(...ce fut la B.O de ce dernier stage...)
L'air du large encore dans les cheveux, du soleil plein les yeux - sous mes pieds le plancher tangue, décidément j'adore cette sensation.
La zone de nav' : traversée du Golfe du Morbihan, escale au Crouesty, mouillage à Houat, passage le long de Belle-Ile, escale à Groix, balade dans les méandres du Blavet, escale à Kernevel, au coffre sur le Belon (magique : se réveiller en bateau au chant des oiseaux), dans l'archipel des Glénans, à Beg-Meil, nav' de nuit jusqu'à Concarneau : un sans-faute, pour la variété des paysages, au soleil la plupart du temps, avec un beau 4/5 Beaufort la plupart du temps aussi. Et une journée bretonne pour l'expérience : 6/7, creux de 3 mètres, pluie glaciale et continue, grêle (!), et premier mal de mer pour moi ! Me voilà baptisée, hé hé.
Ce que j'ai appris : à faire le point, à utiliser la règle Cras, à mieux lire les cartes marines ; à ne pas "taper" quand les vagues sont hautes en lofant jusqu'au somment puis en abattant - c'est très fin la barre, un tout petit mouvement peut modifier beaucoup de choses - et en même temps par grand vent c'est parfois assez...physique. A faire des calculs de marées. A laisser remonter un peu mon bateau au vent, quand la gîte devient inquiétante, plutôt que d'abattre en force (intéressant... comme la mise à la cape - mesure d'arrêt d'urgence, ça me semble hautement applicable aux relations humaines...).
Qu'une part de ma petite fille intérieure, celle qui est pataude, lente, hésitante, qui n'essaie même pas si elle n'est pas sûre d'avoir compris, celle qui a du mal à faire le lien entre la compréhension "avec la tête" et le passage à l'action adéquate était toujours là, bien planquée. Je ne l'ai pas retrouvée avec plaisir, et pour la première fois sur un bateau me suis sentie traversée par des élans de colère et de découragement.
Que cependant, la bonne allure au bon vent, avec idéalement un petit rayon de soleil et quelques petits paquets de mer qui passent de temps par-dessus le roof restait un bonheur absolu, un "kif" incomparable, qui me fait invariablement chanter. Que la sieste à la gîte, sur de longs bords tranquilles (pas avec les creux de 3m !) était le meilleur sommeil que la semi-insomniaque que je suis puisse ressentir (ça marche aussi quand le bateau tourne doucement sur son ancre au mouillage : un sommeil bienheureux ; ce bercement...). Que barreur est mon poste préféré - sensation de puissance tranquille, et de jeu avec le vent, à la limite de l'envol...
Que le mal de mer est une vraie saloperie - je n'imagine pas un équipage où tout le monde serait malade, car c'est absolument paralysant ; je suis restée cramponnée, immobile dans la descente deux bonnes heures, incapable de faire un pas vers le cockpit (trop froid) ou de descendre dans le carré (nausée intolérable si plus d'air). Une leçon d'humilité, et de prudence : prendre toutes les mesures possibles pour ne pas être dans cet état !
Ici que la voile est un travail d'équipe - "comme un seul homme" ; et que s'il n'y a pas cette dynamique, cette confiance, cette cohésion, ni un commandement clair, ça merdouille aux manœuvres...
Les petits moments + : la soirée chant, les rillettes de maquereau maison avec notre pêche du jour, les moules de Groix, le mouillage au Belon, au soleil de fin de journée et après la journée grêle, juste bien pour sécher ! La nav' de nuit, même courte et hors programme, nous a offert une jolie fin de stage.
Le cerise sur le gâteau : pour ne pas rentrer tard à Paris le dernier soir, j'avais demandé un hébergement à Concarneau à une fille du réseau CouchSurfing. Bonne idée : la ville close vaut le détour, les plages de sable blanc aussi. Et la maison (ravissante) de mon hôtesse (super sympa) était...mitoyenne à la base des Glénans ! Soirée papotage et voile - cette fois-ci, la plus belle rencontre de stage s'est faite à terre.