Care Box
To care : j'aime ce mot, qui dit à la fois la précaution, l'attention, la responsabilité, le souci, l'importance, le soin. Care box : un néologisme pour quelque chose comme, boîte à attention (littéralement en anglais imaginaire, trousse de secours).
21 novembre 2025
Va, Tosca
13 novembre 2025
Le Noeud
Il est là constamment ces jours-ci. Coincé dans la gorge, la plupart du temps. Plus ou moins serré, plus ou moins volumineux - et le plus souvent il est impossible de distinguer le fil du chagrin du fil de l'anxiété - auxquels s'entremêlent parfois ceux de la colère et de l'impuissance. Il n'est pas nouveau, mais ce qui m'inquiète, c'est cette constance inhabituelle. Les réveils multiples. Les larmes à fleur de peau, pour un oui ou pour un non. L'ampleur du découragement. D'habitude ça va ça vient, je peux l'oublier des semaines, prendre un peu de recul, dédramatiser, me ressourcer.
Parfois il monte à la tête et se transforme en migraine ou en nausée - ou me met en apnée, dans l'incapacité de prendre une respiration profonde. Mais je ne suis pas dupe, le corps va bien, c'est la tristesse qui s'enkyste, jusqu'au moment où le barrage craque - une soupape bienvenue de temps en temps.
Double care
Interview dans Folie Douce de Nadège Erika, mère d'un jeune adulte en souffrance psychique et travailleuse dans le médico-social...
"- C'est comme si elle, ma grand-mère, moi ou mes narratrices, ou tout un tas de femmes que je croise au boulot on avançait sur une deux fois deux voies, on fait deux fois notre boulot, le care dans la vie quotidienne - la vie familiale, personnelle, privée, intime, et le care dans notre vie professionnelle et on avance deux fois en parallèle et comme ça on est deux fois nous.
- Et sur ces deux voies-là vous êtes invisible et personne ne parle de ce que vous faites."
Elle dit très bien, l'indicible de la souffrance psychique - là où pour un autre enfant lui en souffrance physique elle a obtenu soutien et compassion, et l'invisible de ces métiers du care - parce qu'il n'y a rien de glamour à s'occuper des pauvres, des malades ou des fous. Et la solitude des aidants. Et le fait que les aidants du quotidien soient, dans leur immense majorité, des aidantes.
L'appli qui propose une transcription des podcasts avait écrit, "le coeur dans notre vie quotidienne (...) et le coeur dans notre vie professionnelle", et ça résonne tellement juste... ce coeur qui s'épuise et puis repart, jour après jour. J'aime bien aussi cette phrase suspendue, "on est deux fois nous", qui dit si bien l'engagement du soi, la porosité des espaces parfois.
09 novembre 2025
Relier relire
02 novembre 2025
Ecrire...
Ecrire. Ecrire pour obéir au besoin que j’en ai.
Ecrire pour apprendre à écrire. Apprendre à parler.
Ecrire pour ne plus avoir peur.
Ecrire pour ne pas vivre dans l’ignorance.
Ecrire pour panser mes blessures. Ne pas rester prisonnier de ce qui a fracturé mon enfance.
Ecrire pour me parcourir, me découvrir. Me révéler à moi-même.
Ecrire pour déraciner la haine de soi. Apprendre à m’aimer.
Ecrire pour surmonter mes inhibitions, me dégager de mes entraves.
Ecrire pour déterrer ma voix.
Ecrire pour me clarifier, me mettre en ordre, m’unifier.
Ecrire pour épurer mon œil de ce qui conditionnait sa vision.
Ecrire pour conquérir ce qui m’a été donné.
Ecrire pour susciter cette mutation qui me fait naître une seconde fois.
Ecrire pour devenir toujours plus conscient de ce que je suis, de ce que je vis.
Ecrire pour tenter de voir plus loin que mon regard ne porte.
Ecrire pour m’employer à devenir meilleur que je ne suis.
Ecrire pour faire droit à l’instance morale qui m’habite.
Ecrire pour retrouver – par delà la lucidité conquise – une naïveté, une spontanéité, une transparence.
Ecrire pour affiner et aiguiser mes perceptions.
Ecrire pour savourer ce qui m’est offert. Pour tirer le suc de ce que je vis.
Ecrire pour agrandir mon espace intérieur. M’y mouvoir avec toujours plus de liberté.
Ecrire pour produire la lumière dont j’ai besoin.
Ecrire pour m’inventer, me créer, me faire exister.
Ecrire pour soustraire des instants de vie à l’érosion du temps.
Ecrire pour devenir plus fluide. Pour apprendre à mourir au terme de chaque instant. Pour faire que la mort devienne une compagne de chaque jour.
Ecrire pour donner sens à ma vie. Pour éviter qu’elle ne demeure comme une terre en friche.
Ecrire pour affirmer certaines valeurs face aux égarements d’une société malade.
Ecrire pour être moins seul. Pour parler à mon semblable. Pour chercher les mots susceptibles de le rejoindre en sa part la plus intime. Des mots qui auront peut-être la chance de le révéler à lui-même. De l’aider à se connaître et à cheminer.
Ecrire pour mieux vivre. Mieux participer à la vie. Apprendre à mieux aimer.
Ecrire pour que me soient donnés ces instants de félicité où le temps se fracture, et où, enfoui dans la source, j’accède à l’intemporel, l’impérissable, le sans-limite.'
[Charles Juliet ; extrait de « Ecrire », dans Il fait un temps de poème, anthologie d’Yvon Le Men, Filigranes éditions
Ecrire mais quoi ?
