23 ans, études tôt arrêtées, une expérience comme AMP auprès d'enfants handicapés, un retour aux études dont elle se rend compte qu'il ne sera pas couronné de succès. S'amuse, comme elle dit - profitant d'une vie d'étudiante qui n'aura été qu'un court répit (bien fragile : elle est hébergée, vit d'aides précaires). Mais... elle est enceinte... et dans l'entretien je sens bien que l'idée de l'IVG est loin d'être arrêtée, et puisque la date déterminée par l'échographie nous le permet, je lui propose qu'on se revoie tranquillement quelques jours plus tard.
Second entretien, elle arrive, contre toute attente, accompagnée de son partenaire. Elle envisage de garder sa grossesse - avec ou sans lui. Il ne le souhaite pas, mais il est là, ne conçoit ni de chercher à imposer son souhait ni de se désintéresser du sort d'un éventuel enfant. 21 ans, tout autant en galère qu'elle - pas d'études, pas de travail - mais étonnamment structuré, responsable, respectueux. Un entretien rare - de par son positionnement à lui, tout aussi rare. Un entretien où il aura été possible d'explorer des pistes aussi variées que leurs contextes familiaux respectifs, et donc leurs représentations de la parentalité, l'avenir de leur relation - clairement positionnée, initialement, sous le signe du non-engagement, les circonstances de la grossesse, les représentations de l'avortement...
Je pressens que, dans son impossibilité à elle de renoncer - à ce jour - à cette grossesse, se jouent à la fois des questions de rempart contre la dépression (quel autre projet autrement ?) et de répétition familiale (elle n'a jamais connu son père, ses relations avec sa propre mère sont très difficiles). Je suis touchée aussi par sa douceur à lui, dans un contexte où il est tributaire d'une décision unilatérale qui l'engagera durablement... et inquiète pour les deux - car les aides et minima sociaux ne suffiront pas à leur assurer une vie décente, ni ensemble, ni séparément - et que cet enfant potentiel est de toute évidence un possible candidat au placement familial.
Que vont-ils pouvoir négocier, en eux-mêmes, l'un avec l'autre, et avec la réalité ? Puisque le délai le leur permet, je leur ai proposé une nouvelle rencontre.
Une semaine plus tard : ils ne sont pas venus. Mais ont pris la peine d'appeler, et repris rendez-vous pour la semaine prochaine - ensemble. Besoin de temps, encore...
Second entretien, elle arrive, contre toute attente, accompagnée de son partenaire. Elle envisage de garder sa grossesse - avec ou sans lui. Il ne le souhaite pas, mais il est là, ne conçoit ni de chercher à imposer son souhait ni de se désintéresser du sort d'un éventuel enfant. 21 ans, tout autant en galère qu'elle - pas d'études, pas de travail - mais étonnamment structuré, responsable, respectueux. Un entretien rare - de par son positionnement à lui, tout aussi rare. Un entretien où il aura été possible d'explorer des pistes aussi variées que leurs contextes familiaux respectifs, et donc leurs représentations de la parentalité, l'avenir de leur relation - clairement positionnée, initialement, sous le signe du non-engagement, les circonstances de la grossesse, les représentations de l'avortement...
Je pressens que, dans son impossibilité à elle de renoncer - à ce jour - à cette grossesse, se jouent à la fois des questions de rempart contre la dépression (quel autre projet autrement ?) et de répétition familiale (elle n'a jamais connu son père, ses relations avec sa propre mère sont très difficiles). Je suis touchée aussi par sa douceur à lui, dans un contexte où il est tributaire d'une décision unilatérale qui l'engagera durablement... et inquiète pour les deux - car les aides et minima sociaux ne suffiront pas à leur assurer une vie décente, ni ensemble, ni séparément - et que cet enfant potentiel est de toute évidence un possible candidat au placement familial.
Que vont-ils pouvoir négocier, en eux-mêmes, l'un avec l'autre, et avec la réalité ? Puisque le délai le leur permet, je leur ai proposé une nouvelle rencontre.
Une semaine plus tard : ils ne sont pas venus. Mais ont pris la peine d'appeler, et repris rendez-vous pour la semaine prochaine - ensemble. Besoin de temps, encore...