14 mars 2013

Compostelle

Partir est un mot plein de promesses, un mot merveilleux qui se suffit à lui-même. Il semble qu'il est plus important de partir que d'aller quelque part. (...) En tout cas, une chose est certaine : on est différent après être vraiment parti, parfois même on ne revient pas. Si vous n'êtes pas différent après être parti, c'est que vous revenez de vacances ! Faire son chemin, c'est avoir les yeux posés loin devant, sur l'horizon. Sur cet horizon, il y a le bout du chemin. Et le bout du chemin, c'est la mort. Faire son chemin, c'est donc avoir conscience que la vie mène à la mort. Et cela que l'on croie ou que l'on ne croie pas en un au-delà.

La perspective du bout du chemin colore notre route d'une façon singulière, à la fois grave et légère. Grave, elle nous permet d'aller à l'essentiel et d'éviter de se perdre en chemin ; elle incite à être juste avec soi-même. Paradoxalement  cette perspective entraîne toujours plus loin : l'idée de la mort ne me cloue pas sur place, bien au contraire, elle décuple mon désir de vivre ma vie à mon goût. Légère, la perspective du bout du chemin donne à chaque instant le parfum merveilleux de ce qui est unique. La perspective du bout du chemin doit nous rendre gourmands. Une gourmandise tragique est préférable à une tranquillité aléatoire...
Olivier Lemire
Un projet qui fait son chemin...