Écrire parce que ça fait longtemps, écrire parce que j'ai l'impression de danser au-dessus du vide, et que je n'écris plus, ne pense plus. L'impression de laisser les algorithmes me manger le cerveau, même ceux supposés avoir une plus-value culturelle (et ne parlons pas des autres), de laisser « l'imaginaire du plein », comme l'écrivait Bobin, me faire disparaître petit à petit.
De rebondir comme une balle de ping-pong entre mon impuissance à grande et à petite échelle – ce monde affolant, l'avenir de mes deux enfants et en particulier celui d'Elsa, sa souffrance que nous ne nommons ensemble que rarement – à quoi bon aller se taper la tête contre les murs – et l'épuisement professionnel, vaguement culpabilisant – plus le temps ni l'argent pour me former, et prendre du recul ou mieux, de la hauteur.
De me relever et d'y aller quand même, collectionner des moments, des sourires, des caresses, de la beauté, et puis replonger en apnée, suffoquer jusqu'aux quelques prochains jours de répit, de nature ou de mer, et puis essayer de n'oublier personne et n'en faire pourtant jamais assez. Si l'avenir est si incertain, que faire d'autre que d'enfiler quelques brefs instants étoilés à chaque fois que c'est possible ?
Et en même temps, je ne suis pas dupe. Ça ne suffit pas. Ça ne peut pas suffire. Il faudrait ralentir la course. Prendre du recul. Et des décisions raisonnables. Prévoir. Organiser. Définir des objectifs. Pas l'énergie, ni l'envie de renoncer à la poésie intermittente, ni suffisamment la conviction que nous ayons tant que ça la maîtrise de quoi que ce soit, dans ce monde.
Je fais comme si, et contourne sans cesse l'éléphant dans la pièce qu'est le handicap d'Elsa – le bug dans la matrice, le truc qui fait dérailler l'ordre des choses, les enfants grandissent, et s'en vont essayer de faire un petit mieux que nous, a minima finissent par trouver les moyens du chemin qui sera le leur. Et là... on ne sait pas, avec une gamine bien trop maligne pour ne pas s'en rendre compte, ce qui est un crève-cœur de tous les instants – pour toutes les deux. Il n'y a rien de normal dans notre quotidien... mais je suis la gardienne de la flamme, du « on trouvera des solutions » - alors on fait comme si, et on invente des moments comme autant de cailloux de Petit Poucet, un concert, un voyage, un achat futile, des retrouvailles amicales – et on laisse aussi dans l'ombre les angoisses matérielles – l’argent, la santé, aujourd'hui ça tient à peu près, demain sera un autre jour.
Je me console – par rapport à tant d'autres dans ce monde, je reste tellement privilégiée. Assez d'argent pour le nécessaire et même pour un tout petit peu de superflu (mais sans filet), l'accès à la culture qui me sauve de tant de choses, des cercles multiples, la tendresse funambule de Samir – mon fragile point d'équilibre. Je me console, parce qu'il n'est pas d'humains dans ce monde qui n'aient l'expérience du deuil, de la maladie, du handicap, et que c'est juste la vie quoi, le bordel, comme le chantait Higelin.
Je me console – quand la solitude me pèse, et que j'aimerais un homme à mes côtés, ou qu'un père ou un beau-père manquent tellement pour mes enfants, et me rappelle que vivre à deux n'est pas l'assurance de ne pas se sentir seul, et que j'ai choisi de ne pas rester dans des faux-semblants précaires. Je me console, en devinant que le couple n'est pas la réponse à tout, et que je suis aimée de multiples façons, amoureuses ou amicales, dont aucune ne repose sur un devoir ou un contrat, et que c'est un privilège.
Je me console, quand un rayon de soleil vient illuminer mon petit chez-moi ce dimanche matin, que le thé brûlant sent bon et que les chats dorment tranquillement près de moi.
27 octobre 2025
Lu et approuvé
"En matière de psychiatrie, évidemment qu'il faut agir conformément aux données de la science (...) et en même temps le coeur de l'exercice a trait au récit d'une personne, et rien n'éduque mieux à la compréhension et à la perception d'un récit que la littérature, donc pour moi, un psychiatre c'est à la fois un scientifique ET un littéraire, ou plus exactement c'est quelqu'un qui ne maîtrise ni l'un ni l'autre parfaitement mais qui s'efforce de tenir l'un et l'autre, un peu comme il faudrait tenir un grand écart."
Raphaël Gaillard, interviewé par Eva Bester dans la 20e heure
Ca me fait tellement plaisir, à moi qui dis si souvent que mon outil de travail, ce sont les mots, que la psychothérapie consiste - entre autres choses - à écrire un nouveau récit à quatre mains, et qui m'autorise régulièrement à partager une lecture ou une citation, quand elles me semblent pertinentes. Et qui ressens au quotidien combien ma pratique - et ma façon d'être au monde par ailleurs - sont profondément nourries de toutes mes lectures, depuis aussi loin que je peux me souvenir.
25 octobre 2025
Petit grain
23 octobre 2025
Tout simple
20 octobre 2025
Enfants de choeur

10 octobre 2025
Jeanne
Concerts du Festival de Marne : super programmation et petites salles, donc places bien meilleures et bien moins chères qu'à Paris : je ne pouvais pas rater Jeanne Cherhal, dont j'ai aimé chaque album. Je n'ai pas été déçue, c'était un concert généreux qui nous a baladés dans toute sa discographie et ses multiples facettes graves ou rieuses, engagées ou coquines. Jeanne est un lutin plein de surprises, qui bondit sur le piano double et s'invente en showgirl façon cabaret, peur de rien, j'adore !





