circulent aussi discrètement dans la lumière sur la terrasse au couchant, qui s'invitent dans les tableaux de Marina (dans un regard, ou sous une plume), qui scintillent sur la crête des vagues, qui s'évanouissent dans l’œil bleu glacier du chat Queenie, qui s’endorment dans la sérénité des jardins de la Fondation Maeght, ou sous la robe d'un vin gorgé de soleil. Voilà, je reviens d'un séjour chez les fées !

10 août 2018

Un moment de liberté

Les horaires de la vie devraient prévoir un moment, un moment précis de la journée, où l'on pourrait s'apitoyer sur son sort. Un moment qui ne soit occupé ni par le boulot, ni par la bouffe, ni par la digestion, un moment parfaitement libre, une plage déserte où l'on pourrait mesurer peinard l'étendue du désastre. Ces mesures dans l’œil, la journée serait meilleure, l'illusion bannie, le paysage clairement balisé. Mais penser à notre malheur entre deux coups de fourchette, l'horizon bouché par l'imminente reprise du boulot, on se goure, on évalue mal, on s'imagine plus mal barré qu'on ne l'est. Quelquefois même, on se suppose heureux !

Daniel Pennac, Au bonheur des ogres

J'adore. Le ton, l'humour, l'ambivalence de la chute. L'effet de vérité. C'est le luxe de ces jours-ci - mesurer l'étendue du désastre (voir posts précédents), mais aussi la taille du bonheur (qui prend de l'embonpoint), la surface de la chance. Plonger dans le passé, photos, courriers, souvenirs, mesurer le chemin parcouru, retrouver des émotions, des éclats de rire, toute une richesse dont les fils forment la trame de ce que je suis, même quand je ne m'en souviens plus. Regarder avec tendresse la Lu que j'étais, constater les invariants (ouch ! ça fait un peu mal à l'ego :-))), les évolutions aussi. Choisir de garder le tout, comme à la fin de Eternal Sunshine of the spotless mind : s'il faut tout faire disparaître ou tout garder, la douleur et la joie, alors je garde tout. 

06 août 2018

Un cadeau tombé du ciel

(...) je sais que je ne le montre pas beaucoup mais Ronan et toi comptez tellement pour moi. Je vous aime fort, gros bisous de la miss Za !

30 juillet 2018

Disney Thérapie

Du coup j'ai pris le temps de revoir Bernard et Bianca. Et j'ai compris pourquoi il avait longtemps été mon Disney préféré. Tout me parle chez Penny, sa solitude, son insatiable désir d'être adoptée, sa fragilité lorsque Medusa lui balance que jamais personne ne voudra d'une petite fille quelconque comme elle. Mais aussi son courage, sa capacité à s'auto-rassurer (avec l'aide de son fidèle Teddy), à garder l'espoir, et aussi l'énergie et l’inventivité de l'enfance, et à savoir s'accrocher aux plus petites mains tendues (même si ce sont celles de deux petites souris).

D'une façon plus large, les Disney me font du bien. Fonctionnent comme un lieu sûr en EMDR - un endroit où le système nerveux s'apaise, où les ressources sont activées, notamment à travers les chansons. C'est à la fois une surprise (et un petit secret vaguement honteux :-))) et une évidence - si on en écoute plusieurs à la suite, tirées de films différents, elles font toutes appel aux qualités énumérées ci-dessus, et aussi au rêve et à l'appel du large, qui me constituent tout autant.

27 juillet 2018

Lâcher prise

De la nécessité de pouvoir me déprimer. Parce que ça fait sept ans que je lutte pour continuer d'avancer, faire des projets, offrir une belle vie aux enfants « quand même », me relever toujours. Et dix-huit mois qu'avec la maladie d'Elsa, cette lutte est devenue non plus de maintenir de la vie, mais déjà de survivre psychiquement. Je suis épuisée, j'ai besoin de faire le deuil de ce qui ne sera plus, de regarder cette dernière année et de pouvoir dire à quel point c'était intolérable. Arrêter de tout tenir, d'être un bon petit soldat. Arrêter d'être dans le soin, partout, tout le temps, avec tous. Me laisser plus de place, enrayer la machine contre-dépressive. Accepter d'être vulnérable, pouvoir demander à être accueillie, rassurée, bercée.


Maintenant c'est possible - parce qu'Elsa va mieux, parce que je suis plus en sécurité sur tous les plans. Maintenant c'est possible, parce que les enfants ne sont pas là, que je ne travaille qu'a minima ce mois-ci. Souffler. Ralentir. Pleurer quand c'est nécessaire, et rire quand c'est possible. Redécouvrir qu'il peut y avoir une lueur de sérénité dans le chagrin, quand celui-ci est juste. Ne rien faire mais le faire bien, me suggérait mon ami Stéphane.

