J'aime les monstres, je crois. Celui-là, beaucoup, depuis toujours. Et ce livre, aussi - trop de phrases qui me parlent de coeur à coeur, une langue qui est la mienne aussi et qui trouve si peu de place dans le terre-à-terre, le quotidien, l'utilitaire. Il parle de cela aussi, de la médiocrité, du bruit omniprésent, de l'absence de la grâce ou de la poésie dans ce monde dit réel - de la nécessité de faire silence pour les créer, ou les (re)trouver. De s'extraire - de voyager. Dans l'espace, dans la rencontre sensible ou dans les mots. De prendre le temps d'écouter, de ressentir, notre part d'ombre comme notre part de lumière. De laisser la place au désir.
"On est tellement abasourdi, sans arrêt, par toutes les choses qui sont contre la vie. Si on les laisse nous envahir, on se ferme, il ne nous arrive plus rien. On ne fait plus qu'un avec ces saloperies, on devient chiant pour les autres comme pour soi-même (...). On en oublierait presque qu'on a un coeur qui bat, du sang chaud dans les veines, qu'on est fait pour être et désirer. C'est dans ces moments-là qu'il faut savoir faire le vide, le propre. Ne pas se réduire à ses refus mais au contraire se faire le plus large possible, retrouver cette innocence qui, seule, peut nous donner la grâce. Cela n'a rien à voir avec la volonté. La volonté m’emmerde, elle m'enraye. C'est juste une question de désir. Ce désir qu'il faut aller chercher au-delà de tout ce qui nous pèse et qui nous encombre. Lui seul peut nous ramener à la vie."