16 juin 2012

Humanité

Derrière la colère, une douleur infinie, quasi constante, saturée d'enfance et de solitude - celle aussi d'un amour et d'un espoir contre toute évidence encore vivants mais si fragiles, mais non reçus, la main qui se tend et retombe faute d'être saisie. Un poignard au coeur qui a pour nom irremplaçable, l'angoisse au ventre face à une précarité qui ne s'annonce pas qu'affective, une rage d'animal blessé, qui menace jusqu'à ceux que j'aime. C'est juste trop... 

Trop de courir derrière de nouveaux projets, sans lesquels mes revenus chuteront de moitié avant même le divorce et les conséquences que l'on sait ; trop d'accueillir jour après jour la misère de patients pour lesquels il me faut en temps normal le meilleur de mon énergie ; trop de garder le sourire pour les enfants et de leur proposer autant que possible de jolis moments de tous ordres. Je fais pourtant tout cela - quel autre choix ?

Je croyais que Paris était une ville où on peut crever la gueule ouverte. Hier, je sanglotais dans ma rue appuyée contre un mur - prise de vertige, j'avais la sensation de ne plus tenir sur mes jambes - en quelques minutes, pas moins de quatre personnes sont venues vers moi, ont proposé leur aide, un mouchoir, un numéro de téléphone, quelques mots d’encouragement... un peu de douceur dans un temps d'une incroyable brutalité.