30 janvier 2023

Il y a trois ans...

...quelqu'un que j'aimais beaucoup m'avait offert, en guise de cadeau d'anniversaire, une consultation chez un voyant. Choix que je n'aurais jamais fait par moi-même. Quand je relis l'enregistrement aujourd'hui, je suis assez bluffée (même s'il a fallu un peu de temps ;-))... Extraits :

"J'aime les gens amoureux, ça vous va bien. Vous n'imaginez même pas comment ça vous va bien : on s'en rappelle même plus (…) L'image d'un homme homme – quelqu'un que vous connaîtriez déjà ?(…) Amour gloire et beauté : travaux dans une nouvelle maison, finances OK, Peut-être vous travaillerez là aussi (…). Un mec qui dit éventuellement je sais pas faire mais dis-moi, et je suis là (…). Ça sera pas une rencontre cérébrale ce sera une rencontre affective. Le cœur qui bat des deux côtés, vous allez voir tout ce qu'on transforme. Quelqu'un sur qui tu peux t'appuyer, compter, qui sait ce que c'est qu'une paternité, qu'une maison à gérer, la vie... (...)

Déménagement, la gamine vous suit, il y a un homme dans la maison, vous y travaillez... c'est chouette ! Moi j'aime bien, je suis un peu fleur bleue j'aime bien les happy ends. Quand les choses marchent en voyance c'est quand les gens se bougent. Et vous vous êtes une femme qui bougez, qui prend les choses en main, c'est ce qui va vous sauver. Et en cadeau : je veux qu'on m'aide et être épaulée et avec le cœur qui bat – la décision que vous allez prendre c'est la bonne."

Air-Bag

En supervision, je râle après la perte de temps voire la perte de chances que peut représenter, pour un patient, un premier contact avec un psychanalyste caricatural qui l'abandonne à la solitude du divan et se contente de faire hum hum, ce sera tout pour aujourd'hui, au revoir. Et j'aime bien la réponse de mon interlocutrice qui me dit, moi quand je les vois arriver après une première mauvaise expérience, je ne ressens pas de colère, mais de la joie devant l'élan qui pousse cette personne à continuer à chercher de l'aide, à garder foi en la possibilité d'une parole. 

De la même façon, lorsque je lui partage mon ras-le-bol d'avoir parfois le sentiment d'éponger toute la misère du monde, elle me renvoie aussi à la joie de voir dans le long terme émerger la vitalité, la créativité chez les patients, et la façon dont cela sollicite aussi ces dimensions chez le thérapeute. Et je suis d'accord, bien sûr !

C'est juste qu'actuellement... je suis un peu fatiguée. 

28 janvier 2023

Des sorcières comme les autres

Un cercle de femmes, un lieu et un temps hors lieu, hors temps, si loin de nos quotidiens, pour plonger dans nos profondeurs, explorer nos questions, et trouver les réponses que nous n'attendions pas (quel privilège). De ce temps je ramène un lien paisible avec le masculin - en moi et en l'autre, et l'envie de prendre davantage soin de mon féminin - de la possibilité d'être fragile, du droit d'être vulnérable, une invitation à la douceur, à la lenteur pour moi-même. Si la précédente rencontre m'avait invitée à dire oui, peut-être celle-ci me suggère-t-elle d'apprendre à dire non - à m'arrêter quand je suis fatiguée, comme je le fais actuellement, à refuser les sollicitations, à prendre et à faire prendre en compte ce dont j'ai besoin ?

Cruche et fière de l'être !

Ce matin, j'ai eu l'insigne honneur d'être invitée dans le groupe des cruches, dont voici le manifeste :

 L’art  d’être une cruche 

La cruche expose sa rondeur et sa stabilité. Certaines masquent leur contenu  comme celles en terre permettant maturation dans leur ventre abrité dans l’ombre, tandis que d’autres laissent la lumière traverser leur corps de verre exposant leur intérieur en toute transparence et infusant ainsi la clarté céleste.

La cruche a une grande ouverture. Ouverture à ce qui peut la remplir. Son espace intérieur accueillant sans réserve ce qui vient la remplir, parfois même à en déborder. La cruche distribue avec générosité ce qu’elle a reçu sans déverser à tort et à travers grâce à son bec verseur courbé de douceur et à sa poignée qui la rendent ergonomique et saisissable.

