27 septembre 2024

Under pressure


Alors comment dire ? Ajouté à ce qui précède, l'exposition professionnelle au viol et au meurtre de Philippine à Dauphine, les récits détaillés de violences sexuelles de victimes de trauma qui s'exposent en boucle dans une répétition mortifère, les patients ou compagnons de patients en fin de vie, une conversation sans issue avec David et les trois heures d'échange hier avec une Elsa infiniment fragile qui planque, minimise et compense en permanence, mais laisse parfois brusquement entrevoir les abîmes en-dessous, je crois que c'est trop là... Ce matin en regardant l'agenda de cet après-midi : deux étudiants à recevoir en anglais, puis une urgence (?), et une matinée de consultations blindée demain matin (quel "week-end" ?), je me suis demandé : je fonds en larmes ? Je demande un arrêt de travail ? Je retourne sous la couette ? Je me prends une cuite monumentale ? Jusqu'à quand ça peut tenir comme ça ? 

Guess what ? Je suis dans mon bureau, bien sûr. mais je repense à cette patiente qui m'avait dédicacé son livre "Je n'avais pas vu les sables mouvants"...

PS : j'ai fondu en larmes. J'ai annulé ma consultation de l'après-midi. Je suis rentrée chez moi. Et je me suis roulée en boule sous ma couette. 

26 septembre 2024

Sur un fil

Si je me suis trompé, en disant : je t'aime, je préfère avoir dit : je t'aime. On ne me fera pas envier celui qui a eu raison sans aimer (Philippe Léotard).

Mais je ne suis pas trompée, loin de là ! Et si c'était à refaire, je referais tout pareil. Parce qu'elle est très belle cette improbable histoire entre deux êtres que tout oppose, ce petit miracle funambule que nous aurons maintenu bien au-delà de toute attente... parce qu'il est émouvant le constat que l'amour ne suffit pas, que dans la décision de prendre de la distance il peut y avoir encore tellement d'amour - la volonté de protéger, de ne pas enfermer l'autre dans ses propres impasses d'un côté, une infinie tendresse de l'autre.
 
Parce qu'il y a quelque chose de magnifique à avoir "arraché à l'impossible", comme me l'écrit une amie, autant de moments de bonheur. Et un certain panache à l'avoir tenté en connaissance de cause - choisir de vivre ce qui s'offre comme un cadeau que l'on pressent rare - plutôt que de rester à l'abri de la raison raisonnante et de ses certitudes stériles.Dans la Care Box il y a tellement de souvenirs - quelques-uns en remontant le temps :  
 
Et  aujourd'hui ? Aujourd’hui je ne sais pas, je ne sais plus. Il y a le souhait, réciproque je crois, de préserver de la douceur, dans la mesure de nos possibles. Et pour moi, cette certitude bien antérieure : je ne me souviens pas avoir jamais totalement dés-aimé un être que j'ai aimé authentiquement, profondément à un moment de ma vie. Mon cœur s'agrandit, c'est tout.

Folie dure

C'est fou oui. J'ai beau avoir des dizaines (centaines ?) d'heures de travail sur moi à mon actif, j'ai beau savoir que dans ces brusques montées de chagrin incoercible se jouent non seulement le présent immédiat, mais toute la solitude de l'enfance face à l'abandon de l'un, à la dépression de l'autre, ici parfaitement combinées, condensées comme diraient les psys, je plonge quand même.

Largement aidée par l'absorption heure après heure des mêmes détresses archaïques chez ceux que j'accueille, sans plus avoir ce lest interne du - je suis celle qui aime et qui est aimée, voir post suivant. A chaque étape douloureuse de ma vie, je redécouvre non pas l'Amérique mais à quel point il est impossible de faire ce métier sans s'enraciner dans un amour. Et je le fais quand même - quelle est l'alternative ?

Grand bien vous fasse

Il y a un brin d'ironie douce-amère, dans le titre de l'émission dont cette interview est extraite... 

