12 avril 2019

Exception

Dans la littérature comme dans les récits de patients, les beaux-pères et belles-mères ont rarement le beau rôle. Et chez cette petite Africaine ballottée d'abord entre différents membres de sa famille au Cameroun, puis parachutée en France à 6 ans avec un beau-père blanc et une mère auprès de laquelle elle n'avait pas grandi, je ne m'attendais pas à ce que cela fasse exception. Aussi je me suis fait cueillir par sa petite phrase au sujet de cette période - la mère s'est séparée de lui lorsqu'elle avait douze ans : "C'est l'enfance que j'aurais voulu avoir plus longtemps".

Le beau-père s'est occupé d'elle, lui a donné les clés et les codes de la France, l'a emmenée au musée, au cinéma, a d'abord refusé un nouvel enfant parce que cette petite fille lui suffisait - et de fait, c'est la naissance de ce nouveau bébé auquel il n'était pas favorable qui a précipité la fin du couple. Il s'est occupé des deux filles pendant que la mère travaillait tout en suivant une formation : les nuits, les week-ends, les vacances. Et : "C'est l'enfance que j'aurais voulu avoir plus longtemps". J'ai trouvé ça beau. Ai suggéré à la jeune femme de le lui dire, à ce beau-père. Que tout ce qu'il avait donné, avait été reçu.