18 février 2023

Un samedi soir sur la Terre

On pourrait se dire que c'est un samedi ordinaire - quelques patients, un déjeuner de copines, faire des courses, une lessive, finir un film sur Netflix, récupérer un bouquin à la librairie et tomber dedans : pas de grandes dépenses, pas de sortie culturelle, pas de dîner en ville, pas de fête jusqu'au bout de la nuit - juste la maison pour moi seule.

Et pourtant l'émotion à fleur de peau, touchée dix fois dans cette journée - par le désespoir de telle patiente à la séparation de ses parents. Par la confiance de  tel autre qui se laisse entraîner dans un état hypnotique profond à la rencontre d'un traumatisme oublié.

Par l'authenticité des échanges avec mon amie - la vie, la mort, l'amour, pas de small talk entre nous. Par le discours de Julianne Moore dans le bouleversant Still Alice, sur la maladie d'Alzheimer : qui sommes-nous encore lorsque nous perdons la mémoire ? Par le magnifique L'année de la pensée magique, journal de deuil de Joan Didion (le bouquin de la librairie).

Par les associations d'idées qui m'ont fait plonger, via la musique (ce bonheur d'être seule pour écouter à plein volume et chanter), d'abord dans mes années chorale de gospel, en commençant par This little light of mine puis The storm is passing over et Song in my soul. 
Puis ramenée vers d'autres temps  - c'est fou la puissance d'évocation de la musique, comme celle des parfums - Illumina, Days like this, Calma y tranquilidad, Rude, Alegria, juste les premières mesures suffisent à me connecter à des états, à des visages, à l'atmosphère de ces journées-là - ce soir je réalise à quel point je suis comme une éponge gorgée d'émotions, de blessures à peine cicatrisées, mais je me sens pleinement vivante.

15 février 2023

Février de cette année-là


 ...c'est une chanson de Maxime (Le Forestier), mais ce soir, il chantait Georges (Brassens). Ce concert, je l'avais vu il y avait bien des années avec le père de mes enfants aux Francofolies et je m'en souvenais comme de l'un des meilleurs auxquels je sois jamais allée. Le théâtre Romain Rolland, ce n'est pas la Rochelle, mais c'est quand même chouette, et le partager avec Maman, c'était encore mieux.

Les "inédites" ne datent pas d'hier (l'album Petits bonheurs posthumes date de 1996), mais j'aime toujours autant Honte à qui peut chanter et la Chansonnette à celle qui reste pucelle. Et puis l'irrésistible Mélanie, et puis Mourir pour des idées, et puis la Supplique pour être enterré à la plage de Sète...

Et si la voix force un peu par moments, qu'une fragilité se devine, ça ne rend l'instant que plus précieux encore. Je me souviens de concerts tardifs de Barbara, et d'Aznavour un an avant sa mort - si les voix étaient moins puissantes, elles étaient tellement émouvantes, aussi.

14 février 2023

Soyez le changement...

 ...que vous voulez voir dans le monde. Bon, vu l'état du monde, c'est une tâche un peu démesurée, mais je tenterais bien les petits changements (puisqu'il paraît qu'il suffit de 21 jours pour que notre cerveau trace les routes d'une nouvelle habitude). J'essaie une nouvelle habitude par mois :

- Janvier : carnet des 3 kifs
- Février : suppression de Facebook et Instagram... sur le téléphone
- Mars : j'hésite : challenge méditation sur 30 jours ou suppression des consommations de sucre inutiles ?

Et après ? Après j'aurai certainement d'autres idées...

12 février 2023

Cassignas

J'ai retrouvé la grande maison de Guilou, les petites boutiques désuètes d'Agen (dont le Casaquin Doré, boutique de confection probablement échappée d'un film de Jacques Demy), mangé du confit de canard, marché au soleil le long du Canal du Midi et dans la campagne environnante : grand ciel bleu, air pur, horizon dégagé, pas un bruit, à se demander comment nous pouvons vivre si loin de tout cela...

A gauche mon moment préféré lorsque je suis là-bas : ouvrir les volets sur le soleil qui se lève entre les branches du grand cèdre...

J'ai fait la connaissance de Twist, le loulou de Poméranie (un genre de micro-renard-hérisson, quelques grammes de chien et beaucoup de poils), et accueilli César et Rosalie, coq et poule de leur état (pour les œufs, il faudra attendre leur acclimatation dans leur nouveau poulailler). 

Et aussi dégusté un curry végétarien préparé par un jardinier très cultivé pour son amante anglaise - aussi excentrique qu'alcoolique, en compagnie d'un improbable Christ barbu et chevelu qui aurait eu le temps de sérieusement grisonner et d'affuter un regard indulgent mais amusé sur l'espèce humaine (un ancien travailleur social, ça aide). Le tout dans une petite maison de conte de fées - pierre, bois, trois chats et un poêle ronflant. J'adore.

Et bavardé de longues heures devant la cheminée, un verre de bon vin à la main. Une conversation ininterrompue lorsque nous sommes ensemble, intermittente lorsqu'un océan nous sépare, mais toujours reprise comme si c'était la veille. Les amours, les enfants, les projets, les découvertes : ça aussi, j'adore.

06 février 2023

Wanderlust

Et voilà, on invite des voyageurs du bout du monde, on échange sa maison, et quelques années plus tard on a un grand qui part à son tour dans le vaste monde... et c'est formidable, même si c'est un peu angoissant pour la maman. Go go go Léo ! (la suite montrera que la vie c'est ce qui arrive quand on avait prévu autre chose, comme le disait Jeanne Moreau : retour express pour cause d'opportunité professionnelle exceptionnelle.)

03 février 2023

Points communs

Avec ou sans majuscules : ce matin j'ai donné un coup de main à Louis, dans ma librairie coopérative favorite. Sur le papier c'est - ouvrir des cartons, scanner des commandes, ranger des bouquins. Sur le terrain c'est - deux heures de discussion lectures tous azimuts avec un jeune libraire passionné de littérature, de BD, de politique, de cinéma, repartir avec un roman acheté et un essai offert que j'ai ensuite partagé avec Léo, merci le service de presse, absolument enchantée.

La semaine précédente c'était atelier cuisine avec Entissar et son fils, étudiant, théâtreux et photographe - même richesse d'échanges sur les intérêts et les chemins de vie, et le plaisir de faire de mes mains. Décidément, c'est un lieu-ressource, et l'opportunité de belles rencontres - et exactement ce que je recherchais - surtout rien de psy ni de mental, juste des tâches simples et la joie de participer à un beau projet collectif. Quasi un atelier thérapeutique pour moi, et comme le disait Marion : le don, c'est bon !