Ce qui a fait un trou à mon âme, est l'absence dans votre discours du mot culture (...). Nous sommes indispensables à l'âme humaine, nous aidons à la soigner (...). Aujourd'hui je suis perdue. Je sais, je veux le croire, les lieux de culture ouvriront à nouveau et on pourra retourner dans les librairies acheter un livre qu'on glissera dans sa poche comme un porte-bonheur, un porte-vie. Mais hier soir quelque chose s'est brisé dans mon coeur, je ne sais pas bien quoi - peut-être, l'espérance. Et c'est terrible pour moi. (...) Je voulais juste que vous mesuriez avec cet oubli, combien vous avez écorché les rêves de ceux qui font rêver, et se sentir vivants.
Ariane Ascaride, lettre ouverte au Président de la République, lue dans Boomerang ce matin.
Plusieurs fois en larmes à l'écoute d'Inter ce matin : bouleversée par la colère froide de Sfar, le déchirant suicide de Juliette restitué par la danseuse étoile Léonore Baulac, et enfin la lettre d'Ariane Ascaride. Car tout fait écho, résonne double pour moi ici, la souffrance d'un monde qui me berce, me nourrit et m'inspire depuis toujours, qui m'est une respiration essentielle en effet, et le garant de ce que nous appelons encore civilisation ; et ma propre souffrance, qui pourrait se dire à travers tous les mots d'Ariane, à commencer par ceux-ci : Aujourd'hui, je suis perdue (...) - quelque chose s'est brisé dans mon coeur. Et cette sensation, que oui, il y a un après, je sais, je veux croire, mais - quelque chose est brisé.