La cruche est concave et non vide, réceptacle de fluides nourrissants. Elle a cette capacité à reverser ce qui l’a remplie pour se remplir à nouveau et redistribuer légèrement imprégnée de ce qui l’a déjà traversée, infusant à son tour tel un tonneau ancien redistribuant un peu de ses essences.

Sa stabilité donne un socle solide aux fluides instables. Elle est contenante mais non « retenante ». La cruche se doit d’être ouverte, prête à accueillir généreusement ; si elle fermée hermétiquement, elle n’est plus cruche, elle devient un pot plein de vide, ou bien remplie sans espace intérieur. Ce n’est plus une cruche.

Grande ou petite, la cruche a des formes et tailles diverses mais toutes ont en commun aussi la simplicité. 

Tellement cruche !

Annabelle C.

18 janvier 2023

Communs

Points communs, c'est le nom de la librairie coopérative, et le Pot commun, c'est le nom du tout récent café associatif adjacent. Au programme, des lectures et des rencontres, mais aussi des jeux de société, des expos, des conférences, de la musique, un prix jeunesse - et pour le café, restauration bio, circuits courts, cafés suspendus, espace coworking - bref, tout pour me plaire.

Ce matin, j'y ai fait ma première matinée de bénévolat, et je me suis régalée, dans tous les sens du terme : j'ai épluché des choux de Bruxelles avec José, un autre bénévole sympa, appris à faire des baklavas avec Entissar, la chef cuisinière syrienne, et joué à la restauratrice en préparant la vitrine de desserts et en en dressant les tables. C'était joyeux, léger, un parfait antidote à l'immobilité et au tout-dans-le-mental de mon métier. Faire de mes mains, rencontrer des gens du coin animés par les mêmes choses, j'ai déjà envie d'y retourner ! La prochaine fois, je donne un  coup de main à la librairie. 

17 janvier 2023

Gracias a la vida

...que me ha dado tanto...

En ce début d'année, je me suis entendue recommander à une patiente le concept des 3 kifs par jour (Florence Servan-Schreiber), ou "trois questions pour une vie heureuse" en thérapie brève (Luc Isbaert) - ça fait tout de suite plus sérieux. Et puis je me suis dit que je pourrais être tentée d'en faire l'expérience moi aussi, et j'ai commencé un petit carnet au premier janvier. 

- qu'est-ce que j'ai fait aujourd'hui dont je peux être satisfait ?
- qu'est-ce que quelqu'un d'autre a fait pour moi dont je peux être satisfait ?
- et quoi d'autre m'a fait plaisir aujourd'hui ?

Le point sympathique c'est qu'il peut s'agir de très petites choses - le sourire d'un inconnu, l'arrivée du métro pile quand on entre sur le quai, le chat qui vient ronronner sur vos genoux - ou de plus grandes, et qu'en exerçant son regard on se rend vite compte qu'il y en a beaucoup plus que trois par jour. J'aime particulièrement la deuxième, qui invite à travailler la gratitude.

Après deux semaines d'observation, je ne peux que constater, ou plutôt, confirmer : l'amour, l'amitié, la gentillesse, les grandes discussions, les petites attentions, mon métier, les livres (les mots en général), le chant, les projets même très modestes (acheter enfin un petit congélateur sur le Bon Coin, prendre des billets pour quelques jours à la campagne en février) sont d'inépuisables et récurrents pourvoyeurs de kifs.

15 janvier 2023

Trop long...

Mi-janvier déjà ? Aujourd'hui j'ai lu la fiche CPAM sur le Covid long : fatigue massive et fluctuante, toux, essoufflement, vertiges, douleurs oculaires, douleurs musculaires, troubles du sommeil et de la digestion, de la mémoire et de la concentration : ah ben c'est peut-être ça tous ces petits bobos qui s'accumulent, et l'épuisement qui s'aggrave... la bonne nouvelle, c'est que ça passe. La mauvaise, c'est qu'il faudrait s'arrêter, se reposer, ce qui n'est pas complètement possible... à voir.

En tout cas, ça explique cette sensation de tunnel anxieux depuis plusieurs semaines, et pourquoi je suis submergée par la parole des patients dès le début de mes journées, et cette envie de pleurer dès que je vois la moindre contrainte s'ajouter à celles qui sont incontournables. Vivement le printemps !