PS : quelques jours plus tard Léo m'a envoyé cet extrait de livre : "Je ne veux plus de tes mensonges, c'est fini ! Arrête de vouloir être la plus forte partout... tout le temps, je m'en fous, Mom ! Tu m'entends... Je m'en fous. Ce n'est pas pour ça que je t'aime. Je t'aime quand tu ne penses pas comme moi et que tu me le dis. Je t'aime quand tu me dis "Non !". Je t'aime quand tu n'aimes pas toujours ceux que j'aime. Je t'aime quand tu as peur et que tu me l'avoues. Je t'aime quand tu es jalouse. Je t'aime pour rien. Je t'aime pour tout. Je t'aime sans raison. Je t'aime parce que je suis capable de t'aimer."

05 juillet 2018

Kifs de voyage Bangkok-Cambodge, été 2018

Au début je me suis dit que j'allais en choisir un pour chaque jour, mais il y en a trop qu'il aurait été dommage de passer sous silence. Et puis il y a les "kifs transversaux", comme la chance et le privilège considérables d'avoir pu faire ce voyage à quatre, de découvrir le monde ensemble.

Comme la conscience que vivre des moments comme ceux-là après l'année que nous avons passée est un petit miracle et une grande récompense pour toute l'énergie investie. Non que tout soit simple ou parfait ; mais parce que déjà avoir pu faire ce projet et le réaliser est un vrai cadeau et  le signe du chemin déjà parcouru.

Comme la concrétisation d'une ligne de vie à laquelle je crois profondément : Collect moments, not things. Et d'une autre : celle d'accepter de se laisser surprendre : sans l'annonce de Pierre et Sabine, pas de Cambodge. Mais aussi de se donner les moyens de la chance : sans Trocmaison, pas de Cambodge non plus !

Kifs donc. 
- Le soleil qui se lève en avion. Je ne m'en lasserai jamais, j'epère
- Le premier temple à deux pas de l'hôtel, les bonzes en robe orange
- Madame Musur ! Un délicieux petit restau de Rambuttri Soi, devenu notre QG : bon, beau, bon marché, cadre cool et exotique à la fois (et la WiFi of course ;-)))
- Les moyens de transports : tuk-tuks, vélos, taxis, ferries, long tail boats et l'avion, donc
- La balade en vélo à Bangkok, avec étape en bateau sur les klongs
- Les piscines - sur le toit à Bangkok, toute en pierre avec cascade à Siem Reap, nichée dans la verdure à Phnom Penh
- Les esprits farceurs du temple Wat Pho à BKK
- Les marchés - fleurs, fruits, légumes, soieries... me faire faire une robe sur mesure
- La nourriture, variée et délicieuse
- Les merveilles de chez Ambre
- Le bar à chats et son chat nu
- Accéder à l'histoire : S21 et le documentaire de Rithy Panh, un autre sur Angkor, le film d'Angelina Jolie sur la période Khmers Rouges. un autre kif, voyager au temps d'Internet où toute l’information vient enrichir ce que l'on découvre.
- L'échappée verte dans la campagne de l’île de la Soie
- La chef française super sympa du délicieux Bistrot Pepe, juste en bas de "chez nous"
- Les dédales des temples d'Angkor, la vibration spirituelle qui s'en dégage encore (malgré les cars de Chinois !), l'incroyable poésie des ruines dont la nature a repris possession, la richesse technique, esthétique, architecturale de cette civilisation
- Pub Street à Siem Reap, et la folle ambiance de la finale de la Coupe du Monde de foot dans un minuscule bar rempli de Français
- La  déception que la saison des pluies nous ait privés de notre escale "Île paradisiaque" (et même du plan B à Kampot), mais notre capacité de rebond : matches de boxe locaux, cours de cuisine, et l'émouvante visite de Pour un sourire d'enfant, là aussi après avoir revu Les Pépites grâce à Internet
- Rebond 2 : un vol annulé nous oblige à reprendre une nuit à Bangkok ? Nous y avons fait deux de nos plus belles expériences : le bar en rooftop pour découvrir la ville à nos pieds, quasi en exclusivité car la pluie juste avant avait découragé les touristes ; la merveilleuse maison-musée de Jim Thompson, un joyau caché dans un jardin-écrin ravissant
- Un moment d'exception à quatre, initié par Léo : le temps d'échanger, avec infiniment d'authenticité, sur nos qualités et nos défauts respectifs, tels que nous les percevons et tels qu'ils sont perçus
- La douceur et la gentillesse des gens, le sourire omniprésent. La confiance possible, les échanges courtois, le service attentionné et prévenant, le sens de l'esthétique - chambres préparées, plats joliment décorés, et même dans les rapports marchands, de la négociation dans le respect et le rire.

