29 janvier 2019

Refuges

Ces lieux anonymes et chaleureux à la fois, cafés parisiens plus ou moins revisités par des décorateurs fashion mais vides à ces heures de la journée, qui servent du vrai chocolat chaud ou du thé en vrac dans des espaces aux teintes douces - des bistrots fantasmés, confortables, protecteurs. 

Ces lieux où je traîne mon coeur quand il devient trop gros, me renvoie cette douleur physique familière, presque amicale, qui m'accompagne à intervalles réguliers depuis si longtemps. 

Ces lieux où je ne suis personne, et brièvement non pas invulnérable, mais bercée, lieux qui me sont une sauvegarde ou un garde-fou, une respiration nécessaire - un moment d'absence possible, un répit, une grâce. "Je n'y suis pour personne" - sauf pour moi, habitant dans l’espace d'une seule minute toute une vie libre et rêvée, sans autre urgence que l'écriture ou l'observation des passants de la grande ville.

Ces lieux dans lesquels je me sens plus chez moi que chez moi parfois, car désencombrée de tout  y compris de moi-même - lieux sans angoisse et sans combats - mes résidences secondaires.