Je me souviens du bruit que fait le cœur
quand il s’effondre à l’intérieur :
il n’explose pas, il ne déborde pas,
non,
il se fend au milieu puis il tombe,
cœur rompu en plein cœur,
ça ressemblerait presque
à une plaque de glace affaiblie par le soleil.
Les morceaux chutent comme ceux d’une fenêtre brisée :
personne ne les ramasse, on les laisse au même endroit,
le temps les couvre de mousse, de terre et d’images du bonheur.
Je fais ma vie en évitant de laisser les visiteurs
piétiner ce qu’il reste de moi-même :
je ne serai jamais solide comme un roc
mais plutôt comme une fleur.
Je cherche dans les livres, dans la mémoire des êtres silencieux,
comment continuer, malgré tout.
Avec des mains froides qui savent réchauffer.
Avec des mots terribles qui savent se coucher
pour veiller sur un sommeil
où les rêves font ce qu’ils veulent
de la beauté.
Continuer malgré tout :
maladies et morts sont déjà venues et viendront encore
dans les rues vides, les chambres étroites et les familles unies,
ces choses nous surprennent toujours quand nous les pensons loin
alors qu’elles cheminent avec nous, main dans la main.
Je me souviens du bruit que fait le cœur
quand il se rassemble dans l’ombre de la poitrine :
le silence.
Et soudain, le merle gris,
les grands yeux doux,
l’odeur des mandarines.
Cécile Coulon