Trop de perfection incite à la paresse : zone de nav' parfaite, météo parfaite, équipage parfait... ce n'est pas demain que je vais me coller à nouveau aux eaux froides, aux courants et aux traîtres cailloux de la Bretagne... qu'espérer de mieux que ce rendez-vous annuel, jamais décevant, toujours différent, dans la lumière des îles d'Hyères ? Une eau un peu plus chaude, la prochaine fois ? Deux ou trois dauphins joueurs ? Il faut bien de nouvelles raisons de revenir.... et la nature offre chaque fois de nouvelles raisons de s'émerveiller - ici, un double arc-en-ciel, dont l'un parfaitement circulaire au-dessus de nos têtes - une lumière de fin ou de début du monde.
Arrivée épuisée, j'en suis repartie - pas moins épuisée en fait, malgré les siestes à bord, mais en équilibre à nouveau, le coeur et l'esprit lavés des histoires trop lourdes des patients, des émotions résiduelles qui s'infiltrent et usent lentement, et de mes propres soucis des derniers mois. Une détox de l'âme en quelque sorte ! Le droit à une respiration, à une parenthèse - sans responsabilité autre que celle de soi-même, pas de famille, pas de travail, et même plus de patrie autre que ces quelques mètres carrés flottants, cette petite communauté humaine éphémère, rieuse et touchante.
Il y a tellement de joies simples qu'on oublie - contempler un coucher de soleil, prendre une bonne douche chaude au port, écouter le bruit des vagues contre l'étrave... découvrir chaque année des lieux nouveaux à terre aussi - cette fois, la fondation Carmignac, tout aussi aussi magique que la fondation Maeght à Saint-Paul de Vence. Une architecture au service des œuvres, et qui se confond avec la nature, de grands espaces lumineux, épurés, un écrin de blancheur dans un écrin de verdure. J'adore aussi lorsque l'art contemporain se fait ludique, comme au Palais de Tokyo : ici un labyrinthe de miroirs dans une bambouseraie (le mot existe, j'ai vérifié), une marche dans le noir, du talc jusqu'aux genoux (infiniment sensuel, j'étais à deux doigts de me rouler dedans).
De tous mes stages de voile, celui-ci aura été le moins voileux pour moi - envie et besoin de me laisser porter. Avec quand même le plaisir de constater que certains automatismes sont acquis, et qu'il n'y a plus guère que les manœuvres de port qui m'inquiètent encore. Non le vrai cadeau cette fois aura été un équipage plus chaudoudoux que nature, une pochette-surprise improbable et complémentaire : une gamine pêchue et débrouille au rire communicatif, un ingénieur discret mais attentif et attentionné, un "génération 56" aux cent vies mais au coeur tendre, ma cousine chérie et bien sûr Yves (un autre 56 ;-)), dont la bienveillance permet sécurité et partage. C'était chouette d'avoir deux grands conteurs à bord ! Et autant d'authenticité, dès nos premiers échanges.
Ce matin j'écoutais Lelouch dire, "Le coucher de soleil est intéressant mais ce qu'il y a de plus intéressant, c'est ceux qui le regardent - le coucher de soleil dans les yeux, il est encore plus beau - je veux dire que j'adore la nature, mais je préfère encore le genre humain." Voilà - moi ce que j'aime dans le bateau c'est aussi, beaucoup, l'humain.
Arrivée épuisée, j'en suis repartie - pas moins épuisée en fait, malgré les siestes à bord, mais en équilibre à nouveau, le coeur et l'esprit lavés des histoires trop lourdes des patients, des émotions résiduelles qui s'infiltrent et usent lentement, et de mes propres soucis des derniers mois. Une détox de l'âme en quelque sorte ! Le droit à une respiration, à une parenthèse - sans responsabilité autre que celle de soi-même, pas de famille, pas de travail, et même plus de patrie autre que ces quelques mètres carrés flottants, cette petite communauté humaine éphémère, rieuse et touchante.
Il y a tellement de joies simples qu'on oublie - contempler un coucher de soleil, prendre une bonne douche chaude au port, écouter le bruit des vagues contre l'étrave... découvrir chaque année des lieux nouveaux à terre aussi - cette fois, la fondation Carmignac, tout aussi aussi magique que la fondation Maeght à Saint-Paul de Vence. Une architecture au service des œuvres, et qui se confond avec la nature, de grands espaces lumineux, épurés, un écrin de blancheur dans un écrin de verdure. J'adore aussi lorsque l'art contemporain se fait ludique, comme au Palais de Tokyo : ici un labyrinthe de miroirs dans une bambouseraie (le mot existe, j'ai vérifié), une marche dans le noir, du talc jusqu'aux genoux (infiniment sensuel, j'étais à deux doigts de me rouler dedans).
De tous mes stages de voile, celui-ci aura été le moins voileux pour moi - envie et besoin de me laisser porter. Avec quand même le plaisir de constater que certains automatismes sont acquis, et qu'il n'y a plus guère que les manœuvres de port qui m'inquiètent encore. Non le vrai cadeau cette fois aura été un équipage plus chaudoudoux que nature, une pochette-surprise improbable et complémentaire : une gamine pêchue et débrouille au rire communicatif, un ingénieur discret mais attentif et attentionné, un "génération 56" aux cent vies mais au coeur tendre, ma cousine chérie et bien sûr Yves (un autre 56 ;-)), dont la bienveillance permet sécurité et partage. C'était chouette d'avoir deux grands conteurs à bord ! Et autant d'authenticité, dès nos premiers échanges.
Ce matin j'écoutais Lelouch dire, "Le coucher de soleil est intéressant mais ce qu'il y a de plus intéressant, c'est ceux qui le regardent - le coucher de soleil dans les yeux, il est encore plus beau - je veux dire que j'adore la nature, mais je préfère encore le genre humain." Voilà - moi ce que j'aime dans le bateau c'est aussi, beaucoup, l'humain.