...parce que l'amour c'est à la fois le sentiment le plus puissant - d'une puissance à déplacer les montagnes - ce qui fait qu'on peut aimer par exemple une personne qui n'est pas du tout faite pour nous, mais c'est la puissance de l'amour, et absolument fragile parce que comme tout dans la vie, ça passe ! Et ça je crois que quand on aime on est à la fois tenaillé et angoissé par sa puissance - y en a jamais assez, on en veut encore plus, on n'aime jamais à satiété, et en même temps on a la phobie que ça puisse finir. Pourquoi ? Parce que je crois que l'amour est le seul sentiment qui nous donne une raison d'être immédiate. C'est-à-dire, qui suis-je quand j'aime et quand je suis aimée ? Je suis celle qui est aimée et qui aime. Donc imaginez qu'on me retire ça ? Je n'ai plus de sol, je n'ai plus de raison d'être. 

Avant, les intervenantes - toutes des femmes, tiens donc - parlaient du retour de l'instabilité, de la perte de ce qui fait repère, et du fait qu'on veut par conséquent à tout prix (à tout prix...) préserver cette stabilité, quitte à se mentir ou à mentir aux autres. Plus loin, elles parlent de la fin de l'élection amoureuse qui nous rend à l'anonymat - ce sentiment d'être à nouveau perdue dans la foule...

Alors ici - peut-être n'y est-on pas vraiment à ce jour dans le désamour, ou juste au bord, ce qui n'est pas moins douloureux peut-être - dés-espoir et haine de soi d'un côté, tendresse impuissante et désolée de l'autre. Mais chacun de ces mots me parle. Oui, je sais que j'existe en dehors de ce chagrin, oui, il y a néanmoins, du sens, du lien et des joies possibles dans cette vie. Ce qui ne me préserve nullement de ces moments récurrents et incontrôlables où effectivement le sol se dérobe sous mes pas, et où c'est l'enfance qui sanglote en moi.

15 septembre 2024

L'effet mer

 

...est-il éphémère ? Pas sûr, surtout quand on est aussi gâtées - météo, maison, activités - du Festival du grand n'importe quoi, épique, au jacuzzi dans le jardin en passant par le karaoké. Ah, et puis ce Saint-Emilion Grand Cru 2003, mais lui n'a pas fait long feu. Ce qui est moins éphémère encore, c'est la profondeur de nos liens, l'existence de ces témoins de nos vies sur le long terme avec qui parler de nos enfants, de nos parents, de nos ex et de nos présents, de nos petites joies et de nos grandes peines (ou l'inverse), parce qu'elles en savent presque tout depuis toujours. Et puis aussi des trucs légers, sextoys, séries Netflix et maillots de bain.

05 septembre 2024

Leçon d'acupuncture

La première aiguille, c'est ta présence. Ne travaille que ta présence. Si tu pries, si tu médites, si tu fais du Qi Gong, du Tai Chi Chuan, tu seras cette première aiguille, et dans le monde, tu dois être une aiguille d'acupuncture qui harmonise dans chaque rencontre, dans toutes les situations, que tu sois dans le métro, dans le train, dans une salle de conférence, tu dois être cette aiguille d'acupuncture c'est-à-dire, te nourrir du ciel, de la terre, et inonder d'amour ceux qui t'écoutent et harmoniser toutes les énergies, pour que ce soit à l'écoute du plus grand.

Marguerite Kardos

01 septembre 2024

Célébration

 

Écoute plus souvent
Les choses que les êtres,
La voix du feu s'entend,
Entends la voix de l'eau.
Écoute dans le vent
Le buisson en sanglot :
C'est le souffle des ancêtres (...).

Birago Diop

Le feu. La mer. Le soleil. L'amitié. La couleur. La lumière. Un week-end dans toutes les dimensions, avec pour points cardinaux la joie, la liberté, la légèreté, la foi.