23 octobre 2024

Submergée

Mais – il y a une part incontrôlable dans ce chagrin. Un truc enfantin, viscéral, quelque chose du tout-petit qui panique, un arrachement – un chagrin déraisonnable, qui me fait mal physiquement, me donne la nausée, me fait perdre pied et m'effondrer en gros sanglots, quand c'est possible, et ravaler mes larmes le reste du temps. 

Un truc insensé qui cherche ta présence tout le temps, me balance à la gueule tellement de souvenirs magnifiques, et puis tu es partout, depuis que je vis ici, dans chaque pas que je fais dans la rue, dans chaque détail de ma maison. Un truc qui me retourne le cœur dès qu'on me parle d'amour, de sexualité, de famille, de liens brisés, d'incompréhension, de solitude, et je suis payée à ce qu'on m'en parle tout le temps.

Et il y a les premiers secours envoyés par les amis. Celui qui dit, cet homme ne peut pas vous rendre cela, et faire vivre cet amour avec un minimum d'équilibre et de réciprocité entre vous deux, et il le sait. Ses colères sont en fait tournées vers lui-même, car il se sait impuissant à changer. Cette autre qui évoque la petite fille qui tambourine devant la porte d'une mère effondrée - ce n'est pas qu'elle ne t'aime plus pourtant, c'est qu'elle n'est pas en capacité de manifester son amour. Celui-ci encore, qui m'écrit, Arrête de voir des belles choses dans les failles des autres, arrête ! Et cet autre qui me transmet un article qui au titre évocateur, Rescuing the rescuer.