Je suis parfois saturée de la souffrance et de la folie d'autrui - mais il suffit souvent d'un entretien pour me rendre la flamme, me redonner l'envie. Ai reçu en fin de matinée un couple assez sérieusement déglingué - individuellement et dans la relation, elle logorrhéique, destructrice, et relativement hors réalité - lui presque mutique, déjà ailleurs. Et puis, il y a eu ce petit moment de grâce où l'homme - un grand black placide mais un peu inquiétant, a profité de l'espace que je lui ouvrais pour prendre la parole, au sens fort du terme.
Une parole pleine, habitée, posée, pour dire, voilà, ça je ne te l'ai jamais dit, et exprimer une souffrance profonde, qui lui a arraché des larmes - ce qui ne doit pas lui arriver souvent - quant à sa place dans sa famille d'origine, garante pour lui de sa valeur personnelle, et la façon dont il avait le sentiment que sa compagne s'y était attaquée.
S'en est suivi un silence d'une densité remarquable - d'un seul coup, la machine à griefs s'était arrêtée, chacun enfin seul avec lui-même plutôt que dans une lutte à mort - et peut-être, peut-être, avec une chance de considérer enfin la souffrance de l'autre...
Une parole pleine, habitée, posée, pour dire, voilà, ça je ne te l'ai jamais dit, et exprimer une souffrance profonde, qui lui a arraché des larmes - ce qui ne doit pas lui arriver souvent - quant à sa place dans sa famille d'origine, garante pour lui de sa valeur personnelle, et la façon dont il avait le sentiment que sa compagne s'y était attaquée.
S'en est suivi un silence d'une densité remarquable - d'un seul coup, la machine à griefs s'était arrêtée, chacun enfin seul avec lui-même plutôt que dans une lutte à mort - et peut-être, peut-être, avec une chance de considérer enfin la souffrance de l'autre...