On considère la visite à sa mère comme un événement privé et banal : il va falloir lui installer WhatsApp parce qu’elle ne comprend rien à son téléphone, l’aider à faire sa déclaration d’impôt, toutes ces activités que l’on juge triviales. Mais si l’on comprend que cette visite s’inscrit dans des cycles cosmiques, elle change de valeur. Votre propre existence, au moment où vous faites ces choses-là, change d’intensité. La visite que l’on rend à sa mère devient une sorte de cadeau métaphysique que l’on fait et que l’on reçoit. Si l’on comprend que notre présence a pour fonction de démontrer sa survie à la mère, de dire : « Maman, je suis là, j’ai survécu à tes défaillances qui m’ont heurté dans ma plus grande vulnérabilité, et, ensemble, nous continuons à survivre », alors cet échange devient tellement chargé de valeur qu’il en est à pleurer de beauté.
Maxime Rovere, interview dans Le Monde