31 janvier 2025

Ca recommence...

...la fatigue, la saturation, l'envie de changer de métier. Les mois d'hiver sont rudes, et je redécouvre à chaque fois non seulement combien il est difficile de l'exercer quand on est soi-même chancelant, mais surtout, ce qu'il implique de responsabilités. 

J'oublie qu'heure après heure, notamment auprès des étudiants, ma disponibilité doit rester suffisamment constante pour ne pas passer à côté d'un signal faible ; et mon énergie suffisamment présente pour ensuite activer les réseaux, trouver des interlocuteurs dans un système de soins sinistré.

Et puis je me retourne, et je regarde les deux dernières semaines : un accompagnement aux urgences psychiatriques ; une gamine isolée dont l'anxiété lui fait faire des crises de tétanie terrifiantes - appel au secours d'une structure jeunes adultes dans la foulée, ouf, elle est prise ; une troisième qui flirte avec la prostitution et que je raccroche à une consultation externe où elle est déjà connue ; et cet autre dont le délire enfle sans pour le moment donner prise à une possibilité de soins, et celui-ci dont la compliance à toutes nos propositions masque mal le désespoir toujours tapi derrière son sourire poli.

Quelquefois sans qu'il y ait de drame en cours, il y a juste l'agilité mentale nécessaire pour passer d'un doctorant en informatique quantique à une étudiante en sciences de l'Antiquité qui apprend l'araméen, l'hébreu et l'égyptien, d'un futur chef d'orchestre à une jeune Martiniquaise qui travaille sur le post-colonialisme - en visio depuis Boston.

Toutes choses qui sont un magnifique cadeau et un privilège en temps normal. Mais là, comment dire, la batterie est un peu faible. Et parfois j'ai peur. Peur de passer à côté. Peur d'être trop près, plus à la bonne distance. Peur d'être trop loin, de survoler, de me défendre pour ne plus entendre. Peur d'oublier que ces jeunes adultes ont l'âge de mes enfants, peur de ne le savoir que trop. Bref, vivement les vacances.

28 janvier 2025

Et maintenant, on fait quoi ?

Surtout rien. On attend. On respire. On prend le temps d'accueillir la peine, la colère, toutes les peurs, et de relire l'histoire avec une grille de lecture nouvelle (et oui, ça fait remonter à la surface des blessures non cicatrisées).

Le temps de faire le deuil de ce qui aurait pu être différent, si on avait su. Et celui de ce qui ne sera pas. On comprend autrement, ça coche les cases, ça prend sens - "ça clique" - dit Elsa, qui pose et se pose des questions qui témoignent de sa maturité, de son intelligence et de sa lucidité.

On essaie de ne pas faire l'erreur habituelle de chercher aussitôt des réponses, des solutions, des stratégies - nous l'avons tant fait déjà. Il faudra bien sûr mais... pas tout de suite. L'hiver ce devrait être le temps du répit, du repos, de ce qui s'écoule doucement avant que quelque chose, peut-être, ne germe et ne refleurisse. Est-ce qu'on peut à la fois faire confiance et ne pas ignorer qu'il faudra du temps, un temps incompressible autant qu'imprévisible ? Je crois que oui. Est-ce que je peux ne pas m'oublier une nouvelle fois sur ce chemin ? L'avenir nous le dira. 

26 janvier 2025

Au musée Jacquemart-André

 

24 janvier 2025

That's it


22 janvier 2025

Faire avec

Ce n'étaient pas exactement ses mots, mais c'était l'idée, après un échange sur les blessures et les manques - ce que nous portons malgré nous ou à cause de nous, parfois pour toujours - handicaps, carences et traumas divers : "Peut-être que notre dignité, c'est de faire avec ce qui nous leste ?" - Inventer un chemin non pas contre, ou malgré, mais avec. Précisément avec. En toute humilité, en toute tranquillité - ce qui m'évoque aussi ce merveilleux titre de Gaëlle Josse, "De nos blessures un royaume".

Plus tôt aussi nous avons aussi rappelé - en tout cas il m'a semblé le redécouvrir - ce que la sollicitude extrême, si bien intentionnée soit-elle, peut paradoxalement empêcher chez celui ou celle qui en est l'objet ; et cette voie de passage possible peut-être d'être vis-à-vis de l'autre comme dans un regard de grand-parent - inconditionnel, intéressé par l'être mais désintéressé d'un quelconque résultat, ce regard sans pression ni enjeu, simplement aimant. Curieux, et confiant.

17 janvier 2025

Tout va bien

Aujourd'hui, c'était la fête pour les deux ans du Pot Commun, le café associatif adossé à ma librairie coopérative favorite. Ca voulait dire, retrouver dans ce petit espace nos libraires surmotivées, les bénévoles de l'association, le groupe de ukulele et celui de Gospel. Et les choristes du Labo de Clairie, dont je fais partie - un projet génial, mosaïque de chorales à travers le pays qu'elle a pour objectif de rassembler pour des concerts communs.

Bref, un concentré d'humanité engagée, chaleureuse, généreuse - grâce à ce lieu de liens qui attire des gens à son image - j'adore découvrir ce voisinage qui mélange âges, milieux et professions, autour de projets partagés mais surtout de valeurs communes. 

PS : "Tout va bien", c'est la chanson du Labo que nous faisons reprendre au public... 

14 janvier 2025

Et si ..?


 

11 janvier 2025

Noël après Noël

Celui où on se raconte les histoires de famille : "Et toi, les fêtes, c'était comment ?", les histoires de cœur, les histoires d'enfants et les histoires de boulot. Un Noël sans conflits, sans pression, avec plein de petits cadeaux attentionnés et surtout, l'expérience renouvelée de ce filet de sécurité, trampoline et refuge, qui nous accompagne jour après jour.

09 janvier 2025

Retrouvailles

Quand je suis arrivée avec ma hotte de Père Noël pour Samir et les twins, devant la porte il y avait pour m'accueillir un dessin, une petite boîte en origami avec un petit mot, et une avalanche de câlins et de joie non feinte, et ça m'a fait un bien fou. Enchantée aussi qu'ils aient encore l'âge de se réjouir des deux doudous-renards jumeaux que j'avais choisis pour eux - ils sont allés dormir avec - et attendrie par leur père disant, c'est parce que c'est toi, avec moi ils font les bonhommes genre on est grands on n'a plus besoin de doudous. On a joué, dansé, ils m'ont demandé si je restais dormir et nous avons décidé que dans l'état actuel des choses, c'était mieux que je rentre mais ça m'a vraiment, vraiment réchauffé le cœur.


31 décembre 2024

Winter Wonderland


Winter Wonderland, c'est cette chanson de Noël qui évoque pour moi les cartes postales kitsch avec des sapins pailletés et des rennes avec ou sans nez rouge, des clochettes de traîneau et un Santa Klaus hilare et bedonnant. Un fantasme de paysage hivernal - et dans les fantasmes de Nouvel An à la montagne, il y a ce soleil éclatant, une neige immaculée et des arbres couverts de givre, étincelants au soleil ; et des chalets avec une belle cheminée, du vin chaud et de grandes tablées chaleureuses autour de produits locaux savoureux. Parfois les rêves deviennent réalité. Nous avons eu tellement de chance ! Et la joie de découvrir, loin des interminables files d'attente en bas des télésièges (bienvenue dans le métro parisien, avec les mêmes gens pressés et agglutinés), la joie des randos à pied ou en raquettes : nous avons arpenté des chemins déserts, nous nous sommes roulées dans la poudreuse, et avons découvert des paysages époustouflants. De quoi entrer dans la nouvelle année tout en douceur et en complicité.