09 janvier 2011

Reconnaissance

Ca reste gravé au plus profond de vous, dans un endroit très secret que vous êtes la seule à connaître, un endroit qui parfois vous fait du mal, parfois du bien. Ca dépend des jours. Ca dépend de la mélancolie des jours (...).

Les vies sont si fragiles, si incertaines. On croit parfois leurs fondations solides, on s'émerveille du chemin parcouru, puis, comme ça, soudainement, pour un éblouissement, elles volent en éclats, se fracassent contre un rêve. Qui peut se prémunir de ça ? Qui peut se croire assez fort pour ne jamais chuter, pour ne pas désirer céder à ce qui instant l'a fait défaillir (...)?

...je me sens pourtant si proche de cette enfant un peu perdue, un peu effrayée, qui tout à coup pour un rien, pour un peu de blanc, un peu de féérie, est rendue à la vie. Je me demande s'il en est de même pour les autres, si toutes les vies n'ont pas besoin de se laisser griser pour se délivrer de la peur, l'espace de quelques instants du moins, pour savoir qu'elles sont au monde, vibrantes, éphémères, magnifiques.

Laurence Tardieu, Un temps fou

Je ne sais pas encore comment ce livre se poursuit. Mais j'en ai lu assez pour en reconnaître la petite musique, qui est celle qui m'habite aussi - une écriture qui cherche à retenir ce qui nous glisse entre les doigts, à cerner l'invisible. Une écriture vacillante et volontaire, au plus près de ce nous ce que nous sommes : vibrants, éphémères, magnifiques.