16 janvier 2013

Humanité ?

Je savais, pour m'y être intéressée il y a quelques années, que les prisons françaises ne brillaient pas par leur respect des droits humains les plus élémentaires... c'est une chose de le savoir, une autre de penser chaque jour à un proche incarcéré. Ces jours-ci, j'aurai appris :

- que la transmission du courrier est pour le moins capricieuse et les délais aléatoires et de toute façon très longs (8-10 jours), en maison d'arrêt comme en secteur hospitalier (même dans le cas d'une hospitalisation pour tentative de suicide ? oui, même)
- que l'attribution d'un permis de visite n'est pas moins arbitraire, et que si les délais pour une éventuelle réponse favorables sont imprévisibles, il n'y a le plus souvent pas de réponse du tout quand c'est négatif
- qu'il est impossible d'envoyer un colis, fût-ce avec des vêtements propres ou des livres (rien de dangereux ni d'illégal donc) ; celui-ci doit obligatoirement être remis lors d'un parloir, ce qui renvoie au problème précédent
- qu'être la mère de l'unique enfant d'un prévenu ne vous donne pas de droits spécifiques à des informations sur les raisons de l'incarcération, les risques de condamnation, ou l'état de santé du père de votre enfant (autrement dit, et comme pour moi depuis ma place d'amie, vous êtes tributaire du bon vouloir et de la disponibilité de votre interlocuteur)
- qu'il est impossible d'échanger ne serait-ce que quelques phrases au téléphone avec la personne hospitalisée, même si le médecin ou l'assistante sociale qui tient ledit téléphone se trouve être dans la même pièce (sachant qu'il n'a probablement encore reçu aucun courrier, voir plus haut, et que le contexte de l'hospitalisation n'est pas un "simple" problème de santé, si tant est qu'il y ait des problèmes de santé simples en prison...)
- que si la détention provisoire, soit avant passage en jugement, est théoriquement limitée à quatre mois, il existe nombre d'exceptions qui peuvent en porter la durée jusqu'à deux ans... (deux ans ?!)

Indignation, écoeurement, impuissance - je ne suis sans doute pas au bout de mes surprises, ni de mon inquiétude. La sanction avant la sanction, j'ai déjà du mal ; et je pensais naïvement que la privation de liberté en était une suffisante... 

Vas-y bats-toi tes un vrai lion sors-nous tes griffes
Ne t'endors pas à l'étage des soins intensifs
C'est pas ton heure et ce n'est pas demain la veille
Que ton grand coeur aura à c'point besoin d'sommeil
Ne t'en va pas...


Lynda Lemay