Il y avait longtemps. Que je ne m'étais pas fait cueillir lorsqu'une personne extérieure, a fortiori quand je ne m'y attends pas, me fait spontanément un retour sur ce qu'elle perçoit de moi. Lili, c'est notre chargée d'accueil pour les étudiants de la Cité, notre oiseau de paradis colombien, plumage coloré et ramage généreux, mais aussi bon sens, intelligence et gaieté - Lili fredonne sans cesse, anime notre salle d'attente avec Radio Latina et danse devant la photocopieuse (mais chut, c'est un secret).
Lili me voit depuis des mois accueillir les résidents, qui se bousculent en ce moment, gérer les urgences, accompagner les équipes, organiser événements et journées de prévention, passer d'un lieu de travail à un autre, souvent en arrivant de l'hôpital ou en y repartant. Elle sait aussi que ce travail que nous faisons, moi et mes collègues psy, a un coût humain, entraîne une fatigue spécifique, celle d'être toujours dans cet accueil, cette disponibilité inconditionnelle, celle de se laisser traverser par la détresse ou la rage de l'autre - quelque soit notre propre état.
Lili me voit depuis des mois accueillir les résidents, qui se bousculent en ce moment, gérer les urgences, accompagner les équipes, organiser événements et journées de prévention, passer d'un lieu de travail à un autre, souvent en arrivant de l'hôpital ou en y repartant. Elle sait aussi que ce travail que nous faisons, moi et mes collègues psy, a un coût humain, entraîne une fatigue spécifique, celle d'être toujours dans cet accueil, cette disponibilité inconditionnelle, celle de se laisser traverser par la détresse ou la rage de l'autre - quelque soit notre propre état.
C'est tout bête, mais ça m'a fait un bien fou simplement qu'elle m'en parle, reconnaisse ce que cela demande d'énergie et d'engagement dans mon travail, et qu'elle m'invite à prendre soin de moi. Comme une permission de dire bah oui, ce n'est pas facile tous les jours, et oui, je suis si épuisée parfois, et non, ça ne va pas forcément de soi de tenir tout cela de front. Juste ça.