J'ai toujours beaucoup aimé cette phrase ; j'ai ressenti ce souffle à deux reprises cette semaine, sous deux formes très différentes, mais qui l'une et l'autre interrogent notre rapport à ce qui nous dépasse...
Chez ce patient, scientifique de haut niveau, modèle de rationalité, qui a perdu son père très jeune et s'est vu offrir pour son anniversaire (et à l'âge auquel son père est décédé) une troublante visite chez un medium, qui s'est de surcroît déroulée entre deux étranges "coïncidences". Au moment où il partait pour se rendre au rendez-vous, il a croisé un motard roulant sur la même moto que son père (un modèle ancien donc, qu'on ne voit plus nulle part) ; quand il en est revenu, le motard, qui n'habite pas son quartier, repartait...
Chez cette autre, jeune infirmière qui a pris la vague du COVID en service de réanimation, puis est partie faire une retraite de yoga dans les montagnes - ce qui représentait un énorme challenge pour elle (groupe inconnu, pratique récente, rupture avec ses repères habituels). Et qui m'appelle en larmes, non de chagrin mais d'émotion : elle est restée là-bas, en se mettant au service de la communauté. Elle pleure, mais de bonheur, en disant que c'est la première fois qu'elle se sent baignée dans l'Amour, et dans une vie simple qui a du sens pour elle. Elle hésite à rentrer à Paris, à continuer à contribuer à un système de soins de plus en plus déshumanisé et maltraitant, pour les soignants comme pour les soignés. Sa joie me bouleverse, ses interrogations aussi...
En aucun cas je n'ai envie de ramener leurs témoignages à des concepts cliniques, et moins encore à de la pathologie, même si je connais les fragilités de l'un et de l'autre. J'ai plus envie de me faire toute petite devant le mystère...