30 juin 2024

Papa ?

Il m'a fallu longtemps pour me décider à écrire ce billet-là. Pour essayer de faire le lien entre l'homme que j'ai connu dans mon enfance, celui à qui j'en ai profondément voulu à l'adolescence (et dont l'absence et la violence sous-jacente conditionnent sans doute encore une part de ma vie de ma femme), celui dont je me suis détachée complètement à l'âge adulte, et ce monsieur dans la chambre de l'EHPAD. 

Parce que de lien justement il n'y en a pas. Entre lui et moi, entre lui et les autres - sa seconde femme, ses autres enfants, entre lui et lui-même sans doute non plus. Et je ne peux pas m'empêcher de voir cette déroute cérébrale comme l'étape ultime d'une vie de solitude, l'image révélée de la forteresse dans laquelle il s'est enfermé vivant bien avant l'apparition des premiers troubles neurologiques.

La maladie l'a désarmé, faisant de lui un enfant aphasique, perdu au milieu de grands vieillards mais absolument plus en état de vivre même dans une structure plus adaptée à son âge. Il est infiniment ralenti dans sa marche, presque totalement dans sa parole - et sa résignation apparente à laisser la plupart de ses phrases en suspens m'a laissée dans une profonde tristesse. Il nous reconnaît je pense, semble comprendre ce que nous disons, mais pas plus que lorsqu'il allait "bien", il n'y a le moindre accès à ce qu'il pense, ressent, perçoit (l'agressivité en moins cependant) - et il y a quelque chose de bouleversant dans cette mise à nu d'une incommunicabilité qui elle a toujours été là.

J'ai fanfaronné un peu ces dernières années je crois en disant - je trouve ça terrible humainement bien sûr ce naufrage d'un homme intelligent et cultivé, mais ce n'est pas comme si je perdais un petit papa chéri, un père qui m'aurait accompagnée, soutenue, qui aurait été présent pour moi et pour mes enfants. Ca reste vrai mais... sa vulnérabilité aujourd'hui me serre le coeur, autant qu'elle me laisse dans une complète impuissance. Il est trop tard, il est trop loin, et lui souhaiter de pouvoir quitter ce monde est une bien pauvre tentative d'évitement face au constat de ce qui est, et qui peut être encore longtemps.

Dans la chambre, son épouse a accroché plusieurs des tableaux qu'elle a peints. Celui qui fait face à son lit est un portrait de moi à treize ou quatorze ans peut-être, et je ne sais pas ce qui me donne le plus envie de pleurer ici - qu'elle ait eu cette délicatesse, ou la certitude que jamais je n'aurai su ce qu'il y a dans le regard de mon père.

28 juin 2024

Cadeau

Elle est vraiment très chouette, cette étudiante que je suis de loin en loin depuis trois ans. Et malgré l'intermittence de nos rencontres - il s'agit du service de prévention et non d'un cadre thérapeutique - je la vois faire son miel de ces entretiens, et se souvenir avec une acuité étonnante de nos échanges. Aujourd'hui, elle m'a fait un précieux cadeau en me confiant que non seulement elle m'avait adressé nombre de ses camarades, mais qu'ils avaient tous apprécié nos rencontres. Quelle jolie façon de terminer mon année !

24 juin 2024

Johanna & Bruce

Il y a 11 ans - 11 ans ? Déjà ? j'avais ce rêve d'emmener les enfants à New York pour mes 40 ans. Rêve qui s'est réalisé au-delà de mes espérances, grâce à l'échange de maison et au souhait de Johanna et Bruce de séjourner trois semaines dans notre appartement. Trois semaines d'hébergement à Manhattan ? Mais oui, avec joie ! Très europhile, ce couple d'artistes - elle prof d'art, lui photographe, revient régulièrement en France et en Italie. Le lien ténu entretenu grâce aux réseaux sociaux nous a permis de nous retrouver pour déjeuner à Paris - c'est toujours un plaisir, car ils s'intéressent à tout, courent les expos et les lieux de culture quand ils viennent en Europe - ils sortaient du musée Guimet, partaient voir l'expo Brancusi à Beaubourg. Nous avons parlé aussi politique, aux US et en France, familles, métiers... Je leur ai montré des photos de notre nouvelle maison, qui sait, après New York en été, je pourrais peut-être rêver à New York en hiver, faire du patin à glace au pied du Rockefeller Center comme dans mes comédies romantiques de Noël préférées ?

23 juin 2024

Et un dimanche à la campagne

...tout s'ajoute à ma vie
J'ai besoin de nos chemins qui se croisent
Quand le temps nous rassemble
Ensemble, tout est plus joli...

Jean-Jacques Goldman, Ensemble

20 juin 2024

Solstice d'été

Many tribes of a modern kind, doing brand-new work same spirit by side
Joining hearts and hands and ancestral twine, ancestral twine...

Xavier Rudd, Spirit Bird

16 juin 2024

08 juin 2024

Célébrer (2)


 ... l'amitié, le courage, la créativité, et la volonté de ne pas se laisser abattre. Ah mais !