Et puis le lendemain, je suis partie avant le jour à Strasbourg, pour une audience avec le juge des tutelles dans l'EHPAD où réside désormais mon père. Là aussi, mission accomplie, nous les enfants prenons la main... mais tout était trop pour mon coeur, la désorientation si visible de Gene, les larmes de Clara essayant de dire à notre père que celle-ci n'est plus en état de prendre soin de lui, la colère rentrée de Cyril - sa façon à lui de gérer son anxiété je pense..
Et surtout le regard perdu de Patrice, incapable de répondre à une question du juge, puis prenant lentement conscience, après le départ de celui-ci que quelque chose s'est passé - quelque chose dont il ne saisit pas les enjeux, mais dont il interprète que ce ne peut être que contre lui... ses derniers mots auront été l'expression de sa déception, il s'est fermé, nous l'avons raccompagné non sans mal dans le service.
J'ai souri tristement à l'aide-soignante qui l'a aidé à s'installer à table, elle m'a dit, vous avez le même sourire que votre papa - il y a eu un éclair de douceur dans ce mot spontané, et l'idée que peut-être alors, il lui arrive encore de sourire.