Elle vit à l’hôtel social, vient de retrouver un emploi précaire, pour lequel elle est encore en période d’essai. Il est en prison juqu’en 2008, mais sortira peut-être – peut-être, en juin prochain. Une grossesse s’annonce, inattendue mais qui les touche l’un et l’autre, profondément – que faire ? Le pari de la vie, de la réhabilitation, de lendemains meilleurs ? C’est peut-être, parce qu’ils prennent tellement au sérieux ce devenir parents, qu’ils choisiront de différer ce moment qu’ils attendent néanmoins. C’est peut-être, parce qu’elle peut être une formidable source d’énergie, qu’ils choisiront de garder cette grossesse. Quelque choix qu’ils fassent, dans sa parole à elle ils sont, seront, déjà trois. C’est si rare, cette place faite à l’autre, à cette grossesse quoi qu’elle advienne, à la parole de cet homme – c’est si rare, autant d’amour ici.
Elle a 39 ans, elle sort d’une histoire passionnée, passionnelle, douloureuse, conflictuelle - dangereuse. Et de cet homme qu’elle aime encore, bien qu’elle aie pris la décision de le quitter, et que sa dangerosité la contraigne aujourd’hui à s’en protéger, elle est enceinte. Et cet enfant qu’elle décrit comme l’enfant de l’amour, et comme l’enfant de la dernière chance, elle souhaite le garder. A ce chaos en marche, elle demande aujourd’hui, à donner sens.