Ce matin, j'ai eu l'insigne honneur d'être invitée dans le groupe des cruches, dont voici le manifeste :
L’art d’être une cruche
La cruche expose sa rondeur et sa stabilité. Certaines masquent leur contenu comme celles en terre permettant maturation dans leur ventre abrité dans l’ombre, tandis que d’autres laissent la lumière traverser leur corps de verre exposant leur intérieur en toute transparence et infusant ainsi la clarté céleste.
La cruche a une grande ouverture. Ouverture à ce qui peut la remplir. Son espace intérieur accueillant sans réserve ce qui vient la remplir, parfois même à en déborder. La cruche distribue avec générosité ce qu’elle a reçu sans déverser à tort et à travers grâce à son bec verseur courbé de douceur et à sa poignée qui la rendent ergonomique et saisissable.
La cruche est concave et non vide, réceptacle de fluides nourrissants. Elle a cette capacité à reverser ce qui l’a remplie pour se remplir à nouveau et redistribuer légèrement imprégnée de ce qui l’a déjà traversée, infusant à son tour tel un tonneau ancien redistribuant un peu de ses essences.
Sa stabilité donne un socle solide aux fluides instables. Elle est contenante mais non « retenante ». La cruche se doit d’être ouverte, prête à accueillir généreusement ; si elle fermée hermétiquement, elle n’est plus cruche, elle devient un pot plein de vide, ou bien remplie sans espace intérieur. Ce n’est plus une cruche.
Grande ou petite, la cruche a des formes et tailles diverses mais toutes ont en commun aussi la simplicité.
Tellement cruche !
Annabelle C.