26 juin 2018

Ivry-sur-Espoir

Ça me trotte dans la tête depuis longtemps - quelle forme d'engagement citoyen trouver. Aussi, quand j'ai entendu parler du Centre d'Hébergement d'Urgence pour les Migrants, destiné spécifiquement aux familles et aux femmes isolées et situé à deux pas de la maison, je me suis dit qu'il fallait que j'aille les rencontrer. Le lieu est exemplaire - super projet d'architecture, très justement primé, lumineux, propre, et très vivant du fait de la présence d'enfants de tous les âges et de toutes les nationalités.

La gestion est assurée par Emmaüs, d'autres associations sont présentes sur le Pôle Santé, géré par le Samu Social. Mon souhait à ce jour est plutôt de participer à des choses simples, plutôt qu'ajouter du psy (dont ils sont au demeurant déjà pourvus). Mais à voir... Le lieu donne envie en tout cas, laisse de la place à la souplesse dans l'engagement dans le temps (ce qui le rend possible), et à la créativité. A expérimenter au retour des vacances, mais comment refuser l'appel silencieux de cette minuscule gamine venue glisser sa main dans la mienne lors de la visite ? 

25 juin 2018

Le mieux est l'ennemi du bien

...disait Papi, et ça m'énervait, parce que je trouvais ça petit joueur, un peu désengagé. Mais parfois...

Il aura fallu pas mal de vagues émotionnelles depuis un an et demi (début des troubles sérieux), depuis 12 mois (hospitalisation temps plein), depuis 4 mois (hospitalisation de jour), depuis 3 semaines (le dernier entretien avec la psychiatre) pour que j'arrive à formuler ceci à Elsa, qui me reproche de lui mettre "trop de pression" (ce qui n'est pas faux) et de la considérer comme autant en souffrance que l'année passée (ce qui est résolument inexact) : 

Parce que je t'aime tellement, j'ai eu tellement peur, depuis tellement longtemps, et je me suis sentie bien trop seule face à cette angoisse. 

Alors oui, peut-être qu'aujourd'hui j'avance moins vite, par rapport à cette angoisse et à cette solitude, que toi tu ne guéris - et que ça me fait sur-réagir, souvent. C'est possible. C'est probable, même. OK.

Et probablement aussi que cette pression, mi-objective mi-subjective car largement interne, est contre-productive. Et sérieusement intriquée avec les blessures des adultes, et celles des enfants-dans-les-adultes.

Ce que je pense cependant, c'est que la vérité est bien plus complexe que ça - et qu'il reste des motifs d'inquiétude - a minima, d'interrogation. Mais d'accord, je prends, et vais faire ma part - sur l'angoisse et la solitude, et le sentiment d'injustice et de non-reconnaissance, qui ne sont pas nés avec les difficultés d'Elsa, mais trouvent leurs racines dans ma propre histoire et dans ce que la séparation d'avec David a laissé à vif. Pas tous les jours facile d'être parent, et adulte, et ex-enfant... et de repérer (le correcteur suggère, réparer :-)) les endroits où ça s'emmêle !

20 juin 2018

Voir les étoiles tomber

I try, I cry, I live, I die

J'avance sans peur dans la dead zone
De toute labeur tenir la chose
A marcher seule sur le volcan
Le feu déclenche parfois le vent

Le doute est un collier d'épines
Je reste pour percer l’énigme
L’énergie sismique qui nous guide
Déclenche parfois de longs soupirs

J'ai toujours aimé danser sur les chemins de traverse
Le temps est mon allié il n'y a rien que je regrette
Une seule crainte peut être à force de tant parier
C'est un jour ou l'autre de voir les étoiles tomber

Toujours je tremble face à l'éclipse
La lumière est mon meilleur guide
C'est contrôlé, pas de côté
Il faut être bien accompagnée

Toute chance n'est pas bonne à saisir
La peur du vide et ses abysses
Ne prenons plus les autoroutes
Où se posent nos pieds l'herbe repousse

J'ai toujours aimé danser dans les jardins de l'ivresse
Le temps est notre allié il n'y a rien que l'on regrette
Une seule crainte peut être à force de tant planer
C'est un jour ou l'autre de voir les étoiles tomber


Barbara Carlotti

Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas eu un coup de foudre pour une chanson :-)!

