Freud, qui étudiait le comportement dilatateur des insectes, estimait que l’hystérie était plus intéressante dans les manifestations cliniques sans cause. C’est là où il est fabuleux : il cherche une cause lorsqu’elle n’est pas médicale. Il renverse la donne du sens, de la signification par rapport à la clinique. L’Anglais Donald Winnicott reprend cela à merveille lorsqu’il explique la différence entre un pédiatre et un pédopsychiatre. Le pédiatre trouve un symptôme. Il lui en faut un deuxième. Un troisième. C’est un syndrome. D’où diagnostic et traitement. Le pédopsychiatre, lui, ne doit pas s’intéresser au symptôme pour, éventuellement, en saisir le sens. Imaginez les 180 degrés de cette pensée ! (...)
De nombreux internes penchent pour le cognitivo-comportementalisme, qui a l’avantage de l’immédiateté et de l’efficacité. Mais il ne faut pas désespérer qu’ils se mettent à réfléchir. Je vais être basique et m’en excuse par avance. Imaginez que vous soyez avocat, que vous travailliez à Wall Street. Vous avez peur de l’ascenseur. On monte avec vous jusqu’à votre étage. Bravo ! Mais la question reste posée : pourquoi avez-vous eu peur ? « Are you OK ? - I am OK ! » Tel est le comportementalisme, qui répond à notre impulsivité, notre rapidité.(...)
Plutôt que la neutralité bienveillante de mes confrères et amis psychanalystes, j’ai plutôt glissé vers une empathie sensible. Sans être dans une position démagogique, ou d’érotisation, je suis très intéressé par ce que me raconte l’enfant. J’ai même établi un standard particulier dans ma pratique : quand il quitte mon bureau, j’écris 20 lignes de résumé sur ce que j’ai vécu. Non pas compris, mais vécu. Puis, lorsqu’il revient, après les avoir relues, je lui parle de ce que j’ai éprouvé en le voyant. L’enfant y est sensible : il n’est pas qu’en consultation, je suis aussi en examen de ma propre sensibilité par rapport à lui. Certains hurleront à la séduction et à la manipulation, mais ce serait tragiquement réduire la portée de la chose.
Si vous vous trouvez face à un psychiatre à l’air peu concerné dont le dialogue tient en quelques phrases stéréotypées, du genre : « Poursuivez... Allez plus loin dans vos pensées... Quel est le sens de votre démarche ?», vous quitterez bien vite son cabinet. L’empathie est essentielle dans la rencontre.
Marcel Rufo, interview
L'article complet : là.
De nombreux internes penchent pour le cognitivo-comportementalisme, qui a l’avantage de l’immédiateté et de l’efficacité. Mais il ne faut pas désespérer qu’ils se mettent à réfléchir. Je vais être basique et m’en excuse par avance. Imaginez que vous soyez avocat, que vous travailliez à Wall Street. Vous avez peur de l’ascenseur. On monte avec vous jusqu’à votre étage. Bravo ! Mais la question reste posée : pourquoi avez-vous eu peur ? « Are you OK ? - I am OK ! » Tel est le comportementalisme, qui répond à notre impulsivité, notre rapidité.(...)
Plutôt que la neutralité bienveillante de mes confrères et amis psychanalystes, j’ai plutôt glissé vers une empathie sensible. Sans être dans une position démagogique, ou d’érotisation, je suis très intéressé par ce que me raconte l’enfant. J’ai même établi un standard particulier dans ma pratique : quand il quitte mon bureau, j’écris 20 lignes de résumé sur ce que j’ai vécu. Non pas compris, mais vécu. Puis, lorsqu’il revient, après les avoir relues, je lui parle de ce que j’ai éprouvé en le voyant. L’enfant y est sensible : il n’est pas qu’en consultation, je suis aussi en examen de ma propre sensibilité par rapport à lui. Certains hurleront à la séduction et à la manipulation, mais ce serait tragiquement réduire la portée de la chose.
Si vous vous trouvez face à un psychiatre à l’air peu concerné dont le dialogue tient en quelques phrases stéréotypées, du genre : « Poursuivez... Allez plus loin dans vos pensées... Quel est le sens de votre démarche ?», vous quitterez bien vite son cabinet. L’empathie est essentielle dans la rencontre.
Marcel Rufo, interview
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