Le souci à travailler avec ceux-là - et je travaille souvent avec eux, ce qui n'a rien d'un hasard, c'est qu'il n'est possible de rien leur cacher. Comme cette élève infirmière qui s'est assise devant moi ce matin, et a commencé direct par - Je sais que ce n'est pas ma place de vous demander ça, mais j'ai l'impression que vous n'allez pas très bien ?
Yup. A lire beaucoup sur ces questions - pour Elsa et pour mes patients, je me dis que je ne suis en fait pas différente d'eux. Juste un peu plus âgée, avec des stratégies de défense un peu plus solides, une capacité acquise à littéralement oublier à quel point un mot malheureux peut me blesser, un détail anodin faire resurgir un chagrin intact, mais aussi à quel point un hasard poétique, un rayon de soleil sur un visage, un geste délicat peuvent m'enchanter.
J'ai juste appris à faire semblant, y compris pour moi-même. A endosser le costume de la G.O, de celle qui tient les choses et se tient elle-même, celle qui anticipe, organise, réalise. Je suis celle-là aussi. Je suis également celle qui prétend que ce que je vis depuis des années, la fin de notre famille, la souffrance d'Elsa, le suicide d'Hugo, la précarité professionnelle, n'est pas insupportable. Mais qui consacre tellement d'énergie à maintenir le barrage qu'elle n'a plus d'espace pour être - simplement être.
Évidemment j'ai le sentiment de m'y perdre, de vivre trop souvent trop loin de ce que je suis. M'interroge sur cette part parfois écorchée, parfois exaltée, qui demande à la vie d'être bigger than life et s'y cogne sans cesse, cette part qui ne renonce à rien, ni au passé pourtant révolu ni aux lendemains qui chantent, mon insistante petite Antigone intérieure :
Vous me dégoûtez tous avec (...) votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu'ils trouvent. Et cette petite chance pour tous les jours, si on n'est pas trop exigeant.
Cette part où la créativité le dispute à la violence, la vitalité au désespoir. Cette part que l'adulte tait, et que mes proches ignorent la plupart du temps, ou considèrent comme un discret grain de folie, qui fait mon charme sans porter à conséquence car comme dans la chanson de Lynda Lemay, globalement, " bravo, je suis grande, je suis raisonnable, je donne l'exemple, je suis responsable..."
Cette part qui en ce moment et pour un oui ou pour un non affleure sous ma peau, déborde en chagrin ou en colère, et secoue mes rêves. Cette part qui n'est autre que moi.
Yup. A lire beaucoup sur ces questions - pour Elsa et pour mes patients, je me dis que je ne suis en fait pas différente d'eux. Juste un peu plus âgée, avec des stratégies de défense un peu plus solides, une capacité acquise à littéralement oublier à quel point un mot malheureux peut me blesser, un détail anodin faire resurgir un chagrin intact, mais aussi à quel point un hasard poétique, un rayon de soleil sur un visage, un geste délicat peuvent m'enchanter.
J'ai juste appris à faire semblant, y compris pour moi-même. A endosser le costume de la G.O, de celle qui tient les choses et se tient elle-même, celle qui anticipe, organise, réalise. Je suis celle-là aussi. Je suis également celle qui prétend que ce que je vis depuis des années, la fin de notre famille, la souffrance d'Elsa, le suicide d'Hugo, la précarité professionnelle, n'est pas insupportable. Mais qui consacre tellement d'énergie à maintenir le barrage qu'elle n'a plus d'espace pour être - simplement être.
Évidemment j'ai le sentiment de m'y perdre, de vivre trop souvent trop loin de ce que je suis. M'interroge sur cette part parfois écorchée, parfois exaltée, qui demande à la vie d'être bigger than life et s'y cogne sans cesse, cette part qui ne renonce à rien, ni au passé pourtant révolu ni aux lendemains qui chantent, mon insistante petite Antigone intérieure :
Vous me dégoûtez tous avec (...) votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu'ils trouvent. Et cette petite chance pour tous les jours, si on n'est pas trop exigeant.
Cette part où la créativité le dispute à la violence, la vitalité au désespoir. Cette part que l'adulte tait, et que mes proches ignorent la plupart du temps, ou considèrent comme un discret grain de folie, qui fait mon charme sans porter à conséquence car comme dans la chanson de Lynda Lemay, globalement, " bravo, je suis grande, je suis raisonnable, je donne l'exemple, je suis responsable..."
Cette part qui en ce moment et pour un oui ou pour un non affleure sous ma peau, déborde en chagrin ou en colère, et secoue mes rêves. Cette part qui n'est autre que moi.