18 juin 2018

Ça me rappelle quelqu'un

Soixante-trois ans. Vouloir la vie comme si j’en avais trente. Un sac à dos épuisant. Des bouts de santé qui foutent le camp. Être au mieux avec la mémoire. En couleurs ou noir et blanc. Selon le bouleversement. Toi qui lis ce bouquin, j’écris le désir de la vie. Écrire à toutes pompes. Comme un fou. Ne pas savoir où aller. Se perdre. Me réfugier.

(...) -Écrire par tous les temps. Au bout des champs. Derrière l’horizon. Les phrases odeurs, les phrases souvenirs. Il y aura celles écrites, il y aura celles sans traces. Juste pensées. Juste vécues. Tout ne sera pas écrit. Trop d’intime à deviner entre les lignes.

- Richard Bohringer, L’ultime conviction du désir

Et j'espère que ça me rappellera moi, aussi, quand j'aurai cet âge.

16 juin 2018

Courant d'air

Où est la vie vivante, pour moi ? Dans ce qui a du panache, de la gueule, de l'allure - ce projet de voyage en Asie, sans tour operator mais à partir de nos envies (et des bons conseils de notre correspondant). Partir au Cambodge, je n'y aurais jamais pensé sans cette offre d'échange, et c'est ça qui me plaît, le Et pourquoi pas ? 

Dans l'émerveillement, les mondes fantastiques de TeamLab ou de l'Atelier des Lumières (Klimt),  la confrontation à la beauté mais ça ne suffit pas tout à fait, il faudrait créer, ce blog, ou les photos volées, instantanées, ce regard sur le monde. Je n'ai pas de talent particulier cependant, ou aucun qui m'habite assez (si ce n'est celui de créer des liens). Rien d'assez fort sinon pour me soulever au-dessus de moi-même, vivre de poésie et de musique - assez cultivée pour savourer, pas assez douée pour créer.

Dans la poésie, dans la surprise pensée pour l'autre, dans la petite attention ou la grande intention inattendues, ces Choses qui font battre le coeur, comme dans les listes de Sei Shonagon :
"Des moineaux qui nourrissent leurs petits.
Passer devant un endroit où l'on fait jouer de petits enfants.
Se coucher seule dans une chambre délicieusement parfumée d'encens.
Se laver les cheveux, faire sa toilette, et mettre des habits tout embaumés de parfum. Même quand personne ne vous voit, on se sent heureuse, au fond du coeur.
Une nuit où l'on attend quelqu'un. Tout à coup, on est surpris par le bruit de l'averse que le vent jette contre la maison."

Un graffiti dans la rue - L'imprévu c'est la vie.

Dans l'humain - donc souvent, dans mon travail, mais aussi dans une envie de sens qui dépasse ce cadre-là, d'engagement, mais comment ? Deux pistes en ce moment, à suivre, et une question : cet engagement, est-ce que ce serait "plus de la même chose", mettre en service mes compétences, ou au contraire revenir à la simplicité, à l'humilité, donner du temps, de la présence, et puis c'est tout ? Dans ces minuscules instants de grâce où l'autre me bouleverse, qu'il soit proche ou plus lointain. Quand un rayon de soleil, réel ou intérieur, vient se poser sur un visage...

Dans la découverte, l'apprentissage, l'exploration de champs nouveaux - apprendre à gratter quelques accords de ukulele, ces jours-ci. Et le défi des 7 jours de kifs, mais j'avais aussi aimé le challenge des photos du quotidien en noir et blanc, ou des films qui ont marqué nos vies - toutes ces invitations à une modeste créativité, à un partage. Et quand je chante, seule ou avec d'autres, et quand je danse, même si ça n'arrive plus du tout assez souvent.

Dans la chasse aux routines mortifères, aux idées arrêtées, fussent-elles dérisoires, changer de trajet, essayer un autre commerçant, prendre un petit déjeuner salé, décider de remettre des jupes droites et m'en trouver fort bien. Ce qui ronronne trop me tue (excepté le chat :-)).

Ce que suggérait le tirage de tarot proposé par Hugo : la structure, la stabilité retrouvée, oui, mais au service de la vie ! D'un nouveau cycle, d'un agrandissement de l'horizon : laisser l'air circuler.

04 juin 2018

Dans ta tête

Vous le connaissez, ce truc qui marche à tous les coups, vous fredonnez un air, ou encore plus sournois, vous y faites référence dans un texte écrit - et ça y est, votre interlocuteur l'a dans la tête - et plus c'est une ritournelle et plus il restera scotché, jusqu'au soir et parfois au-delà. Hier Léo m'a demandé s'il existait un mot pour désigner ça - la chanson-qui-colle. Ça manquait, alors avec Elsa nous avons décidé de l'inventer, mais on hésite encore : le glusson ou le glusong ?