...disait Papi, et ça m'énervait, parce que je trouvais ça petit joueur, un peu désengagé. Mais parfois...
Il aura fallu pas mal de vagues émotionnelles depuis un an et demi (début des troubles sérieux), depuis 12 mois (hospitalisation temps plein), depuis 4 mois (hospitalisation de jour), depuis 3 semaines (le dernier entretien avec la psychiatre) pour que j'arrive à formuler ceci à Elsa, qui me reproche de lui mettre "trop de pression" (ce qui n'est pas faux) et de la considérer comme autant en souffrance que l'année passée (ce qui est résolument inexact) :
Parce que je t'aime tellement, j'ai eu tellement peur, depuis tellement longtemps, et je me suis sentie bien trop seule face à cette angoisse.
Alors oui, peut-être qu'aujourd'hui j'avance moins vite, par rapport à cette angoisse et à cette solitude, que toi tu ne guéris - et que ça me fait sur-réagir, souvent. C'est possible. C'est probable, même. OK.
Et probablement aussi que cette pression, mi-objective mi-subjective car largement interne, est contre-productive. Et sérieusement intriquée avec les blessures des adultes, et celles des enfants-dans-les-adultes.
Ce que je pense cependant, c'est que la vérité est bien plus complexe que ça - et qu'il reste des motifs d'inquiétude - a minima, d'interrogation. Mais d'accord, je prends, et vais faire ma part - sur l'angoisse et la solitude, et le sentiment d'injustice et de non-reconnaissance, qui ne sont pas nés avec les difficultés d'Elsa, mais trouvent leurs racines dans ma propre histoire et dans ce que la séparation d'avec David a laissé à vif. Pas tous les jours facile d'être parent, et adulte, et ex-enfant... et de repérer (le correcteur suggère, réparer :-)) les endroits où ça s'emmêle !