Pour des raisons autant personnelles que professionnelles, j'ai croisé nombre de psys dans ma vie. Mais avec cet homme, il y a une histoire particulière, une petite musique qui fait que je suis retournée lui parler à diverses époques de ma vie. Le première période date d'avant mon mariage ; il y en a eu une seconde dans les tumultes du Cifp ; une troisième longtemps après la séparation d'avec David, mais je n'arrive plus à la situer précisément dans le temps.
Certaines de ses phrases m'ont marquée, nourrissent la personne et la thérapeute que je suis, par exemple, celle-ci. Hier, je la devinais ; aujourd'hui, je la comprends. J'ai eu envie d'aller le lui dire, et de le remercier. Et de lui dire aussi - à ce jour je vais bien.
C'était émouvant de refaire ce trajet, de retrouver le lieu - et aussi cette qualité de silence, de présence. De constater que nos chemins d'être convergeaient - mais je pense que cela était écrit, d'une certaine façon, dès la première rencontre.
Il a été question d'une authenticité qui ne part plus de la blessure, des autres plans de la réalité (d'où est-ce que je parle, quand je parle ?), d'être dans notre métier des passeurs, qui doivent s'effacer. De notre incompréhension navrée devant les querelles de chapelle, de la multiplicité des chemins possibles pour accompagner l'humain. De la nécessité, maintenant que j'ai un "chez-moi-maison", d'avoir un "chez-moi-professionnel", idéalement dans un lieu mais d'abord intérieurement, comment trouver des moyens de soutenir l'ouverture de conscience de ces dernières années. De "garder ma lumière allumée", comme l'écrivait Loïc Lantoine.